26/12/06 (B375) AFP / Somalie : l’Ethiopie bombarde l’aéroport de Mogadiscio. (Info lectrice)
Par
Mustafa HAJI ABDINUR
MOGADISCIO (AFP) – L’Ethiopie a bombardé lundi deux aéroports
en Somalie, dont celui de Mogadiscio, place-forte des milices islamistes en
lutte contre le gouvernement de transition, et a menacé d’utiliser
« tous les moyens » militaires sur le terrain.
Dans le même
temps, le gouvernement de transition somalien a annoncé la fermeture
des frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays « pour
des raisons de sécurité », après une réunion
du cabinet à Baïdoa, siège des institutions de transition
(250 km au nord-ouest de Mogadiscio).
Au lendemain de
l’annonce officielle de son implication dans les combats qui font rage depuis
près d’une semaine en Somalie, l’Ethiopie a bombardé l’aéroport
international de Mogadiscio, tombée aux mains des islamistes en juin.
L’aviation éthiopienne
a également bombardé un second aéroport, susceptible
de servir au ravitaillement des islamistes, à Belidogle, à environ
90 km au sud-ouest de Mogadiscio, selon des habitants et des responsables
islamiques.
« L’Ethiopie
a bombardé l’aéroport (international de Mogadiscio) aujourd’hui »,
a déclaré cheikh Abdurahim Adan Weheliye, le directeur général
de l’aéroport, rouvert en juillet après 11 ans de fermeture
due à la guerre civile. Une femme a été blessée
dans cette attaque, selon des responsables somaliens.
Addis Abeba a confirmé
avoir mené le raid aérien contre l’aéroport de Mogadiscio
pour « empêcher les vols non autorisés » par le gouvernement
de transition et a prévenu qu’elle « avait le droit » d’utiliser
« tous les moyens » militaires sur le terrain en Somalie pour éliminer
les islamistes somaliens.
« Nous avons
dit clairement que nous allions prendre toutes les mesures appropriées
pour déstabiliser les forces anti-éthiopiennes en Somalie »,
a prévenu le porte-parole du ministère éthiopien de l’Information
Zemedkum Tekle.
Les responsables
islamistes ont dénoncé cette « agression ». « L’Ethiopie
a commencé à massacrer les civils somaliens (…) nous appelons
la communauté internationale à agir rapidement », a déclaré
à l’AFP un haut responsable islamiste, cheikh Mohamed Ibrahim Bilal.
Parallèlement,
les échanges de tirs d’artillerie se poursuivaient, notamment dans
la région de Baïdoa.
Des responsables
gouvernementaux ont aussi annoncé avoir pris le contrôle de Beledweyne
(30 km de la frontière éthiopienne, 300 km au nord de la capitale
somalienne Mogadiscio), capitale de la région Hiraan et jusqu’ici sous
contrôle islamiste. « Nos forces ont chassé les terroristes »,
a affirmé à l’AFP Yusuf Dabo Geed, un responsable gouvernemental.
Un correspondant de l’AFP à Beledweyne a vu tôt lundi un convoi
de camions militaires éthiopien entrer dans la ville.
Les islamistes,
qui contrôlent la majorité du centre et du sud du pays, ont pressé
les populations de s’éloigner des cibles potentielles de bombardements
et des témoins ont décrit l’exode de milliers de civils terrifiés.
Le Programme alimentaire
mondial (PAM), qui mène des opérations de secours pour les victimes
des inondations, a exhorté « toutes les parties à permettre
aux opérations humanitaires de se poursuivre ».
L’Ethiopie avait
annoncé dimanche avoir lancé « une contre-attaque »
contre les islamistes somaliens.
Invoquant des menaces
sur la sécurité et la souveraineté de l’Ethiopie pour
justifier cette intervention, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi,
allié des Etats-Unis dans la région, a assuré que son
gouvernement ne tentait pas « d’imposer un gouvernement » en Somalie.
La Somalie est
en guerre civile depuis 1991. Les institutions de transition somaliennes,
mises en place en 2004, s’avèrent incapables de rétablir l’ordre
dans le pays face à la montée en puissance, depuis 2006, des
islamistes. Washington accuse ces derniers d’être liés à
l’organisation terroriste d’al-Qaïda.