15/01/07 (B378) AFP – Somalie: le Parlement vote l’état d’urgence, prise du dernier refuge des islamistes (Info lectrice)

Par
Ali MUSA ABDI

MOGADISCIO
(AFP) – Le Parlement somalien a approuvé samedi l’instauration pour
trois mois de l’état d’urgence et de la loi martiale dans le pays,
où la traque des miliciens islamistes par les forces somaliennes et
éthiopiennes se poursuit avec la prise de leur dernier refuge dans
le sud.

"Le
Parlement de transition somalien a approuvé une loi instaurant l’état
d’urgence qui permettra au gouvernement de prendre toutes les actions nécessaires
afin de renforcer la sécurité dans le pays", selon un communiqué
gouvernemental transmis à l’AFP.

Le vote
a eu lieu à Baïdoa, siège du Parlement, à environ
250 km au nord-ouest de Mogadiscio. Le gouvernement somalien, mis en place
en 2004, avait décrété l’état d’urgence le 28
décembre mais avait besoin de l’approbation du Parlement.

Selon
la Charte somalienne (équivalent de la Constitution), le niveau le
plus élevé de l’état d’urgence comprend la loi martiale.

La loi
instaurant pour 90 jours cet état d’urgence autorise notamment le président
somalien à publier des décrets concernant la sécurité
nationale ou à interdire des manifestations non autorisées ou
des barrages mis en place à travers le pays pour rançonner les
civils.

"Si
l’idée est de combattre l’insécurité, alors la Somalie
doit accepter l’instauration de la loi martiale (…) mais si c’est une tendance
dictatoriale du président (Abdullahi Yusuf Ahmed), alors nous devons
nous y opposer", a réagi auprès de l’AFP Cheikh Ahmed Awill
Ibrahim, un professeur.

"En
premier lieu, les troupes éthiopiennes doivent partir et le gouvernement
doit respecter la charte (la Constitution); imposer une loi martiale est la
recette de la poursuite de la guerre civile", a critiqué un étudiant,
Abdi Mohamed Kathar.

Les forces
somaliennes soutenues par l’armée éthiopienne, qui poursuivent
leur traque des islamistes, ont pris vendredi soir le contrôle du dernier
refuge des islamistes dans l’extrême sud de ce pays de la Corne de l’Afrique
ravagé par 16 ans de guerre civile.

Selon
le porte-parole du gouvernement somalien Abdirahman Dinari, le village côtier
de Ras Kamboni, près de la frontière kényane, a été
pris vendredi après de brefs combats, obligeant les islamistes à
se réfugier dans la forêt avoisinante.

"Nos
forces ont pris le contrôle total de Ras Kamboni et de ses environs.
Les islamistes et leurs combattants étrangers sont en fuite",
a déclaré samedi M. Dinari.

Depuis
fin décembre-début janvier, les combattants islamistes – qui
contrôlaient la majeure partie du sud et du centre de la Somalie – ont
été mis en déroute par les troupes éthiopiennes
et somaliennes.

A Mogadiscio,
contrôlée depuis le 28 décembre par l’armée éthiopienne
et les forces somaliennes après la fuite des islamistes mais où
l’insécurité persiste, une importante opération de fouille
a été menée samedi par des soldats éthiopiens,
prenant fin en début de soirée.

L’opération,
qui concernait l’ensemble du sud de la capitale et les quartiers situés
à proximité du camp de l’armée éthiopienne, visait
à sécuriser la base éthiopienne et également l’aéroport
international de Mogadiscio rouvert récemment.

Mais selon
plusieurs habitants, de nombreux résidents avaient pris leurs précautions,
enterrant leurs armes ou démontant les armes lourdes et cachant ensuite
les différentes pièces.

Depuis
le 28 décembre, une douzaine de personnes au total ont été
tuées dans des incidents armés à Mogadiscio.

Des positions
et des convois de l’armée éthiopienne ont ainsi été
pris pour cible par des assaillants non identifiés.

Cette
opération de fouille est intervenue au lendemain de la conclusion d’un
premier accord important vendredi à Mogadiscio entre le gouvernement
somalien et les principaux chefs de guerre qui ont accepté de rendre
leurs armes et d’intégrer leurs hommes au sein des forces de sécurité.