10/04/11 (B599) Yémen Express / les nouvelles de la semaine écoulée (2/3) – Saleh rejette toute ingérence étrangère au Yémen, 4 morts – deux manifestants tués par les tirs des forces de l’ordre à Taëz – Washington gèle son aide au Yémen – Manifestations au Yémen : où en est la révolution ? – Poursuite des manifestations au Yémen – La transition au Yémen à l’ordre du jour du Parlement européen – les pays du Golfe veulent la démission de Saleh – Le Yémen sous haute tension, Washington hausse le ton – Saleh critiqué par Washington, sous la pression accrue de la rue (10 articles)

____________________ 10 – Libération

09/04 Yémen pas de médiation pour saleh


Des dizaines de milliers de Yéménites ont pris part, vendredi, à une journée de mobilisation dans tout le pays. Les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants à Taez, épicentre de la contestation du régime, faisant deux morts et des dizaines de blessés.

A Sanaa, le chef de l’Etat a rejeté, vendredi, devant des milliers de ses partisans (photo), l’offre de médiation des pays arabes du Golfe. Ce plan de sortie de crise, rendu public la veille, prévoyait son départ et la formation d’un gouvernement d’union nationale dominé par l’opposition.

____________________ 9 – L’Express avec Reuters

09/04 Saleh rejette toute ingérence étrangère au Yémen, 4 morts

Jean-Stéphane Brosse et Marine Pennetier pour le service français

Le président Ali Abdallah Saleh a rejeté vendredi toute « intervention belliqueuse » d’un autre pays pour résoudre la crise au Yémen, où de nouveaux affrontements entre police et manifestants ont fait selon des témoins au moins quatre morts et des dizaines de blessés.

Les propos du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 32 ans, semblent viser un plan de sortie de crise des pays du Golfe qui préconise sa démission.

Le chef de l’Etat yéménite s’accroche au pouvoir depuis deux mois malgré des manifestations sans précédent réunissant des dizaines de milliers de personnes pour réclamer son départ.

Les troubles ont fait plus de 100 morts, dont une vingtaine cette semaine à Taïz et dans le port de Houdaïda.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), alliance régionale militaire et politique, a fait savoir mercredi par le biais du Qatar qu’il mettait au point un plan qui recommande le remplacement du président par un conseil de transition.

« Nous ne tirons pas notre légitimité du Qatar ou d’ailleurs (…) Nous rejetons cette intervention belliqueuse », a répliqué Ali Abdallah Saleh devant ses partisans réunis à Sanaa, où les opposants se sont également rassemblés.

Dans un communiqué diffusé ensuite par les médias officiels, Saleh a précisé accepter les efforts de médiation mais refuser de prendre des ordres auprès de quiconque ou de céder à une intervention extérieure.

« Qu’ils soient nos amis ou nos frères, ils doivent respecter les sentiments des Yéménites », a-t-il déclaré à ses partisans. « Nous rejetons ce coup porté à la légalité de notre Constitution, à notre démocratie et à notre liberté », a ajouté le chef de l’Etat yéménite.

La répression par Saleh du mouvement de contestation a semble-t-il eu raison de la patience des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, alliés du régime dans sa lutte contre Al Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

Le Wall Street Journal rapporte que Washington a gelé la majeure partie de son plan d’aide au Yémen dès février, au début de la vague de manifestations.

Le CCG a invité pouvoir et opposition à participer à des discussions en Arabie saoudite à une date non encore arrêtée.

L’un des principaux points de friction concerne l’immunité que les pays du Golfe seraient prêts à garantir à Saleh et à sa famille en cas d’accord sur son départ.
Pour l’heure, la situation paraît bloquée.

A Sanaa, la capitale, où militants de l’opposition et partisans du gouvernement ont défilé dans des cortèges distincts, deux manifestants ont été tués par balle vendredi, portant à au moins 23 le nombre de personnes tuées cette semaine lors d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Quelque 700 policiers anti-émeutes étaient postés non loin des forces du général Ali Mohsen, un ancien proche du président qui a fait défection il y a quelques semaines et dont les troupes protègent les protestataires qui campent autour de l’Université.

Des heurts ont également éclaté à Taïz, important foyer de contestation au sud de Sanaa, entre des centaines de manifestants et les forces de sécurité qui ont tiré des coups de feu et des gaz lacrymogènes. Deux manifestants ont été tués par balle et 25 autres ont été blessés, selon des sources médicales. Quelques 200 autres ont souffert de l’inhalation de gaz lacrymogène.

Les manifestants marchaient en hommage à cinq des leurs tués ces derniers jours dans des heurts avec les forces de l’ordre et plusieurs dizaines ont été blessés dans des affrontements avec les forces de l’ordre, ont rapporté des témoins sans autres détails.

Dans la ville portuaire d’Aden, la police a tiré pour tenter de disperser des centaines de manifestants.

____________________ 8 – Romandie News (Ch) avec AFP

09/04 Yémen: deux manifestants tués par les tirs des forces de l’ordre à Taëz

Deux manifestants yéménites ont été tués par les tirs des forces de l’ordre vendredi à Taëz, au sud de Sanaa, et des dizaines ont été blessés, a affirmé un témoin.

« Deux manifestants ont été abattus par balle et leurs corps ont été transportés à l’hôpital Safwa », a indiqué ce témoin à l’AFP, confirmant que des dizaines d’autres manifestants ont été blessés par balles ou par des inhalations de gaz lacrymogènes.

Un autre témoin avait indiqué auparavant que « les forces de l’ordre ont voulu disperser un rassemblement près de l’école Al-Chaab (le peule) proche de la place Hourria (Liberté) et ont tiré à balles réelles et des gaz lacrymogènes ».

Selon d’autres témoins, les blessés souffrent de suffocation et certains ont été touchés par balles.

Taëz est l’un des épicentres de la contestation du régime du président Ali Abdallah Saleh qui a commencé fin janvier.

Le chef de l’Etat a rejeté vendredi devant des milliers de ses partisans à Sanaa une offre de médiation des pays arabes du Golfe prévoyant son départ et un gouvernement de transition dominé par l’opposition.

______________________ 7 – Le Figaro avec Reuters

09/04 Washington gèle son aide au Yémen

Les Etats-Unis ont gelé la majeure partie de leur plan d’aide au Yémen en février en raison des manifestations demandant le départ du président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 32 ans, rapporte le Wall Street Journal, vendredi.

« Le premier acompte de ce plan d’aide, d’un montant potentiel d’un milliard de dollars sur plusieurs années, devait être débloqué en février, traduisant la plus importante tentative de la Maison blanche pour s’assurer le soutien du président Ali Abdallah Saleh dans la lutte contre Al Qaïda dans la Péninsule arabique », écrit le quotidien. Citant des responsables américains, le journal précise que ce plan prévoyait 200 millions de dollars au titre du soutien à la lutte contre le terrorisme pour l’année fiscale 2011, contre 155 millions de dollars accordés pour l’année 2010.

Un montant équivalent devait être versé au titre de l’aide au développement. Saleh doit faire face à une contestation persistante de la part de l’opposition yéménite qui demande son départ. Le chef de l’Etat a décidé de s’accrocher à son pouvoir, mais un responsable américain a expliqué à Reuters que Washington tente d’intensifier ses pressions sur le président afin de le contraindre à trouver un terrain d’entente avec l’opposition.

Un responsable de l’administration Obama a indiqué la semaine passée qu’Al Qaïda ainsi que d’autres groupes d’activistes tentent d’exploiter les troubles politiques dans ce pays, le plus pauvre de la région du Golfe

______________________ 6 – CityzenSide

09/04 – Manifestations au Yémen : où en est la révolution ?

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, en place depuis 1978, sera-t-il le troisième raïs arabe à quitter le pouvoir sous la pression populaire ?

Voilà la question qui se pose aujourd’hui au Yémen. Les manifestations qui sont organisées dans tout le pays depuis fin janvier ont fait des dizaines de morts et des centaines blessés. Violentes répressions, arrestations arbitraires, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique frôle l’implosion.

Les pays du Golfe à l’action

Focalisées sur la Libye, entre autres, les puissances occidentales se sont très peu prononcées sur la violente réponse de Saleh à son peuple. Les pays du Golfe sont donc intervenus. Face à l’escalade de violence et aux discussions de plus en plus fermées entre l’opposition et le pouvoir en place, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l’ensemble des pays de la région, a décidé de se poser en médiateur dans ce conflit qui semblait parti pour durer.

L’Arabie Saoudite en tête, les pays du Golfe ont offert au Yémen une médiation, qui a débouché, le 6 avril 2011, sur une proposition de compromis qui doit être présentée au président yéménite, a annoncé le Premier ministre du Qatar, membre du CCG. Cet accord prévoit le départ d’Ali Abdallah Saleh et la mise en place d’un conseil de transition composé des principaux partis politiques du pays et des représentants des tribus. Ce conseil prévu pour trois mois devra ensuite se décider sur la date de nouvelles élections.

Mais malgré la médiation et tant que le président n’aura pas remis sa démission, les manifestations continuent un peu partout dans le pays et la population vit toujours au ralenti. Notre contributrice kate_dixon, qui vit à Sana’a, témoigne de la situation sur son blog, Life in Yemen. Elle décrit une situation très tendue et difficile : les routes de la capitale fermées par les différents camps, les élèves qui ne viennent plus à l’école…

En début de semaine, la ville de Taëz a de nouveau été le théâtre de manifestations violemment réprimées. Répression qui a fait plus d’une vingtaine de morts. Depuis, les rassemblements de manifestants anti-Saleh sont quotidiens. Les contestataires sont déterminés à voir partir leur président. Et ils ne sont pas les seuls.

Saleh lâché par les Etats-Unis

Depuis lundi, les Etats-Unis se sont aussi positionnés en faveur du départ du leader yéménite. Jusqu’alors plutôt réservés sur la question, les Etats-Unis ont désormais une position claire : Saleh doit partir. Le secrétaire d’Etat à la Défense américain Robert Gates s’est rendu à Riyad, où ont lieu les négociations du CCG, pour apporter le soutien des Etats-Unis à la médiation.

Allié d’Obama dans la lutte contre Al Qaïda dans la péninsule arabique, Saleh se retrouve aujourd’hui bien seul face à une population prête à tenir jusqu’à son départ et à une multitude de pays déterminés à en finir au plus vite avec la crise yéménite. Ce vendredi sera-t-il un nouveau « vendredi du départ » ? Le Yémen et les pays de la région veulent y croire.

______________________ 5 – Street Generation

08/04 Poursuite des manifestations au Yémen

Marie-Audrey Demayo

Des milliers de personnes ont manifesté à nouveau pour le départ du président Saleh hier. La plus grande manifestation s’est déroulée à Taiz, au sud de Sanaa, où des affrontements ont été signalés. Les observateurs craignent une guerre civile dûe à la montée de la violence.

A ce jour, l’Arabie Saoudite tente de rétablir de bonnes relations entre les différentes alliances politiques du Yémen. Les diplomates occidentaux proposent également une médiation. Le président yéménite accepte l’offre de médiation du Soudan, alors que certains responsables de l’opposition se montrent réticents.

Par conséquent, les possibilités de pourparlers ont été éloignées. Après avoir rejoint l’opposition deux semaines auparavant, le général Mohsen accusait lundi dernier, le pouvoir yéménite de vouloir l’assassiner. Il est à ce jour la seule personne en contact avec Ali Abdullah Saleh, qui fait savoir qu’il ne poursuivra pas son mandat, mais l’opposition fait pression pour qu’il démissionne immédiatement.

Enfin, les analystes estiment que les exigences des différentes alliances politiques, permettraient de mettre la barre très haut, avant d’éventuelles négociations, tout en reconnaissant que les alliances se livrent à un jeu dangereux alors que le pays est sur une pente glissante.

_________________ 4 – Toute l’Europe

08/04 La transition au Yémen à l’ordre du jour du Parlement européen

Le Yémen sera-t-il le prochain pays à chasser ses dirigeants? C’est en tout cas la revendication principale des manifestants qui se mobilisent depuis plusieurs semaines déjà contre le président Ali Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. La répression à leur encontre se durcit, et a déjà fait des dizaines de morts.

Les réactions des pays occidentaux n’ont pas été immédiates, car malgré la pauvreté du pays, notamment ses faibles ressources énergétiques, il représente un réel enjeu stratégique. La société yéménite est construite sur un modèle complexe où la dimension tribale est prégnante. C’est un pays sous-développé et traditionnaliste que les puissances occidentales ont du mal à appréhender. Il n’en reste pas moins que le régime a bénéficié de largesses, en particulier des Etats-Unis qui en ont fait un élément dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme islamiste.
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Catherine Ashton (Royaume-Uni) est Vice-présidente de la Commission en charge des Relations extérieures, Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
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Et c’est précisément ce qui les inquiète aujourd’hui, alors que les manifestations durent depuis deux mois. Le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney se déclarait ainsi ce lundi « inquiet de voir Al-Qaida essayer de profiter d’un vide politique ». C’est donc sous la pression des Etats-Unis qu’un processus de transition devrait s’enclencher dans les jours à venir, le président négociant toujours sa sortie. C’est également le vœu de la Haute représentante Catherine Ashton qui affirmait mardi que « la transition doit commencer maintenant ».

Mme Ashton était donc présente ce mercredi après-midi au Parlement pour le vote d’une résolution sur la position de l’UE par rapport au Yémen, au Bahreïn et à la Syrie, autres pays où la révolte gronde. Dans ce texte, les parlementaires reconnaissent que l’Europe a souvent « négligé le dialogue avec les organisations de la société civile, en accordant plus d’importance à la stabilité qu’à la promotion des droits de l’homme », et plaident pour « conférer à l’Union le rôle d’acteur et non uniquement celui de bailleur de fonds ».

Le Conseil de coopération du Golfe, qui a proposé de superviser les pourparlers entre le président Saleh et l’opposition rencontrera sous peu Mme Ashton, qui se trouve dans une position délicate. L’UE souhaite en effet augmenter rapidement sa présence dans la région et notamment son soutien financier à ce pays dont la majorité de la population vit dans la pauvreté, or l’issue de la transition reste incertaine.

Plusieurs groupes parlementaires (GUE, S&D, Verts/ALE et ADLE) ont en tout cas appelé l’Union européenne à cesser la vente d’armes à la Syrie, à Bahreïn et au Yémen. Ils ont également suggéré un gel des avoirs et des interdictions de voyage, mesures concrètes qui selon eux ont jusqu’à maintenant fait défaut au service d’action extérieure.

________________ 3 – L’Express avec Reuters

08/04 Yémen: les pays du Golfe veulent la démission de Saleh

Les pays du Golfe espèrent conclure un accord sur le départ du président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, et sur la mise en place d’un conseil de transition réunissant dirigeants politiques et chefs tribaux.

Alors que le Yémen a été touché par de nouvelles manifestations violentes ce mercredi, une proposition de compromis va être adressée au chef de l’Etat yéménite ainsi qu’à l’opposition, a déclaré mercredi le Premier ministre du Qatar, pays membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG), afin de mettre en place les mécanismes d’une transition.

Les pays du Golfe proposent un conseil de transition

« Nous (le Conseil de coopération du Golfe, qui réunit l’Arabie saoudite, le Koweit, Oman, Bahreïn, le Qatar et les Emirats arabes unis) nous sommes réunis ces derniers jours à Ryad et nous sommes en train de lui adresser une proposition ainsi qu’à l’opposition. Nous espérons qu’une rencontre pourra avoir lieu entre son équipe et l’opposition pour essayer de trouver une issue à ce problème », a indiqué le Premier ministre qatari, en marge d’une conférence à New York.

De sources proches de responsables dans la région, la proposition des pays du Golfe implique que Saleh accepte de démissionner.

« La proposition prévoit d’avoir un conseil de gouvernance réunissant tous les partis politiques et les tribus sur une période qui ne devrait pas excéder trois mois », a indiqué à Reuters un responsable du Golfe, ajoutant que ce conseil « définirait les élections ». La proposition doit être présentée aux deux parties lors de ces pourparlers pour lesquels aucune date n’a encore été fixée.

De possibles dissensions au sein de ce futur conseil

« Il y a certains noms qui circulent pour prendre la tête du conseil de transition », a indiqué une autre source proche des discussions. Parmi les noms qui reviennent, celui de cheikh Hamid al Ahmar, une figure tribale importante, de l’ex-Premier ministre et actuel conseiller du président Abdoulkarim al Iryani, et d’un autre ancien Premier ministre, Abdoulaziz Abdul Ghani.

Il n’est toutefois pas certain que l’un d’entre eux parvienne à réunir un consensus autour de son nom au sein de l’opposition, qui réunit le parti islamiste Islah, les socialistes, des nationalistes arabes, ni que sa nomination soit validée par Saleh.

Doit-on s’attendre à de nouvelles manoeuvres du président Saleh?

Le président Saleh a accepté l’invitation mardi et les ambassadeurs du CCG attendaient la réponse des dirigeants de l’opposition qu’ils rencontraient mercredi au Yémen.

Mais les pourparlers pourraient s’éterniser. « Saleh est toujours en train de manoeuvrer. Il arrive toujours avec de nouvelles idées. Tout ce qu’il veut c’est rester au pouvoir », indique cette source proche de responsables arabes du Golfe.

Saleh lâché par Washington et Ryad ?

De récents pourparlers entre Saleh et l’opposition, dont certains se sont tenus en présence de l’ambassadeur des Etats-Unis, n’ont rien donné. Selon des sources proches des discussions, les Etats-Unis ont lancé à Saleh un ultimatum pour accepter un accord.

Les violences qui ont fait 25 tués depuis lundi ont provoqué une vive condamnation Américaine. Et selon plusieurs sources, Washington et Ryad seraient disposés à écarter cet allié de longue date dans la lutte contre Al Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa) pour tenter de prévenir l’effondrement du pays. Washington ne se « concentre pas sur un individu » dans le domaine de la lutte anti-terroriste a souligné la Maison blanche.

La monarchie saoudienne, cible de la vindicte d’Al-Qaïda, a par ailleurs offert d’accueillir les tractations entre l’opposition et le régime Saleh pour tenter de trouver une solution politique propre à rétablir l’ordre chez son voisin.

Ce dialogue est d’autant plus urgent que, selon la presse américaine, les opérations anti-terroristes menées par l’armée yéménite se sont arrêtées à cause de la mobilisation d’unités loyales au président Saleh pour sa propre défense contre la contestation.

________________ 2 – Radio Canada avec AFP, AP et Reuters

07/04 Le Yémen sous haute tension, Washington hausse le ton

Les moyens de pression de l’opposition se multiplient au Yémen pour obliger le président Saleh à quitter le pouvoir. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue mercredi à Taëz, alors que les commerçants et les employés des banques observaient une grève générale.

Les forces de sécurité ont tué au moins un manifestant et en ont blessé une trentaine lors d’affrontements mardi soir à Taëz, où la répression a déjà fait 16 morts lundi.

Plus de 120 personnes ont été tuées au Yémen depuis le début du mouvement de contestation contre le président Saleh le 11 février.

Mise en garde américaine

Washington condamne les « violences gouvernementales contre des manifestants » et met en garde le président Saleh au moment où le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, était de passage Ryad, en Arabie saoudite.

« Les Yéménites ont le droit de manifester pacifiquement et nous rappelons au président Ali Abdallah Saleh qu’il est de sa responsabilité d’assurer la sécurité des Yéménites qui exercent leur droit universel d’exprimer leurs opinions politiques », a affirmé le porte-parole du président américain dans un communiqué.

Il a également appelé le gouvernement de Sanaa à « mener des enquêtes complètes sur ces événements » et à faire en sorte que les responsables répondent de leurs actes.

Amnistie internationale a mis en garde contre tout accord qui garantirait l’impunité aux responsables des violences ayant provoqué la mort de dizaines de manifestants au Yémen, notamment lors du « vendredi noir » pendant lequel 52 protestataires ont été tués par balle.
Offre de médiation des pays du Golfe

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a proposé sa médiation pour dénouer la crise, a convié mercredi Ali Abdullah Saleh à une réunion en Arabie saoudite. Le CCG rencontrera ultérieurement des représentants de l’opposition.

Les pays du Golfe « espèrent conclure un accord » sur le départ du président Saleh, a déclaré mercredi le premier ministre du Qatar. Une proposition de compromis est en train d’être adressée au chef de l’État yéménite, selon lui.

Par ailleurs, l’opposition exige toujours que le président Saleh remette ses pouvoirs au vice-président avant de partir. Ce dernier ouvrirait alors un processus visant à rédiger une nouvelle Constitution et organiser des élections.

_______________________________ 1 – AFP

7/04 Yémen: Saleh critiqué par Washington, sous la pression accrue de la rue

De Hammoud MOUNASSAR

Des foules nombreuses appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh ont bravé mercredi la police au Yémen, après des violences qui ont fait 25 tués et provoqué une vive condamnation de Washington.

Alors que les Etats-Unis se disent prêts à poursuivre leur coopération anti-terroriste avec un successeur éventuel, le secrétaire à la Défense Robert Gates a rencontré à Ryad le roi Abdallah d’Arabie saoudite qui s’inquiète de la résurgence d’Al-Qaïda chez son voisin de la péninsule arabique.

Des manifestations massives ont eu lieu à travers le Yémen pour demander le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, et accusé par son principal rival le général Ali Mohsen al Ahmar d’avoir voulu l’assassiner mardi.

Des foules nombreuses ont envahi les rues de Sanaa, Aden (sud) Taëz (sud-est) et Sanaa après des manifestations qui ont fait au moins 25 mort depuis lundi ainsi que des centaines de protestataires indisposés par les gaz lacrymogènes.

La Maison Blanche a « condamné fermement l’usage de la violence par les forces gouvernementales », et souligné que dans le domaine de la lutte anti-terroriste Washington ne se « concentrait pas sur un individu ».

A Taëz, les cortèges qui ont convergé vers la « place de la Liberté », l’un des épicentres de la contestation scandaient : « Dégage, Ali », « Le peuple veut la chute du régime ».

Le mouvement contre le régime, commencé fin janvier dans ce pays pauvre et instable, ne faiblit pas et les troubles, qui ont fait plus de 100 morts, apparaissent propices à un renforcement des émules d’Oussama ben Laden.

La monarchie saoudienne, cible de la vindicte d’Al-Qaïda, a offert d’accueillir des tractations entre l’opposition et le régime Saleh pour tenter de trouver une solution politique propre à rétablir l’ordre chez son voisin.

Ce dialogue est d’autant plus urgent que, selon la presse américaine, les opérations anti-terroristes menées par l’armée yéménite se sont arrêtées à cause de la mobilisation d’unités loyales à M. Saleh pour sa propre défense.

« Le président Saleh doit trouver une solution à l’impasse politique avec l’opposition pour qu’un changement politique digne puisse se produire à court terme de façon ordonnée et pacifique », a souligné le porte-parole de la Maison Blanche.

M. Saleh maintient qu’il ne peut céder le pouvoir que dans le cadre d’un processus constitutionnel après un retour au calme. Ses opposants disent de leur côté n’être prêts à discuter que de son « départ immédiat ».

La tension au sein de l’armée a été illustré par un incident mardi à Sanaa entre des soldats sous le commandement du général Ahmar, rallié à la contestation, et des hommes fidèles au président.

Dans un communiqué, le général Ahmar a affirmé que des émissaires tribaux s’étaient présentés au QG de la 1ère division blindée qu’il commande et demandé à le voir pour une médiation entre lui et M. Saleh. Lorsqu’il s’est présenté à eux, des « individus de la garde du président disséminés parmi ces émissaires ont commencé à tirer en sa direction ainsi que sur les émissaires tribaux ».

Le regain de violences au Yémen a suscité de vives réactions dans le monde.

Londres a sommé M. Saleh de « dire clairement qu’il est prêt à s’engager dès à présent dans un processus global de transition politique », alors que Rome a souhaité « l’amorce au plus tôt d’un dialogue constructif avec ceux qui réclament pacifiquement le début d’une nouvelle période de réformes ».

L’Union européenne a appelé pour sa part M. Saleh à entamer « sans délai » une transition politique.