28/10/06 (B367) Les défenseurs de Guelleh au niveau du Gouvernement ne lâchent pas prise. A preuve cet article paru dans Le Figaro Magazine qui tente de démontrer que la thèse du suicide est possible. Il reprend la majorité des arguments qui avaient été développés par Aref et Martinet dans une émission de la RTD. Qui l’a commandé (et financé ?) : le quai d’Orsay ou bien Me Spizner, l’avocat de Juppé, de Chirac, de Guelleh et de quelques autres dictateurs peu connus pour leur exceptionnelle moralité ? Mais les avocats ne sont pas responsables de leurs Clients ..
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Note de l’ARDHD
Détail
curieux : l’article aurait été actualisé selon le site,
le 28/10/06 à 19:18. Or nous en publions une copie disponible sur Internet
le 28/10/06 à 13:00 soit six heures avant la date anticipée
de son actualisation. Quand on veut trahir la vérité, il y a
souvent un détail oublié qui gache tout ..et qui jette le trouble
…
Le Figaro
qui avait été l’un des rares media, à l’origine de la
relance de l’affaire Borrel en publiant le témoignage d’Alhoumekani
ne ressortira pas grandi après la publication de ce document « sur
mesure » ou « sur ordre » … Mais il n’est pas à un retournement
près, pour faire plaisir au pouvoir en place …
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Extrait du site du Figaro
Actualité
| LE FIGARO MAGAZINE
Juge Borrel : le mystère de
sa mort s’épaissit
PAR AZIZ ZEMOURI
Publié
le 27 octobre 2006 – Actualisé le 28 octobre 2006 : 19h18
Bernard
Borrel a-t-il été assassiné ? Son épouse en est
persuadée, mais des témoins s’interrogent et penchent pour la
thèse du suicide. Enquête sur des incohérences troublantes.
Suicide
? Assassinat ? En octobre 1995, le corps du juge Bernard Borrel est retrouvé
à 80 kilomètres de la ville de Djibouti, gisant en position
foetale dans le Ghoubet al-Kharab, le gouffre du démon. Un beau panorama
que les croyances anciennes disent hanté et qu’aujourd’hui encore les
habitants de cette région d’Afrique de l’Est préfèrent
éviter. A l’époque, pour les Français qui ont côtoyé
ce magistrat intègre, il s’agissait d’un suicide. Son épouse
Elisabeth Borrel déclarait même, en réponse à une
question de la gendarmerie de Djibouti qui enquête à la demande
du procureur de la République : «Franchement, je ne sais pas
du tout pour quelles raisons il s’est donné la mort. C’était
son choix.» Une déclaration qui fait écho à celle
de Bernard Borrel lui-même, s’adressant à son épouse peu
de temps avant sa mort : «Je ne suis plus digne de toi», lui avait-il
lancé, énigmatique.
Dix ans
plus tard, après plusieurs expertises et avoir usé quatre juges
d’instruction français, la thèse du suicide semble abandonnée
par le juge parisien Sophie Clément. Elle vient de lancer deux mandats
d’arrêts internationaux contre deux hommes Awalleh Guelleh et Hamouda
Hassan Adouani, considérés comme les principaux suspects. Selon
Elisabeth Borrel, veuve du magistrat et juge elle-même, ils auraient
pu agir sur ordre du président Ismael Omar Guelleh. C’est la thèse
principale de son ouvrage Un juge assassiné, paru chez Flammarion.
Awalleh
Guelleh est pourtant depuis plus de vingt ans un ennemi de Ismael Omar Guelleh
(IOG), ancien chef de cabinet du président Hassan Gouled Aptidon auquel
il a succédé en 1999. Les deux hommes ont une histoire commune
mais dans deux camps opposés. Ce qui rend perplexe tout observateur
de bonne foi qui imagine mal qu’on recrute un adversaire pour tuer un juge
français. C’est peu dire qu’Awalleh Guelleh et IOG ne s’apprécient
guère. Awalleh Guelleh rejette la présence française
par les armes tandis qu’IOG est considéré comme indépendantiste
mais favorable à la France.
A l’époque
où les deux hommes s’affrontent, Djibouti demeure le seul territoire
de la région à échapper à l’influence soviétique.
Awalleh Guelleh est l’homme de main de Aden Robleh, fondateur d’un groupe
armé – le front de libération de la côte des Somalis (FLCS)
– d’obédience marxiste-léniniste, qui se rend coupable d’actions
d’éclat contre la France : l’enlèvement du consul de France
ou le détournement d’un car scolaire d’enfants français. Devenu
ministre du Commerce, Robleh cesse, pour un temps, les hostilités.
Mais peu à peu, il juge la fonction indigne de son rang et fomente
un coup d’Etat avec son homme de main Awalleh Guelleh contre le président
Gouled Aptidon. Nous sommes en 1985.
Attentat
au café de Paris
Deux
ans plus tard un autre homme va faire parler de lui : le Tunisien Hamouda
Hassan Adouani, impliqué dans l’attentat de L’Historil, ce café
appartenant au Français Alain Romani, fréquenté par des
militaires de L’Hexagone. L’explosion tue quinze personnes, mais le propriétaire
échappe à la mort.
Les mobiles
de l’attentat sont complexes. Le Tunisien Adouani est en fait en service commandé
pour la Libye qui veut se venger de la politique française au Tchad.
Lors
du procès, après trois ans d’instruction, Adouani revendiquera
son acte. Il sera condamné à mort. Les avocats des parties civiles,
français ou allemands pour la plupart, sont hostiles à la peine
capitale. Le Président commue la sanction en vingt ans de réclusion.
«Pour
les Djiboutiens, il était une sorte de Carlos», se souvient Me
Alain Martinet, avocat des victimes de l’attentat et militant des droits de
l’homme qui a bataillé en son temps contre la Grèce des colonels.
Lorsque
l’attentat du Café de Paris survient en 1990, la rumeur en attribue
la responsabilité, comme à chaque fois qu’un accès de
violence touche le pays, au fameux IOG.
L’enquête
confiée à un magistrat djiboutien et au juge parisien Roger
Le Loire (des Français sont touchés) aboutit à la mise
en cause de Robleh, le dirigeant du FLCS, qui revendique, sur l’antenne de
la BBC, la responsabilité de l’opposition dans cet attentat. C’est
un avertissement adressé au président Gouled Aptidon, mais surtout
à la France afin qu’elle cesse de soutenir, selon lui, «un régime
pourri».
Awalleh
Guelleh, l’homme de main de Robleh, avait été reconnu par un
militaire français et un Ethiopien. Ce dernier, par peur des représailles,
s’était réfugié à l’ambassade de France en Ethiopie,
voisine d’une centaine de kilomètres de Djibouti. Le juge Le Loire
lance un mandat d’arrêt contre Awalleh Guelleh, mais l’Ethiopie préfère
remettre le témoin à Djibouti et non pas à la France.
Mis en cause, Awalleh Guelleh sera défendu par Me Arnaud Montebourg.
Françoise
Rudetzki, présidente de SOS Attentats, partie civile dans le dossier
du Café de Paris, rappelle la mise en cause de IOG : «A l’époque,
l’hypothèse de son implication n’a jamais été démontrée.»
Le père
d’une des victimes françaises, un ancien gendarme, fait sienne la vérité
judiciaire : «Pour moi, le commanditaire était bien Aden Robleh.»
Borrel
en mission technique
A ce
moment-là, le juge Borrel était coopérant auprès
du ministre de la Justice djiboutienne. Il avait pour mission de participer
à la rédaction du nouveau code pénal et souhaitait créer
un conseil supérieur de la magistrature. C’est une mission purement
technique dont le ministre de la Justice peut le relever à tout moment
sans justification particulière. André Minana, commissaire du
SCTIP (service de coopération technique internationale de police) aujourd’hui
à la retraite, se souvient : «Bernard Borrel n’a jamais eu accès
à aucune information sensible. Il n’était chargé d’aucune
mission particulière sur le Café de Paris. Le juge Le Loire
et moi travaillions ensemble et c’est moi qui transmettais à Borrel
les commissions rogatoires quand le juge parisien avait des difficultés
à joindre quelqu’un. Borrel était un homme droit et rigoureux.
Il respectait à la lettre sa mission. Au SCTIP, nous avions des réunions
fréquentes avec la DGSE, la DPSD, la CIA pour faire le point sur le
terrorisme. On surveillait le Soudan et la montée de l’islamisme dans
la région. Nous n’avons jamais entendu parler d’un quelconque trafic
d’uranium. Et si cela avait existé, Bernard Borrel aurait été
le dernier à être mis au courant.»
Lorsque
le juge Borrel meurt en octobre 1995, Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani,
les deux hommes aujourd’hui suspectés par la justice française,
sont en prison. Ce n’est qu’en 1997, après quatre ans de détention,
que Awalleh Guelleh simule une maladie grave et s’évade. Le directeur,
tenu pour responsable, sera d’ailleurs condamné à un an de prison.
Pour mettre
en cause ces deux terroristes, le juge Sophie Clément s’appuie en fait
sur le témoignage d’un certain Mohamed Saleh Alhoumekani, ancien lieutenant
de la garde présidentielle de Gouled Aptidon. Il les aurait vus dans
le jardin du palais présidentiel avec Alain Romani, pourtant propriétaire
du café L’Historil et ancienne victime de Adouani, en compagnie du
chef des services secrets de Djibouti et tous se seraient félicités
alors, selon Alhoumekani, de la «mort du juge fouineur». Réfugié
en Belgique depuis 1998, Alhoumekani attend plus d’un an avant de faire «ses
révélations», le temps que la Belgique examine sa demande
d’asile. Quand la Belgique refuse de lui délivrer son permis de séjour,
Alhoumekani se souvient subitement de cette conversation dans le jardin présidentiel
de Djibouti.
Un témoignage
à prendre avec d’autant plus de précautions que, dans une affaire
incidente, le juge d’instruction Baudoin Thouvenot, en février 2002,
a clairement mis en doute les propos d’Alhoumekani : «Les investigations
menées dans le cadre des commissions rogatoires révélaient
de nombreuses invraisemblances et inexactitudes dans les déclarations
de M. Alhoumekani, ce dernier apparaissant par ailleurs, au travers de nombreux
témoignages recueillis comme un individu peu fiable.»
Expertises
contradictoires
De plus,
la présence d’Alain Romani à cette fameuse conversation de jardin,
et dont le nom avait été suggéré à Alhoumekani
par Elisabeth Borrel elle-même – elle le confirme dans son dernier livre
– est d’autant moins établie qu’il se trouvait à cette époque
à Saint-Denis de la Réunion. La signature d’un document au guichet
d’une banque l’atteste. Difficile d’être à deux endroits à
la fois !
Pour
étayer la thèse de l’assassinat, Elisabeth Borrel et ses avocats
se réfèrent aux deux dernières expertises, l’une effectuée
à la demande du juge Jean-Baptiste Parlos, qui a repris le dossier
en juin 2000, et l’autre par le magistrat parisien Sophie Clément.
Que
révèlent ces analyses ?
Elisabeth
Borrel et ses avocats détiennent selon eux la preuve qu’un assassinat
a bien été commis. En réalité, les résultats
de deux expertises médicales et de deux expertises toxicologiques ne
sont pas aussi formels. Les experts estiment que le suicide est l’hypothèse
la plus probable mais que le meurtre n’est pas à exclure. Quant à
celle remise à Sophie Clément, l’un des experts affirme au Figaro
Magazine : «Notre expertise renforce la thèse de Mme Borrel,
mais nous ne concluons pas à un assassinat. Nous apportons des éléments
dans un débat contradictoire.»
Proche
de Bernard Borrel, avec qui il fréquentait le Rotary Club, Daniel Morin,
médecin-chef à l’hôpital militaire Bouffard de Djibouti
de 1994 à 1996, se souvient : «Je suis médecin et j’ai
agi en tant que tel. J’ai recueilli le corps de Bernard Borrel, quelques heures
après sa découverte, pour le mettre dans la morgue. Normalement,
il aurait dû aller dans une morgue civile, mais celle-ci était
délabrée. Mon chirurgien a établi un diagnostic qui ne
concluait à rien mais qui laissait penser que la thèse du suicide
était la plus probable. Nous avons fait des radios et des examens qui
nous poussaient à conclure qu’aucune autre cause de sa mort ne pouvait
être possible. Le corps était calciné, avec une intensité
différente selon les parties. J’ai fait faire quelques radios des membres
et de la cage thoracique, pour moi, c’était l’hypothèse la plus
probable.»