22/04/06 (B347-A) Le grand silence ! Que se passe-t-il ? Rien ??? Et si l’opposition nous préparait une grande surprise ? (Jean-Loup Schaal)

Après la récente période durant laquelle l’actualité était fort abondante, cette semaine a marqué un contraste : le silence sur tous les domaines. Il suffit de comparer le nombre d’articles dans nos denières éditions hebdomadaires avec celui du dernier numéro envoyé aux abonnés (B 346) pour mesurer la différence.

Certes il y a les vacances en Europe, mais cela n’explique pas le calme actuel. Nous sommes toujours fidèles au poste, mais nous ne recevons pratiquement aucune information depuis plusieurs jours, alors que nous étions habitués à un ryhtme soutenu, qui nous permettait de construire un véritable journal d’information. Est-ce le calme qui précède la tempête ?

Pourtant les sujets ne manquent pas (liste non exhaustive) :

1°) la menace de reconduite à la frontière de la famille d’Abdoulkader Guidar,
qui semble s’éloigner grâce à la grande mobilisation, en particulier des Brestois et qui devrait aboutir à l’annulation de l’arrêt de reconduite …

2°) l’affaire des quatre syndicalistes,
placés en liberté surveillée.
Puis l’expulsion des diplomates du BIT
et des représentants d’organisation internationale : FIDH, CISL, qui semble avoir été une nouvelle erreur grave commise par le régime de Guelleh,

3°) la dégradation des relations et de la confiance entre les Américains et Guelleh,
qui semble avoir été évoqué lors de la dernière conférence bi-partite de l’USAID à Djibouti,

4°) les suites du naufrage du boutre
à quelques encablures du port, qui a fait plus d’une centaine de victimes et de disparus, endeuillant de nombreuses familles djiboutiennes,

5°) la dégradation des relations de confiance entre Dubaï et Guelleh qui semblent avoir commencée.
Certains n’hésitent plus à dire que Dubaï pourrait renoncer à la construction et à l’exploitation du Port Conteneur …..

6°) la tension croissante entre Guelleh et l’Ethiopie.
Guelleh aiderait-il l’Erythrée en faisant transiter des Oromos par Djibouti, pour qu’ils suivent un entraînement en Erythrée ??

7°) l’affaire Borrel
qui devrait connaître des rebondissements dans les prochaines semaines, avec de nouveaux témoignages accablants pour Guelleh,

8°) le naufrage de la situation en Somalie
qui signe l’échec de Guelleh et de sa conférence d’Arta.

9°) la fraude électorale et la non-application des accords de mai 2001.

10°) l’opposition djiboutienne,
si l’on croit les rumeurs qui nous parviennent de différentes sources, qui aurait (enfin !) décidé de se réunir dans son intégralité pour évoquer la situation et étudier les moyens de mettre un terme à la dictature. Il semble que des conversations soient menées depuis plusieurs semaines pour parvenir à l’organisation d’une grande réunion à laquelle participeraient toutes les composantes de l’opposition djiboutienne.

Nous ne pourrions que soutenir une initiative de cette envergure. Il est grand temps que les opposants djiboutiens mettent en « stand by » leurs propres ambitions et qu’ils discutent, comme nous le demandons depuis plusieurs années, des objectifs prioritaires :

1 – Les conditions et les moyens pour licencier Guelleh et sa bande.

2 – définir un programme pour une période de transition :

  • remettre en marche l’économie djiboutienne et la justice,
  • recenser la population et les personnes qui remplissent les conditions pour être électeurs,
  • préparer des élections libres en réunissant toutes les conditions pour un débat public et libre, afin de permettre à chaque formation d’exposer sa vision et son programme et de donner aux électeurs un véritable choix conforme à leurs aspirations,

Sur la base d’un tel programme crédible et réaliste, il ne fait aucun doute que la communauté internationale pourrait étudier l’opportunité d’apporter son aide et son soutien. Actuellement, en particulier les Américains et les Français (dans une moindre mesure) ne sont plus des supporters convaincus de Guelleh. Que recherchent-ils au fond ?

Mais ils privilégient, avant tout, la stabilité institutionnelle à Djibouti !

L’opposition souvent muette et parfois même immobile, avec ses dissenssions, ses objectifs parfois contradictoires, ses luttes pour la prédominance et son manque de réactivité n’avait aucune chance de parvenir à convaincre la communauté internationale de sa capacité à assumer la conduite du changement et le redressement du pays. Donc elle n’a reçu aucun soutien ni aucune aide …

Une alliance et un projet acceptés de tous les opposants, pour la conduite d’une période de transition , constitueraient certainement des arguments crédibles pour convaincre les deux nations implantées militairement à Djibouti et plus généralement l’ensemble de la Communauté internationale.

Il ne faut pas être pessimiste : lorsque l’opposition se réveillera, Guelleh aura des soucis à se faire. Et les jours de son régime seront comptés.

Ne pas perdre le cap !

Les hommes politiques ne devraient jamais oublier les objectifs prioritaires de leur mission et de leur raison d’être. Avant de penser à gagner le pouvoir pour bénéficier de tous les plaisirs et tous les avantages de la fonction, leur raison d’être est d’assurer la vie collective et le bien-être de la Population ….

Aujourd’hui les Djiboutiens ont besoin de retrouver des conditions pour vivre dans la liberté et dans la paix et pour assurer les besoins matériels de leurs familles. Les hommes politiques ne devraient jamais oublier leur mission fondamentale.

Jean-Loup Schaal