19/10/07 (B417) NOUVEL OBS et Le MONDE (2 articles) Affaire Borrel : Djibouti évoque une piste pédophile (Info lectrice)

_______________________________________ Nouvel Obs

Le magistrat chargé de l’affaire de l’assassinat du juge français évoque l’existence d’un réseau pédophile "impliquant de nombreux Français de toutes catégories". La veuve du juge dénonce une manœuvre.

Bernard Borrel (Sipa) Bernard Borrel, le juge français assassiné à Djibouti en 1995, travaillait sur un réseau de pédophiles, indique jeudi 18 octobre la justice djiboutienne.

Une annonce que la veuve du magistrat, Elisabeth Borrel, a immédiatement dénoncé comme une probable manœuvre de Djibouti pour fuir ses propres responsabilités.

Selon Djama Souleiman Ali, le procureur général du petit territoire de la corne de l’Afrique, "Nous avons mis au jour un réseau pédophile dans lequel sont impliqués de nombreux Français de toutes catégories, comme des membres du clergé, des militaires et des diplomates. Nous avons réuni les preuves et nous sommes prêts à les présenter au tribunal".

Le magistrat, lui-même poursuivi par les autorités françaises pour "subornation de témoins" dans ce dossier, a indiqué mercredi soir devant des journalistes avoir "découvert une nouvelle facette de l’affaire Borrel".

"Un personnage totalement scandaleux"

A Paris, Me Olivier Morice, avocat d’Elisabeth Borrel, a estimé jeudi que cette explication était une manoeuvre du magistrat djiboutien pour fuir ses propres responsabilités.

"On ne peut que se demander pourquoi ces informations ne sont pas sorties depuis très longtemps et pourquoi elles sortent à ce moment-là", a dit l’avocat à Reuters.
"M. Souleiman Ali est un personnage totalement scandaleux, un diffamateur de Mme Borrel. Qu’il vienne s’expliquer en France sur les faits qui lui sont reprochés", a-t-il ajouté.

En août dernier, Djama Souleiman Ali et Hassan Saïd Khaireh, le chef des services secrets de Djibouti, ont été renvoyés en correctionnelle par la justice française. Les deux hommes font l’objet de mandats d’arrêt internationaux valant mise en examen pour "subornation de témoins".

Selon Me Morice, leur procès par défaut devrait être fixé au premier trimestre de l’année prochaine devant le tribunal de Versailles.

Le président djiboutien mis en cause

Le corps à demi carbonisé de Bernard Borrel, coopérant français et conseiller technique auprès du ministère djiboutien de la Justice, avait été retrouvé dans un ravin en 1995.

La thèse du suicide avait d’abord été retenue mais le scénario d’un assassinat est désormais privilégié par la justice française qui s’appuie sur des expertises médico-légales.

Dans le dossier principal concernant la mort du juge, la piste d’un meurtre sur commandite politique est suivie. Elle est fondée sur le témoignage contesté d’un ancien militaire djiboutien qui déclare avoir entendu Ismaël Omar Guelleh, actuel président de Djibouti, parler de l’assassinat du juge avec ses exécutants, le soir des faits.

Le dossier a provoqué une crise entre Paris et Djibouti, où se trouve la principale base militaire française en Afrique.

Dans un troisième dossier visant de supposées "pressions sur la justice" à la fin du mandat du président Jacques Chirac, deux autres juges ont tenté en vain de perquisitionner à l’Elysée, le 2 mai dernier.

Elisabeth Borrel a été reçue à l’Elysée le 19 juin dernier par Nicolas Sarkozy.

_________________________________ LE MONDE

DJIBOUTI (Reuters) – La justice djiboutienne a assuré avoir découvert un réseau pédophile impliquant de nombreux expatriés français et qui, selon elle, pourrait être lié à la mort en 1995 du magistrat Bernard Borrel, une annonce vue comme une manoeuvre par l’avocat de la veuve du magistrat.

Le procureur général du petit territoire de la corne de l’Afrique, Djama Souleiman Ali, a déclaré mercredi soir à des journalistes que le juge Borrel enquêtait sur ce réseau lorsqu’il est mort.

"Nous avons découvert une nouvelle facette de l’affaire Borrel", a dit le procureur général, lui-même poursuivi par les autorités françaises pour "subornation de témoins" dans ce dossier.

"Nous avons mis au jour un réseau pédophile dans lequel sont impliqués de nombreux Français de toutes catégories, comme des membres du clergé, des militaires et des diplomates. Nous avons réuni les preuves et nous sommes prêts à les présenter au tribunal", a-t-il ajouté.

A Paris, Me Olivier Morice, avocat d’Elisabeth Borrel, a estimé jeudi que cette explication était une manoeuvre du magistrat djiboutien pour fuir ses propres responsabilités.

"On ne peut que se demander pourquoi ces informations ne sont pas sorties depuis très longtemps et pourquoi elles sortent à ce moment-là", a dit l’avocat à Reuters.

"M. Souleiman Ali est un personnage totalement scandaleux, un diffamateur de Mme Borrel. Qu’il vienne s’expliquer en France sur les faits qui lui sont reprochés", a-t-il ajouté.

Le corps à demi carbonisé de Bernard Borrel, coopérant français et conseiller technique auprès du ministère djiboutien de la Justice, avait été retrouvé dans un ravin en 1995.

La thèse du suicide avait d’abord été retenue mais le scénario d’un assassinat est désormais privilégié par la justice française qui s’appuie sur des expertises médico-légales.

En août dernier, Djama Souleiman Ali et Hassan Saïd Khaireh, le chef des services secrets de Djibouti, ont été renvoyés en correctionnelle par la justice française. Les deux hommes font l’objet de mandats d’arrêt internationaux valant mise en examen pour "subornation de témoins".

Selon Me Morice, leur procès par défaut devrait être fixé au premier trimestre de l’année prochaine devant le tribunal de Versailles.

Dans le dossier principal concernant la mort du juge, la piste d’un meurtre sur commandite politique est suivie. Elle est fondée sur le témoignage contesté d’un ancien militaire djiboutien qui déclare avoir entendu Ismaël Omar Guelleh, actuel président de Djibouti, parler de l’assassinat du juge avec ses exécutants, le soir des faits.

Le dossier a provoqué une crise entre Paris et Djibouti, où se trouve la principale base militaire française en Afrique.

Dans un troisième dossier visant de supposées "pressions sur la justice" à la fin du mandat du président Jacques Chirac, deux autres juges ont tenté en vain de perquisitionner à l’Elysée, le 2 mai dernier.

Le nouveau chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, a reçu pour la première fois la veuve du juge à l’Elysée, le 19 juin.