30/03/07 (B388-B) LIBERATION : Mogadiscio sous le feu de l’armée éthiopienne.

Alliés
des forces somaliennes, sept soldats ont été tués par
les miliciens islamistes.

Par Christophe AYAD

La bataille de Mogadiscio a commencé.

L’armée éthiopienne et les troupes somaliennes ont engagé
des moyens lourds pour reprendre le contrôle de la capitale, dont des
portions entières sont sous le contrôle d’insurgés, principalement
des miliciens des Tribunaux islamiques déchus en décembre. Les
combats, très durs, ont fait 22 morts pour la seule journée
d’hier, dont sept Ethiopiens.

Les cadavres de deux d’entre eux ont été traînés
au bout de cordes par des habitants du quartier de Shirkole. Non loin de là
gisaient cinq corps en uniforme éthiopien tandis qu’un véhicule
militaire se consumait.

A l’aéroport de Mogadiscio, un avion militaire éthiopien a évacué
une dizaine de soldats blessés.

C’est la première fois que des militaires éthiopiens
sont ainsi tués et traînés en public dans les rues de
Mogadiscio depuis leur victoire éclair de décembre.

Ces scènes rappellent étrangement le fiasco de l’équipée
humanitaire des années 90. Quelque 28 000 Casques bleus, dont plus
de 15 000 Américains, avaient débarqué en Somalie en
décembre 1992 pour tenter de mettre fin à la destruction et
au racket orchestré par les chefs de guerre qui venaient de renverser
le dictateur Siad Barré.

L’accumulation de maladresses et d’incompréhensions avait débouché,
dix mois plus tard, sur la tragique journée du 3 octobre 1993, relatée
dans le film la Chute du Faucon noir de Ridley Scott, durant laquelle 18 soldats
américains avaient trouvé la mort. Deux hélicoptères
de combat américains avaient été abattus.

Justement, pour la première fois, l’armée éthiopienne
a eu recours à des hélicoptères de combat, hier à
Mogadiscio. Des Mi24 ont lâché des salves de roquettes en pleine
ville. Des chars sont aussi entrés en action. Un tir de mortier a atteint
un réservoir de carburant, provoquant un énorme incendie dans
lequel ont été pris un gardien et un propriétaire de
camions. Selon la station de radio privée Shabelle, onze civils ont
été tuées par des balles perdues et deux chars ont été
détruits. L’hôpital Al-Medina, le principal de la ville est débordé.

Le gouvernement somalien et ses alliés éthiopiens avaient négocié
le week-end dernier un cessez-le-feu avec le clan Habr Guedir, majoritaire
dans la capitale.

Les islamistes en avaient été exclus. «L’opération
militaire durera jusqu’à ce que les objectifs soient remplis […].
Elle cessera immédiatement quand il n’y aura plus de miliciens et de
fauteurs de troubles», expliquait hier un haut responsable éthiopien.
Il y a toutes les chances qu’après un tel assaut, la population, déjà
hostile à la présence éthiopienne, vienne grossir les
rangs des insurgés.

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Libération