18/02/08 (B435) AFP : France-Afrique-Tchad « Françafrique »: des ONG demandent à Nicolas Sarkozy de changer de cap.
PARIS, 14 fév 2008 (AFP) – Plusieurs ONG françaises ont exhorté jeudi le président Nicolas Sarkozy à appliquer sa « rupture » promise
en matière de politique africaine et ont dénoncé la persistance du
soutien de Paris à des « dictatures ».
« Une nouvelle politique est indispensable », a plaidé lors d’une
conférence de presse Fabrice Tarrit de l’association Survie, alors que M. Sarkozy devrait se rendre fin février en Angola et en Afrique
du Sud pour son deuxième voyage sur le continent.
M. Tarrit a notamment évoqué le « malaise » suscité par l’attitude de Paris qui a sauvé la mise au président tchadien Idriss Deby Itno.
« La rupture promise tarde à se concrétiser », a poursuivi Jean Merckaert du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), énumérant plusieurs « signes inquiétants ».
Parmi eux, il a cité le premier voyage en Afrique du président Nicolas Sarkozy, « entamé en Libye, achevé au Gabon », le fameux « discours de Dakar » très mal ressenti par les Africains, ou encore le récent classement sans suite par la justice française d’une plainte sur le patrimoine de chefs d’Etats africains en France.
« D’un autre côté, toutes les conditions sont là pour faire évoluer la relation, le vent tourne au sein de l’opinion publique et de la classe politique », a-t-il poursuivi, citant notamment le récent discours du secrétaire d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel, qui a promis de « signer l’acte de décès de la Françafrique ».
Grégoire Niaudet, responsable au Secours catholique/Caritas France, a souhaité que « l’Afrique cesse d’être le domaine réservé de l’Elysée ». Il a plaidé pour « une rupture effective avec les dictatures, et la transparence dans la gestion des revenus pétroliers ».
Les responsables associatifs ont également demandé la saisie des « biens mal acquis » des dictateurs africains en France et la publication par le groupe pétrolier français Total de ses comptes en Afrique.
Réunies dans une « plateforme citoyenne France-Afrique », une dizaine d’organisations (dont le CCFD et Survie) ont publié un Livre Blanc « pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente », plaidant pour un assainissement des relations et une politique au service de la démocratie sur le continent africain.