12/08/04 (B259) Communiqué de SURVIE pour protester contre la venue des dictateurs – Chefs d’Etat africains, à l’occasion du 60ème anniversaire du débarquement en Provence.

Paris, le 11 août
2004

Toulon spécial
15 août : nos « amis » les dictateurs débarquent
!

60 ans après le
débarquement, la France est toujours libre. Les populations des anciennes
colonies françaises, elles, peinent encore à démonter
les rouages de la tutelle et s’interrogent sur leurs « alliés
».

Denis Sassou N’Guesso,
Zine Ben Ali, Gnassingbe Eyadema (*) …, c’est entouré d’une
belle brochette de dictateurs africains que Jacques Chirac s’apprête
à célébrer le 60ème anniversaire du débarquement
de Provence et la « liberté et [l’] honneur » retrouvés
par la France, dimanche 15 août à Toulon.

Cynisme ? Provocation
? Imperturbable « bonne conscience » hexagonale plutôt : l’amie
des dictateurs n’a pas d’état d’âme. Cette cérémonie
présentée comme « un symbole de fraternité et d’universalité
», est un affront fait par notre pays aux millions d’Africains
qui subissent encore son joug néo-colonial et celui des tyrans qui
comptent parmi ses proches.

Il est certes temps que
la France reconnaisse devant l’Histoire combien les troupes coloniales,
et leurs compatriotes restés au pays (qui ont fourni une part considérable
de « l’effort de guerre ») ont payé un lourd tribut
à la libération de l’Europe. C’était déjà
le cas en 14-18 : les tirailleurs étaient sacrifiés par milliers,
tandis que l’économie coloniale approvisionnait une métropole
exsangue, condamnant les populations « indigènes » (selon
la terminologie de l’époque) à produire toujours plus pour
le salut de l’Empire .

Pourtant, le sens donné
aujourd’hui par le Président français au sacrifice de ces
soldats et de leurs parents –une prétendue fidélité
sans faille au drapeau tricolore– occulte la soif de liberté et
d’indépendance qui animait alors les colonies françaises,
confrontées à l’affaiblissement et à l’humiliation
de leur puissance tutélaire. Si celles-ci se sont bien battues pour
la liberté de la lointaine Europe – elles n’avaient pas vraiment
le choix – elles l’ont aussi fait pour leur propre libération,
dans l’espoir que les puissances coloniales sachent s’en souvenir.

Le combat pour l’émancipation
des colonies Françaises d’Afrique a été long et
meurtrier. Il a mené à une indépendance aussitôt
confisquée, au début des années 60, par le Général
De Gaulle (dont le porte-avion destiné à accueillir la cérémonie
de dimanche porte le nom) en connivence avec ses « protégés »
africains.

Depuis lors, les fantassins
du néocolonialisme n’ont cessé de débarquer en nombre
sur le continent noir avec leur contingent d’hommes d’affaires louches,
de multinationales prédatrices, de barbouzes, de conseillers occultes
en campagnes électorales… toujours en harmonie avec ces hommes
politiques africains[1] adoubés ou installés à la tête
d’Etats clients dont le seul secteur économique organisé
est resté celui du détournement de la rente.

Aujourd’hui ce sont
bien ces despotes, bourreaux de leur peuple, que Jacques Chirac a choisi d’honorer,
en lieu et place des africains, combattants de la liberté, auxquels
la France doit tant.[2]

Il est pénible
en ces circonstances de ne pouvoir compter sur la plus haute autorité
de l’Etat pour faire honneur à la République Française,
à ses principes, à son devoir de mémoire et de reconnaissance
pour ceux qui les ont défendus. Nous en avons l’habitude. Nous ne nous
y résoudrons jamais.

(*) La liste est
longue mais Guelleh n’est pas oublié par SURVIE …. !

En mai dernier, Survie
a lancé une nouvelle campagne contre le soutien de la France aux dictateurs
africains (documents et calendrier des événements disponibles
sur le site de l’association)