23/12/05 (B330) LDDH : dans la série « Devoir de mémoire », publication de deux discours du regretté Cheiko, disparu lui-aussi dans des circonstances mystérieuses …


Le Président

DEVOIR DE MEMOIRE

CHEIKO, HOMME POLITIQUE,
HOMME DE TERRAIN, LORS DES MANIFESTATIONS PACIFIQUES,
DEFENSEUR EN PREMIERE LIGNE, …

REGRETTE CHEIKO TON ŒUVRE
EST DANS NOS CŒURS.

Djibouti, le 23 décembre 2005

REGRETTE CHEIKO TON ŒUVRE EST DANS NOS CŒURS.

Afin d’encourager la diaspora djiboutienne et les historiens africains en particulier ceux de la Corne de l’Afrique de constituer des dossiers historiques sur la lutte contre les injustices, ce depuis de très longues années, il semble opportun de publier au fur à mesure les documents reçus.

C’est dans cet esprit qu’il est important de mettre en relief ces deux écrits du regretté Cheiko pour les raisons suivantes :

– la première est conforme au combat pour la prévention des conflits ; (quelques mois après le conflit armé avait éclaté)

– l’autre est conforme au devoir des Défenseurs des Droits de l’Homme de dénoncer courageusement toutes les exactions des forces armées, des forces de répressions. (Les répressions sanglantes continuent encore en République de Djibouti et les défenseurs des droits humains continueront à dénoncer toutes ces tueries)

M. NOEL ABDI Jean-Paul

PS
Dans son discours quatorze (14) années après l’indépendance pour laquelle Cheiko avait si courageusement œuvré en tant que membre fondateur de la LPA avec le regretté Omar Kamil Warsama (Omar Agoon), le regretté Ahmed Dini Ahmed et le regretté Ibrahim Harbi ; le regretté Cheiko avait dénoncé le dépassement « de la limite naturelle » et le conflit éclata à cause des répressions et de l’entêtement de l’équipe au Pouvoir de continuer à dépasser la limite naturelle.

Quatorze (14) années après le massacre d’Arhiba du 18 décembre 1991 les risques du dépassement de la « limite naturelle » sont encore présents sous pratiquement toutes ses mêmes formes.

Il est temps de mettre fins à la politique de dictature sournoise et à ses « transgressions » inadmissibles et intolérables

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DJIBOUTI I.E 2/03/1991′

Monsieur le Président
Monsieur les Congressistes
Mesdames et Messieurs

Faire des discours devant un Congrès appartient en priorité à ceux qui ont à faire la description ou l’énumération de réalisations effectuées ou entreprises ; ou à ceux qui ont à formuler des directives ou des promesses de ce qui sera réalisé ou entrepris dans l’avenir.

Ne faisant pas partie de cette catégorie des discoureurs ma présence à cette tribune a pour objet une simple et courte intervention à laquelle me donne droit le Titre II de la loi du 24 octobre 1981 publié au Journal Officiel du 27 décembre 1981.

Mon intervention consiste d’abord à rappeler que la République de Djibouti est âgée de 14 ans – 1977- 1991

14 ans, c’est l’âge de la puberté où l’enfant sort de l’enfance par le pouvoir biologique d’engendrer un enfant.

Le Pouvoir donne la responsabilité, la responsabilité conduit à la maturité. Et la maturité procure la majorité légale. C’est pourquoi l’Islam, notre religion a fixé à 14 ans l’âge de la majorité légale.

La République de Djibouti qui a 14 ans est donc majeure. C’est à dire que le peuple de cette République est lui aussi majeure. Il ne doit plus être maintenu en état de minorité, c’est à dire d’infériorité par le carcan du Parti Unique comme l’orphelin que le tuteur empêcherait d’exercer sa responsabilité et son droit malgré le fait qu’il a atteint l’âge de majorité légale.

Il a été démontré partout dans le monde que le Parti Unique comme était le contraire de la Démocratie, l’antithèse de l’Unité Nationale et l’obstacle majeur au développement économique ; Il ne peut pas être différent ici de ce qu’il est ailleurs.

Le Parti Unique, c’est aussi la capture en douce d’un peuple et l’accaparement d’un Pays par une organisation qui s’approprie l’Etat.

Lorsque qu’un peuple n’accepte pas de rester définitivement captif d’un parti unique, il cherche d’abord à s’en libérer par des négociations comme c’est le cas maintenant chez nous. Et par la suite, lorsque les discussions n’ont rien donné, le peuple capturé cherche à s’évader de son état de captif. La répression que le Parti Unique oppose à cette tentative d’évasion provoque la résistance et l’affrontement. C’est ce type d’enchaînement inéluctable qui a donné lieu dans certains Pays voisins et d’ailleurs à des évènements qui ont gravement affecté la vie et l’existence de gens dont certains nous rassemblent à maints égards et avec lesquels pour certains nous avons des liens de parenté. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il est dangereux d’ignorer certaines limites naturelles. L’une de ces limites majeures, c’est la reconnaissance aux autres des droits dont on jouit soi-même.

Lorsqu’un groupe d’hommes s’appuyant sur des droits et exerçant des libertés valables pour tous a créé une organisation politique prétend de nier ces mêmes droits et interdire l’exercice de ces mêmes libertés aux autres en se proclamant « Parti Unique », il transgresse une limite naturelle.

Lorsque qu’un groupe d’hommes s’appuyant sur des droits et exerçant des libertés valables pour tout le monde brigue les suffrages de ses concitoyens pour occuper des fonctions officielles électives et une fois installé décrète que plus personne ne s’appuiera sur ces mêmes droits et n’exercera ces mêmes libertés en se proclament « Liste Unique » il transgresse une limite naturelle.

Lorsque les dirigeants d’un Parti Unique « élus » de la liste Unique décrètent (voir le rapport du Secrétaire Général au 3ème Congrès 2et 3 mars 1985) qu la priorité de nomination aux emplois est réservée seulement à leurs partisans, ils transgressent une limite naturelle par ce déni de droit à la vie à l’égalité des citoyens.

Ces transgressions de limites naturelles ne peuvent profiter durablement aux transgresseurs parce que la nature leur oppose une dernière limite infranchissable qui est celle de la durée.

Tous les partis Uniques partout dans le monde, au bout d’un certain délai supportable plus ou moins long ou bien ils se sont effondrés ou bien ils ont été contraint de régner par le sang. Au bout de ce délai supportable dont la longueur semble être fonction de la dimension du Pays considéré, la nature a fini toujours par punir les transgresseurs et d’humilier les orgueilleux qui ont osé se proclamer UNIQUES.

DIEU SEUL EST UNIQUE

Je termine en demandant aux dirigeants du Parti Unique de comprendre que 3 législatures – 15 ans de listes Uniques sous l’égide du Parti Unique, c’est un délai largement suffisant pour la petite République de Djibouti.

Il ne faut pas essayer d’aller plus loin, cela pourrait être dangereux parce qu’insupportable.

Le Congressiste
Le Député
Mohamed Ahmed Issa DIT « CHEIKO »

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DJIBOUTI LE 9 NOV 1992

LE FRONT UNII DE L’OPPOSITION
DJIBOUTIENNE

COMMUNIQUE DE PRESSE

ENCORE UNE FOIS LE CRIME D’ETAT A FRAPPE
DES INNOCENTS DE LA CITE D’ARHIBA.

DANS LA NUIT DU 8 AU 9 NOVEMBRE A 2H30 DU MATIN DES SOLDATS DE LA FORCE NATIONALE DE SECURITE (F.N.S) ONT OUVERT LE FEU SUR LA POPULATION.

LE BILAN ENCORE PROVISOIRE A FAIT UN MORT ABDOULKADER DAOUD MOHAMED ET UN NOMBRE NON ENCORE ARRETE DE DISPARUS (MORTS BLESSES ?) QUE LA POLICE A EMBARQUE AU MOYEN D’UN VEHICULE IMMATRICULE 1521 B POUR DISSIMULER L’IGNOBLE MASSACRE.

CETTE SINISTRE TUERIE PREMEDITEE, PERPETREE POUR LA TROISIEME FOIS EN MOINS D’UN AN DANS CETTE MEME CITE, INTERVIENT COMME PAR HASARD A 10 JOURS DE L’OUVERTURE DU DIALOGUE PRECONISEE PAR LE PRESIDENT GOULED.

MANIFESTEMENT LA LOGIQUE DE GUERRE PERSISTE ENCORE ET TOUJOURS DANS LES ARCANES DU POUVOIR.

LE FRONT UNI DE L’OPPOSITION DJIBOUTIENNE SOLIDAIRE ET COMPATISSANT AVEC LA POPULATION D’ARHIBA CONDAMNE FERMEMENT CET ACTE ODIEUX ET APPELLE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A FAIRE TOUTE LA LUMIERE SUR CES CRIMES D’ETAT, POUR PREUVE DE SA BONNE FOI QUANT A SA PROMPTE ADHESION AU DIALOGUE ET A LA PAIX.

NOUS SALUONS LA SAGESSE DE LA POPULATION DJIBOUTIENNE ET L’ENCOURAGEONS A PRESERVER SON SANG FROID FACE A CES PROVOCATIONS.

LE PRESIDENT DU FRONT UNI
DE L’OPPOSITION

MOHAMED AHMED ISSA (CHEIKO)