08/02/05 (B284) L’HUMANITE / Balises / Zoom – Affaire Borrel, sous la plume de Jean Chatain (Info lecteur)

Les « pressions
» du Quai

L’avocat de la veuve
du juge français Borrel, dont les conditions de la mort en 1995 à
Djibouti sont plus que controversées, a annoncé hier sur RTL
son intention de porter plainte contre le porte-parole du ministère
des Affaires étrangères pour pression sur la justice.

Me Olivier Morice a déclaré
qu’il ne comprenait pas comment le Quai d’Orsay, qui par définition
n’est pas chargé d’instruire ce dossier, souligne dans un
communiqué publié le 29 janvier ce que son porte-parole appelait
« l’excellente collaboration des autorités et de la justice
djiboutiennes » et assure qu’« une copie du dossier (d’instruction)
sera prochainement transmise à la justice djiboutienne »…

Huit ans après
avoir conclu à un suicide, la justice de Djibouti a nommé un
juge d’instruction pour enquêter sur la mort en 1995 de Bernard
Borrel, qui fait l’objet en France d’une enquête privilégiant
la thèse de l’assassinat. Le juge djiboutien, désigné
le 20 octobre 2004, a délivré une commission rogatoire internationale
réclamant la copie du dossier d’instruction français.

Rappelant qu’«
il existe en France un principe fondamental qui est la séparation des
pouvoirs », Me Morice considère « être en présence
d’une affaire d’État et confronté à un scandale
politique puisque le porte-parole du Quai d’Orsay devra répondre
devant la justice française d’une ingérence tout à
fait intolérable ».

De son côté,
le Syndicat de la magistrature a dénoncé « une nouvelle
immixtion inadmissible de l’exécutif dans le cours de l’instruction
». Accusant le Quai d’Orsay de chercher à freiner la procédure
en France, il a en outre alerté le Conseil supérieur de la magistrature,
qui veille à l’indépendance des magistrats, sur «
cette attitude inadmissible des autorités françaises ».

Jean
Chatain