28/08/07 (B410) L’EXPRESS : Soupçonnés d’avoir exercé des pressions sur deux Djiboutiens, témoins dans l’affaire de l’assassinat du juge Borrel, deux proches du président Guelleh sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Versailles. La réaction satisfaite de Me de Caunes, l’avocat de la veuve du magistrat. (Info lectrice)

Deux hauts responsables djiboutiens, proches de l’actuel président Ismaël Omar Guelleh, viennent d’être renvoyés devant un tribunal correctionnel par la justice française. Le procureur général de Djibouti et le chef des services secrets sont soupçonnés d’avoir fait pression sur des témoins.

Leur avocat, Me Francis Szpiner, s’est dit certain que l’audience sera l’occasion d’un « débat public, loyal et contradictoire qui permettra à chacun de se faire une idée de la réalité des faits. » De son côté, Me Laurent de Caunes, avocat de la veuve du juge Borrel, y voit un pas important dans l’enquête sur la mort de l’ancien magistrat.

Comment réagissez-vous à l’annonce du renvoi en correctionnel de deux suspects pour subornation de témoins?

Il s’agit d’une excellente nouvelle. Nous touchons là à un aspect très important du dossier de l’assassinat du juge Borrel. Deux hauts responsables de la justice et de l’administration djiboutienne ont pris des risques importants pour faire revenir des témoins sur leurs déclarations. L’appareil d’Etat djiboutien a paniqué devant leurs révélations.

De quelles preuves dispose la justice française pour l’affirmer?

Deux tentatives ont eu lieu parallèlement. La première visait à obtenir la rétractation d’un ex-membre de la garde présidentielle, exilé en Belgique, Mohamed Saleh Alhoumekani. Il mettait en cause l’actuel président Ismaël Omar Guelleh. Or, il est établi que le procureur de Djibouti s’est lui-même rendu à Bruxelles pour l’intimider.

Il existe également des enregistrements de conversations téléphoniques. Par ailleurs, Ali Iftin, ex-chef de la garde présidentielle, avait rédigé un courrier afin de discréditer ce témoin gênant. Il a, depuis, quitté Djibouti et a reconnu avoir écrit le document sous la pression du chef des services secrets. On menaçait sa famille.

Un mandat d’arrêt européen a été diffusé à l’encontre du procureur général de Djibouti et du chef des services secrets de ce pays. Bénéficient-ils d’une immunité de par leur fonction?

Certainement pas. Et si le juge d’instruction a décidé de lancer un mandat d’arrêt, c’est bien qu’il existe des indices graves ou concordants les mettant en cause et qu’ils n’ont pas déféré à ses convocations.

Madame Borrel a rencontré Nicolas Sarkozy le 19 juin. Ce soutien de poids vous a-t-il aidé?

Disons que nous sentons assurément mieux épaulés qu’il y a encore cent et quelques jours…