12/08/05 (B311) Dans le cadre de la préparation de l’audience du 18 octobre, qui aura à statuer sur la plainte en diffamation du Général Zakaria à l’encontre de l’ARDHD, nous avons interrogé certains témoins, parmi tous ceux qui se sont proposés pour déposer.

Un membre de l’équipe de l’ARDHD a interviewé Ali Iftin et Mohamed Alhoumekani, qui ont accepté de répondre.

ARDHD : MM Iftin et Alhoumekani : d’abord merci d’avoir accepté cet entretien dont le contenu sera publié sur le site de l’ARDHD. Pourriez-vous nous confirmer que vous viendrez bien témoigner le 18 octobre au Palais de Justice de Paris dans le cadre de la Plainte déposée par le Général Zakaria contre notre Association ?

Ifitn et Alhoumekani : certainement, nous vous confirmons que nous serons présents ce jour-là et que nous témoignerons sur les faits dont nous avons eu connaissance à Djibouti. Nous tenons aussi à préciser que nous considérons que l’ARDHD joue un rôle capital en faveur de la Liberté d’expression des Djiboutiens et qu’il est de notre devoir d’être à ses côtés ce jour-là. Sans l’ARDHD, les Djiboutiens démocrates qui sont muselés dans leur pays, ne pourraient pas faire connaître au monde entier la situation d’asservissement et d’humiliation qu’ils vivent quotidiennement.

ARDHD : Donc vous confirmez que vous témoignerez en faveur de l’ARDHD ?

I et A : ce n’est pas en faveur de l’ARDHD. C’est en faveur de la vérité et cela dépasse largement le cadre de ce procès. Il semble que l’on reproche à l’ARDHD d’avoir publié des écrits que le Général Zakaria considère comme diffamatoire à son endroit. Il appartiendra à la Justice française, que nous respectons énormément, de se prononcer sur la réalité de ces écrits, dont nous n’avons pas eu communication.

ARDHD : que voulez-vous dire par cela ?

I et A : c’est simple. Nous connaissons bien le mode de fonctionnement de l’ARDHD, qui est une association constituée de français, sans ambition politique à Djibouti. La majorité des articles publiées sur le site émanent de nos compatriotes qui, je le rappelle, trouvent un support accueillant, crédible et de grande notoriété pour exprimer ce qu’ils ressentent. Dans cette configuration, l’ARDHD se contente de publier ces articles au nom des auteurs qui s’adressent à elle.

ARDHD : mais l’ARDHD ne publie pratiquement jamais l’identité des auteurs et la Justice pourrait considérer qu’elle est responsable des textes.

I et A : c’est peut-être vrai sur un plan strictement juridique, mais si l’ARDHD ne publie jamais ses sources, c’est uniquement pour protéger les auteurs et surtout leurs familles qui sont restées au Pays. Le régime et en particulier la SDS ne manquent jamais d’inquiéter, d’interroger, voire de torturer les membres de la famille des auteurs qui vivent à Djibouti, dès qu’ils parviennent à les identifier. La première sanction étant la perte de leur emploi pour les chefs de famille et la misère qui suit immédiatement pour l’ensemble de leurs proches. Nous savons, quelles que soient les conséquences judiciaires, que le Président de l’ARDHD a refusé catégoriquement de dévoiler ses sources lors de l’instruction.

ARDHD : revenons au fond. Qu’allez-vous déclarer dans votre témoignage ?

I et A : vous comprendrez que nous ne puissions pas vous en donner le détail avant le procés, qui sera largement médiatisé, comme chacun peut l’espérer et que nous réservions la primeur de nos déclarations aux magistrats français. Ce que nous pouvons vous dire aujourd’hui, c’est que nous avons énormement de choses à déclarer à la Justice française sur les malversations dans l’Armée, les injustices et les crimes contre l’humanité qui ont été commis par certains de nos officiers généraux dont le Général Zakaria fait partie. Nous avons des preuves à produire et nous sommes persuadés qu’il devra répondre personnellement des accusations que nous pourrions porter.

Il ne faut pas oublier que c’est lui qui a déposé plainte auprès de la justice française et qu’il devra probablement assumer sa responsabilité personnelle, même si à notre avis, cela pourrait dépasser rapidement le cadre de la diffamation, pour aboutir à de possibles plaintes pour crimes contre l’humanité … Devra-t-il alors venir à Paris pour s’en expliquer ? Ou adoptera-t-il l’attitude de ses chefs qui ont préferé « se terrer » à Djibouti en ne se présentant pas aux convocations. Chacun sait bien qu’il n’agit que comme le serviteur du Président et non comme l’un des Chefs impartial de nos armées, en charge d’assurer la défense du pays.

ARDHD : Messieurs je vous remercie pour ces informations. Une dernière question si vous le permettez. En tant que membre de l’équipe dirgeante du GED, comment se fait-il que nous n’ayez rien fait publier sur votre site Internet.

I et A : il ne faut pas confondre les choses. Le GED est un vaste mouvement d’opposition djiboutien. Les objectifs du GED sont clairs et connus : il s’agit de regrouper au sein d’un mouvement national, toutes les forces et les bonnes volontés qui souhaitent mettre un terme à la tyrannie et à la dictature par des moyens légaux et démocratiques. Le GED n’a pas pour vocation de s’exprimer sur des faits criminels ni même d’essayer de les récupérer à son profit : ses objectifs et ses moyens sont politiques, ce qui est différent.

En revanche, nous ne pouvons pas ignorer le fait que certains membres très haut placés dans la hiérarchie dictatoriale soient directement ou indirectement impliqués personnellement dans des affaires criminelles : affaire Borrel ou différentes affaires pénales, comme cette plainte, qui n’est que la partie immergée de l’iceberg. Nous agissons à titre personnel, parce que cela est notre devoir, en faveur de la vérité, de la Justice et de la reconnaissance des responsabilités de chacun.

Le jour venu, le GED aura peut-être à tirer les conséquences de la situation qu’il constatera alors et son Conseil prendra les décisions qui s’imposeront.