16/06/07 (B400) NOUVEL OBS : revue de presse du 14/06/07

Les commentaires
de la presse, jeudi 14 juin, sur l’affaire Borrel.

L’INDEPENDANT

Bernard Revel


« Le rôle de Jacques Chirac dans cette affaire qui, une fois de
plus, illustre les relations troubles qu’il a toujours entretenues avec certains
despotes africains, est, s’il est avéré, des plus surprenants.
L’un des avocats de Mme Borrel n’hésite pas à parler de trahison.
Justiciable « presque » comme les autres à partir du 16 juin,
l’ancien président de la République est attendu au tournant
dans plusieurs affaires : Clearstream, emplois fictifs de la mairie de Paris,
billets d’avion gratuits. La veuve du juge Borrel a demandé quant à
elle à être reçue par Nicolas Sarkozy qui, selon l’Elysée,
« salue son courage » et « veillera à ce que la justice
puisse passer en toute indépendance ». Selon l’article 67 de la
Constitution, le chef de l’Etat « n’est pas responsable des actes accomplis
en cette qualité » sauf devant la Haute Cour de justice ou la Cour
internationale de justice. Ça tombe bien : c’est cette Cour justement
que Djibouti a saisie sur le conseil de Jacques Chirac. »

LA VOIX DU NORD
Hervé Favre


 » (…) Des notes saisies à la Chancellerie et au Quay d’Orsay
semblent désigner M. Chirac assez clairement. Dans cette autre affaire
où on veut faire croire contre toute évidence que son mari s’est
suicidé, Mme Borrel est très en colère. Et l’un de ses
avocats s’emballe :  » Ces faits peuvent relever juridiquement de la trahison.
« Mais la veuve du juge et ses défenseurs n’entendent pas « solliciter
pour l’instant » l’audition de l’ancien chef de l’État. D’ailleurs,
jusqu’à samedi, ils ne le peuvent pas. Ensuite, M. Chirac devra bien
se faire à l’idée qu’il est, selon la formule de François
Fillon,  » un justiciable comme les autres « . Qu’il n’est plus couvert
dans ces dossiers. Pas plus que dans d’autres, qui lui prêtaient également
de mauvaises intentions, comme les emplois fictifs du RPR, le HLM de Paris,
les lycées d’Ile-de-France, les billets d’avion… »

LA CHARENTE LIBRE
Jacques Guyon

« Voilà Nicolas Sarkozy saisi d’une requête
dont il se serait bien passé: le Président est pressé
publiquement d’intervenir dans un dossier judiciaire mettant en cause directement
son prédécesseur à l’Elysée. (…) Hier Elisabeth
Borrel, la veuve du juge Bernard Borrel, mort à Djibouti en 1995, en
a en effet appelé au président de la République pour
qu’il fasse respecter l’indépendance de la justice dans l’enquête
sur la mort de son mari. (…) Le moins qu’on puisse dire, c’est que la France
n’aura pas mis le « paquet » pour que cette affaire soit élucidée
et que ce faible empressement, ainsi que les refus de témoigner d’agents
de la DGSE se réfugiant derrière le « secret défense »,
auront contribué à nourrir l’idée que la « raison
d’Etat » a joué à plein. Si on ajoute que Djibouti constitue
le porte-avions terrestre des forces françaises en Afrique, on ne peut
s’empêcher de penser que la mort d’un petit juge a sans doute peu pesé
dans la balance. Sarkozy, qui a promis de rompre avec notre ancienne politique
africaine, verra-t-il là une occasion rêvée de passer
aux travaux pratiques ? Pour le coup, on saluerait la « rupture ». »

LE PROGRES
Francis Brochet

« C’est la vieille histoire du pot de fer contre
le pot de terre. L’histoire d’une veuve qui refuse d’ensevelir son chagrin
sous la raison d’Etat. Douze ans déjà qu’est mort Bernard Borrel,
magistrat français en poste à Djibouti. « Suicide »,
avaient conclu les autorités. « Assassinat », soupçonna
bien vite sa femme, Elisabeth, elle aussi magistrate. Depuis, elle se bat.
Contre l’Etat français et l’Etat djiboutien, qui semblent s’entendre
pour étouffer l’affaire. Contre la police, qui la jugeait « folle ».
Contre l’envie de tout laisser tomber. Son obstination commence à payer.
L’enquête a repris, des soupçons se sont vérifiés.
Hier, Elisabeth Borrel a mis en cause l’ancien Président français
Jacques Chirac, et l’actuel Président djiboutien Ismaël Omar Guelleh.
Et elle en a appelé à Nicolas Sarkozy, pour qu’enfin passe la
justice. On ne devrait jamais sous-estimer la ténacité d’une
veuve. »