28/04/05 (B295) Contribution contre le tribalisme, ses excés et les combats d’arrière-garde (Lecteur)

UN ETAT, UNE NATION

Djibouti est traversé par des problèmes qui prennent souche dans la coexistence sur un même territoire de clans et de cultures différentes.

Petit pays façonné par l’empire colonial français où un siècle d’exploitation la plus rationnelle a laissé le pays exsangue, sous la bannière artificielle et théorique de la République de Djibouti et d’un dosage clanique mise à toutes les sauces.

Djibouti devrait entreprendre de régler l’éternel et récurrente question qui se pose dans toutes les sociétés composites, celle de la tolérance et du respect de l’autre. Tolérance des us et coutumes, de son ougass, ou de ses sultans. Nous sommes issus d’un métissage historique et nous devons mettre au point des modalités pratiques de vie commune. Gageons par exemple

Que, si la communauté Afar prenait la décision d’introduire la Langue afar dans nos manuels scolaires personne ne s’insurgerait contre cette revendication.

Sur ce territoire exigu, la cohabitation a été rendue possible en dépit de tout ce qui nous séparait, des oppositions, des conflits et des rivalités de toutes sortes, dont le pouvoir a joué et abusé.

Au fil du temps, nos frères et sœurs éthiopiens ont dorloté nos enfants, préparé nos repas, et assurré l’entretien de nos maisons.

De même toutes les communautés étrangères ont joué leur rôle : nos frères somalilandais, à la sueur de leur front, sont venus bâtir le port de Djibouti.

Au fil de l’évolution de notre société, nous jubilions de voir ces africains des grands lacs prendre place dans l’enseignement et décidé de prendre racine au sein de la diaspora, définitivement, pour la plupart

La présence d’arabe yéménite, par leur efficacité, nous enchante.

Tout autant que le hasard des migrations de populations qui nous a permis de récupérer un hindou, un Omanais, ou un Européen qui embrasse notre pays, l’adopte, sans s’y fondre, et qui respecte nos traditions et nous reconnaît comme son égal.

Certes cette société, multiple dans ces composantes, a su faire la distinction entre les niveaux de métissage, inventant une subtile graduation, très peu scientifiques, qui tient plus de critères en cours à Djibouti-ville, que d’une tentative de diviser la société en Castes.

Cela n’est-il pas suffisant pour revenir a juste raison et pour dénoncer ces attitudes et la pléthore de déclarations de nos intellectuels, politiciens et autres bavards pourvoyeurs de libre opinion dans les colonnes de leurs journaux, où les clans sans état se distinguent ?

Leurs laisser ces tentatives de revanche ‘’historique’’ou adopter de telles attitudes, l’enjeu est trop important à long terme. Cela supposerait que nous ne sommes pas prêts à construire un pays, à constituer une nation tournée vers l’avenir. Que nous sommes incapables de mettre une croix sur le passé, non pas pour oublier notre histoire, ni nos traditions, mais pour ne plus se sentir enfermés par la pesanteur des querelles historiques et pour donner un corps et un sens au concept de la Nation djiboutienne. L’enjeu est là !

Pour comprendre ce que nous voulons exprimer, Nelson Mandela, dans les geôles sous l’apartheid a su accorder le pardon pour le pire qui a pu pour le pire qui a été commis contre son peuple.

Nous n’avons plus d’autre choix que de nous aimer comme des frères, non pas sur le fondement de nos institutions qui demandent le partage équitable du pays, mais dans le recours aux valeurs fondamentales de la civilisation auxquelles chaque nation doit légitimement aspirer, assurant la cohabitation pacifique et respectueuse de la diversité de nos cultures, de nos traditions et de nos héritages.