06/03/03 (B187) Mohamed Qayaad réagit à la lettre du Sergent Ariko.

C’est avec étonnement,
pour ne pas dire plus, que j’ai pris connaissance de la chronique d’Ariko
au sujet de l’UAD.

Passe encore qu’ Ariko ressasse, à destination des lecteurs de l’ARDHD,
les arguments mercantiles par lesquels il tente de justifier son point de
vue à l’égard de ladite opposition.

Bien que ces arguments n’aient convaincu ni les lecteurs de l’ardhd qui manifesteront
leurs réserves,ni les militants de l’UAD,Ariko affirme sans sourciller
que sa démarche  » a reçu l’approbation, claire et nette,
des lecteurs de l’ardhd « …

A ses yeux, en effet, Dini/DAF sont de grands enfants – qu’il s’arroge le
droit de sermonner solennellement :  » (…) il est un dogme  »
beuveméryen  » que L’UAD doit garder à l’esprit, à
l’heure où certains de ses membres s’impliquent dans des activités
militantes : il s’agit du nécessaire refus, par les opposants, de tout
engagement partisan. C’est la première garantie d’indépendance
qu’il (Ariko) doit à ses lecteurs « .
Ainsi, sympathisants et  » Amis de l’UAD « , premiers garants de l’indépendance
de leur parti, sont invités à se méfier des  » activités
militantes  » de certains d’entre eux : sans doute faut-il leur préférer
les activités mondistes ou mondaines…

Quant au refus de l’engagement
partisan – dans un parti, pour un parti, pour un parti-pris ? On ne sait,
mais qu’importe ! -, il permet au sergent Ariko de faire passer tout désaccord
politique pour un engagement pernicieux.

Quelle est cette opposition qui pourrait menacer le GED? Quel est ce clone
qui rôderait dans les couloirs de ce gouvernement illégitime?(juridiquement
parlant). Le grand  » surveillant  » Ariko sait fort bien qu’il n’existe
pas. Alors pourquoi cette perfidie ?

A lire la  » chronique  » d’Ariko, on ne peut que rester confondu
devant une telle profession de mauvaise foi, s’agissant de la critique d’un
homme qui n’a de cesse de transgresser les principes qu’il prétend
imposer aux autres.

Tour à tour,Ariko va utiliser la séduction par la personne et
le recours à la peur.

Le recours à la
peur est patent lorsqu’il parle de MM DINI/DAF,nous sommes en face d’une véritable
entreprise de désinformation,c’est à dire de cadrage menteur.

Qui surtout, s’est intéressé au sort de la famille de DAF,
ses biens spoliés ? aucune estimation avancée. Aucun mot n’a
été prononcé pour rendre le moindre hommage, exprimer
le moindre regret, ô combien symbolique ! à sa famille, ses proches
déçus dans tous leurs espoirs, plus que jamais écrasés,
dominés, d’une impudente simplicité, du sabre et du goupillon.

Il ne s’agit pas
de faire de l’angélisme, de nier ses défauts, mais de noter
pourquoi un tel harcèlement contre un « délinquant »
? Est-il dangereux pour le peuple djiboutien ? J’en doute fort…
La vérité est ailleurs…

Enfin, que nous apprennent-elles,
les grandes histoires religieuses et littéraires ? Une vérité
est la même vérité.

Cet homme ô combien
courageux ! fait voir trop la vérité, démasque trop souvent
les actes de ministres larbins et trop facilement.

Ariko reprend alors,sur
le mode de la répétition, je le cite :
Grâce à vous, membres de l’opposition, Guelleh peut dormir
tranquille à l’ombre de son Palais et il n’a pas à envoyer la
FNP à chaque fois qu’il est informé d’une réunion de
l’opposition. Il n’y en a pas, ce qui lui simplibie singulièrement
les choses.

Les thèmes déja
utilisés par le pouvoir en place.Une analyse sémantique du langage
utilisé par Ariko pour qualifier les prises de position des opposants
à l’ordre dictatorial établi peut révéler un autre
mécanisme idéologique assez subtil.

Il n’est pas rare d’y
voir qualifié l’opposant d’extrémiste ou d’y constater
une assimilation des protestataires à une bande de délinquants.

Encore plus couramment,une
opposition est facilement contextualisée à l’aide de termes
comme émeute, conspiration, rebelles, violence, minorité,
agitation
etc…On en arrive ainsi à associer inconsciemment l’opposition
à de l’illégitime et de l’inquiétant alors
que l’ordre est défini comme légitime et rassurant.

En structurant l’information
à partir de la dichotomi e légitime / illégitime,son
discours ne favorise de prises de position plus nuancées.

Cela définit donc
une problématique le plus souvent simplificatrice et stéréotypée,ahistorique
et dichotomique, à l’intérieur de laquelle les individus récepteurs
des messages sont amenés à se situer et à se représenter
les mécanismes de décision politique de leur société.

L’usage de la répétition
est très flagrant chez le sergent car cela crée de toutes pièces,artificiellement
du seul fait de ce mécanisme,un sentiment d’évidence.

Le peuple djiboutien est
en colère. Le pouvoir savait aussi, à l’avance que la grogne
se propageait du Héron jusqu’à Balbala. Mais il n’en avait cure,
car il savait bien qu’aucun membre de l’opposition déclarée
ne se mettrait en travers du pouvoir de Guelleh.

Ce qui nous (les internautes)
parait étrange et sans fondement la première fois-parce que
non argumenté- finit par paraitre acceptable,puis normal,au fil des
répétitions.

Cette technique crée
l’impression que ce qui est dit et répété à quelque
part,très en amont,été argumenté.

La répétition
fonctionne sur l’oubli que l’on n’a jamais expliqué ce qu’on répète.

Elle crée un état
de fatigue mentale,qui est propice à l’assujettissement à la
volonté de celui qui exerce cette publicité tapageuse.

La manipulation de la
parole,là comme ailleurs,progresse en instaurant d’abord un renouveau
de la parole.

Aux nouveaux messianismes
guelliens,évoqués plus haut s’ajoutent les tentatives de renouveau
identitaire,qui visent à dissoudre l’idée de citoyenneté
et à la remplacer par une appartenance »ethnique » toujours
fantasmée.

L' »identité
 » est souvent inventée de toutes pièces,parfois même
consciemment,en vue de construire des « communautés argumentatives »
le plus souvent excluantes.

Certains cherchent aujourd’hui
à nous convaincre que l’on est d’abord « d’une ethnie »ou « sous
clan »,et cela dans notre pays qui avait construit,pour reprendre l’expression
de Dominique Schnapper,une »communauté de citoyens ».

C’est pourquoi sa vertu
virtuelle réside dans une certaine ambiguité qui permet à
chacun de projeter le plus librement possible ses propres aspirations.

Ariko est celui qui veut
convaincre qu’il est le bon alors qu’il n’a pas compris que le salut des hommes
se joue dans leur aptitude à prendre conscience qu’ils vivent dans
l’illusion et sont en possession d’un savoir trompeur qui les détourne
de leur tache véritable.

Pour cela,il va faire
croire à l’auditoire,par différents stratégies,qu’il
pense comme lui-Mieux:s’adressant à plusieurs auditoires particuliers,il
va faire croire à chacun d’eux qu’il pense comme eux.

Ce séducteur n’est
pas un déducteur,il n’affirme pas son point de vue propre,il se coule
dans le point de vue d’autrui.Comme le dit joliment Bellenger, » séduire
c’est mourir comme réalité et se produire comme leurre ».

Difficile ici d’évaluer
la sincérité de ce discours d’Ariko tenu dans l’espace public,quand
on sait par ailleurs le peu de caractère humanitaire de ces propos
tenus sur l’UAD (cf sa réponse),nous serions dans l’épure d’une
séduction démagogique où l’orate ur va dans le sens d’une
partie du public sans partager pour autant l’opinion qu’il défend,afin
d’en attirer les bonnes graces sur sa personne.

Là est sans doute
le principal effet pervers de la manipulation chez « Ariko »,qui pousse
à la méfiance et à la mise en doute systématique
de la parole d’autrui.

Cet effet de la manipulation
est fortement discriminatoire.Entre les plus faibles qui se laissent influencer
(et chacun d’entre nous à une part fa le) et les plus forts qui savent
décoder les situations auxquelles ils sont soumis,toute classe moyenne
se protège d’une influence qu’elle percoit dans son intention,mais
qu’elle ne comprend pas dans ses procédés .

Mohamed
Qayaad