02/04/08 (B441) A lire sur le site du GED, un article de l’équipe Justice et Liberté. Guelleh bafoue les principes fondamentaux de la Démocratie en concentrant entre ses mains les trois pouvoirs qui devraient être séparés : législatif, exécutif et judiciaire.
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Equipe Justice et Liberté : Guelleh bafoue les règles de base de la démocratie en concentrant dans ses seules mains, les trois pouvoirs traditionnels : exécutif, législatif et judiciaire auquel il ajoute les responsabilités de Chef du Gouvernement. Un nouvel exemple récent conforte les alertes que nous publions depuis plusieurs années.
Guelleh a concentré entre ses mains tous les pouvoirs, qui doivent être séparés dans une Démocratie : législatif, exécutif et judiciaire. Pour faire bonne mesure, il cumule aussi les responsabilités de Chef du Gouvernement, alors qu’en toute logique, elles devraient être dévolues au Premier Ministre (*)
Nouvel exemple récent:
En annonçant hier, mardi 1er avril 2008, en plein Conseil des Ministres, que des procès pénaux allaient être intentés à des Français, il a demontré une nouvelle fois, que la Justice était placée sous ses ordres et que les magistrats n’avaient pas d’autre alternative que de les éxécuter scrupuleusement.
Il a été dit que Guelleh avait été très contrarié lorsque le Président Sarkozy lui avait opposé l’indépendance des magistrats français, lorsqu’il demandait, au cours de sa visite à l’Elysée, un non-lieu pour Hassan Saïd et Djama Souleiman.
Contrarié certes, mais totalement supris aussi !
Surpris, parce qu’à Djibouti, le fonctionnement de la Justice est différent de celui d’un régime démocratique.
Le Président dicte les décisions de Justice, renvoi devant les Cours pénales, décide les condamnations ou les relax, fixe le montant des amendes et des indemnités. C’est lui qui rend les décisions de Justice, uniquement en fonction de ses propres intérêts ou de ceux de ses proches.
Pour nous, ces faits sont d’une extrême gravité !
En annonçant devant la Télévision qui a repris ses propos, que la Justice devait juger et condamner les pédophiles français et lancer des mandats d’arrets internationaux contre eux, s’ils ne se présentaient pas, il a montré clairement que la Justice djiboutienne était placée sous ses ordres, avec toutes les dérives imaginables.
Ces Français sont-ils tous des pédophiles ?
Ce n’est pas une instruction judiciaire libre et indépendante qui le déclare et qui le prouve, mais c’est seulement Guelleh qui le prétend au moment qui l’arrange pour satisfaire sa rancune et tenter de régler des problèmes internes.
Les actes pédophiles, qui sont avancés, auraient été commis il y a déjà de nombreuses années. Dans un petit pays, entièrement surveillé par la Police, la Gendarmerie, la SDS et les milliers d’informateurs appointés ou occasionnels (**), n’allez pas croire que le Pouvoir n’était pas informé, s’il y en avait (ce qui n’est pas prouvé aujourd’hui), des dérives sexuels de certains français.
Pour quelles raisons, le Pouvoir aurait-il fermé les yeux hier ? Alors qu’il les ouvre aujourd’hui !
Par pure opportunité, dans un contexte où Guelleh est en position de grande faiblesse !
C’est uniquement pour pratiquer un chantage contre la France, par mesure de rétorsion, après la condamnation d’Hassan Saïd et de Djama Souleiman !
Comme cela a déjà été dit et écrit, les deux condamnés Hassan et Djama ont commis des délits inexcusables, mais ils ne les ont pas commis pour leur propre intérêt. Ils l’ont fait sur ordre de Guelleh et dans l’espoir de le protéger personnellement contre des poursuites pénales : la vérité est là !
On comprend aujourd’hui que Guelleh ait besoin de leur montrer qu’il ne les abandonne pas à leur triste sort de « délinquants en fuite » et qu’il se bat pour eux. Il n’a pas le choix !
La cible la plus facile à atteindre pour lui, sont les militaires français et les hauts responsables de l’administration. A tort, il imagine qu’au final, la France sera obligée de composer et d’accepter une négociation, dans laquelle Hassan et Djama d’un côté et les Français condamnés à Djibouti de l’autre seraient grâciés au titre de la réciprocité.
Nous pouvons affirmer qu’il rêve, car cela ne se passera certainement pas comme cela. En France, la justice est indépendante et le Président Sarkozy a montré qu’il n’entendait pas interférer sur les décisions qu’elle rendrait.
La vérité, c’est que Guelleh a peur des suites judiciaires de l’instruction pour l’assassinat du Juge Bernard Borrel(***) et qu’il a compris que les enquêtes étaient en cours et qu’elles ne s’arrêteraient que lorsque toute la lumière sera faite : désignation des coupables : auteurs du meurtre et commanditaires, mobile du crime.
Guelleh n’a pas encore compris que les affaires judiciaires ne se traitaient pas de la même façon que les affaires diplomatiques.
L’application du principe diplomatique de réciprocité n’est pas adapté aux affaires pénales…
Un pays ne perd pas son honneur parce que le voisin a condamné deux de ses ressortissants qui ont commis des délits … Il n’a pas besoin de pratiquer des mesures identiques de rétorsion pour retrouver sa crédibilité.
L’honneur d’un Gouvernement et sa crédibilité se trouvent ailleurs : dans la bonne gestion, la transparence de l’utilisation des fonds publics, le respect des engagements et surtout le respect des populations : justice, liberté d’expression, assistance médicale, enseignement, services publiques. (etc .. Tout ce qui commence à faire cruellement défaut à Djibouti …)
(*) L’attribution au Président de la République des responsabilités de Chef de Gouvernement est inscrit dans la constitution. C’est Gouled qui l’avait exigé en dépit des conseils qui lui avaient été donnés, avant l’indépendance, par les experts chargés de préparer notre constitution.
(**) Les différents services de renseignement djiboutiens font appel à de nombreux informateurs occasionnels qui touchent une récompense à la hauteur des informations fournies, ce qui explique que la délation est devenue, pour certains, un sport national, permettant souvent de financer l’achat journalier de Khat.
(***) Il suffisait de le regarder hier à la télévision pour mesurer son état de stress et d’anxiété. Ruisselant de transpiration sur le visage, il baissait les yeux sans arrêt, ce qui est un signe évident de grande inquiétude.