28/11/06 (B371) Survie : Communiqué de presse de Survie, du 27 novembre 2006 – Un premier dictateur africain poursuivi par la Justice française pour meurtre !! Mais non … ce n’est pas celui à qui vous pensez toutes et tous. C’est Paul Kagamé, l’actuel Président du Rwanda. Après lui, à qui le tour ? Ne vous précipitez pas …! Cela viendra inéluctablement !

Rwanda.
L’affaire Bruguière.

La
France est actuellement engagée dans un bras de fer avec le Rwanda
qui a rappelé son ambassadeur à Paris et rompu ses relations
diplomatiques avec notre pays.

Á
l’origine de cette « crise » se trouve l’enquête du juge
Jean-Louis Bruguière (rendue publique le 20 novembre dernier) sur l’attentat
contre l’avion de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana,
dans lequel les trois membres français de l’équipage ont perdu
la vie, dans le cadre de la plainte déposée par les familles
de ces derniers.

Le
magistrat recommande des poursuites devant le TPIR (Tribunal pénal
international pour le Rwanda) contre l’actuel président rwandais Paul
Kagamé, et vient de signer, avec l’aval du parquet parisien, des mandats
d’arrêt internationaux contre neuf collaborateurs de ce dernier, dont
le chef d’état major James Kabarebe.

En 1994,
René Degni Ségui, rapporteur spécial de l’Organisation
des Nations Unies sur le génocide des Tutsi commis au Rwanda, avait
été chargé d’enquêter sur l’attentat contre l’avion
présidentiel dans la foulée de son enquête menée
sur le génocide. Lorsqu’il pria l’ONU de lui fournir les moyens indispensables
à cette fin, il s’entendit répondre qu’il n’y avait pas de budget
pour cette investigation – ce dont il témoigna publiquement devant
la mission d’enquête sénatoriale belge.

Un tir
de missile abattait l’avion dans lequel se trouvaient deux chefs d’État
(celui du Rwanda et celui du Burundi) à la suite de quoi un génocide
était mis à exécution, sans que la communauté
internationale juge nécessaire d’en savoir davantage.

L’enquête
Bruguière, quant à elle, attend dans un tiroir depuis environ
deux ans une éventuelle utilisation. De longue date tenue en réserve,
elle jaillit sur le terrain dans un contexte politique dans lequel la vérité
et la justice en sont pour leurs frais, comme en écho des procédures
ouvertes devant le Tribunal aux armées de Paris (TAP) à la suite
de plaintes de rescapés du génocide visant des militaires français,
et de la commission d’enquête rwandaise sur la complicité française
avec les organisateurs du génocide.

La France,
dont le soutien au régime qui a commis le génocide est avéré,
s’en tient à son exercice qui consiste à éluder cette
complicité, et à accuser de ce qu’elle aurait pu et dû
empêcher, les victimes d’un processus historique dans lequel elle a
joué un rôle funeste.

L’enquête
du Juge Bruguière, rapportée dans un document de 64 pages, n’apporte
rien de nouveau sur la connaissance des faits, ni sur ce qui circulait concernant
son contenu depuis longtemps. Il s’agit d’une enquête qui ne peut être
considérée comme impartiale, qui se fonde sur ce que rapportent
des militaires ou services français, sur les affirmations connues d’anciens
militaires de l’Armée patriotique rwandaise (APR) dont les dires n’ont
pas été vérifiés, et sans que le juge d’instruction
se soit rendu au Rwanda afin de procéder à ces vérifications.
Entamée en 1998 lors du déroulement de la mission parlementaire
d’information sur le Rwanda – il y a huit ans ! – tout semble
indiquer qu’elle n’avait pas pour objectif de faire la lumière sur
l’attentat du 6 avril 1994.

Sait-on
pour autant, aujourd’hui, qui a commis l’attentat du 6 avril 1994 ? Non. Seule
une enquête internationale indépendante et impartiale, initiée
sous l’égide de l’ONU peut, et doit, faire la lumière sur cet
évènement. Il serait temps de l’exiger, et de l’obtenir. Sa
sous-traitance entre les mains d’un juge français aux ordres du politique
n’est pas tolérable.

Il est
également intolérable de constater les confusions jetées
dans la compréhension d’une question qui concerne l’humanité
toute entière, et bien entendu tous les Rwandais. Car si l’attentat
(quelqu’en soit l’auteur) a été l’élément
déclencheur du génocide, la responsabilité, l’organisation
et la mise en œuvre de l’extermination de la minorité tutsi
revient indubitablement aux extrémistes du régime Habyarimana.

Le génocide,
le processus historique qui l’a précédé, l’attentat,
ses intentions, ses conséquences, la responsabilité de la communauté
internationale et celle de ses membres, ne peuvent être compressés
dans un paquet signé Bruguière.

Au nom
des victimes du génocide, il est du devoir des citoyens français
d’exiger que la vérité et la justice soient faites, au détriment
de tous les calculs, cynismes et mensonges.


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