18/01/09 (B482) AFP / Des habitants de Mogadiscio regagnent leurs foyers après deux ans de combats

Des centaines de Somaliens, déplacés par deux ans de violents combats à Mogadiscio, ont commencé samedi à rentrer chez eux malgré la fragilité de la situation dans la foulée du retrait de l’armée éthiopienne.

Deux jours après le départ des tout derniers soldats éthiopiens, des habitants de Mogadiscio profitaient de rares moments d’accalmie tandis que d’autres commençaient à retrouver leurs maisons dans cette ville ravagée par des années de guerre.

« J’ai vécu dans un camp près de Mogadiscio durant un an, après la mort de mon mari tué au cours d’une attaque de mortier dans le quartier de Suqaholaha », a déclaré Halimo Nur Hared, mère de six enfants, tout en posant des effets personnels dans sa maison.

« Je me sens en sécurité maintenant que les Ethiopiens ont quitté notre territoire ».

« Je prie Allah pour qu’il n’y ait plus de combats après (le départ) des forces éthiopiennes de Mogadiscio. On rentre chez nous », a indiqué de son côté Mohamed Ali Hassan, père de quatre enfants, originaire du quartier Huriwa de la capitale.

L’armée éthiopienne, qui intervenait officiellement depuis fin 2006 aux côtés du gouvernement somalien, avait entamé son retrait de la capitale mardi pour l’achever jeudi, à la suite d’un accord conclu entre le gouvernement et l’aile modérée de l’opposition islamiste, signé fin octobre 2008 à Djibouti.

Fin 2006, le mouvement armé somalien des Tribunaux islamiques avait lancé un mouvement de guérilla, visant principalement des cibles éthiopiennes, mais également les forces gouvernementales et des soldats de maintien de la paix de l’Union africaine (UA).

A Addis Abeba, le général ougandais Francis Okelo, commandant de l’Amisom, a indiqué à la presse que la situation était « très calme à Mogadiscio » depuis trois jours.

« La situation s’est améliorée depuis le départ des Ethiopiens. Le calme est attribué aux efforts des anciens qui se sont prononcés ouvertement en faveur du processus de paix. De nombreuses personnes reviennent en ville », a-t-il ajouté.

Depuis vendredi, des islamistes somaliens modérés contrôlaient les principales bases désertées par les troupes éthiopiennes dans le cadre de leur plan de retrait du pays.

Ces miliciens s’étaient rendus maîtres la veille du bâtiment de l’ancien ministère de la Défense, du stade, d’une ancienne usine de pâtes et d’autres bases où les troupes éthiopiennes étaient stationnées depuis deux ans.

Ces miliciens sont fidèles à la branche de l’opposition islamiste somalienne engagée dans le processus de paix, et notamment le Premier ministre Nur Hassan Hussein.

L’autre branche de cette opposition, plus radicale, rejette tout accord politique avec les autorités de transition somalienne. Elle se traduit sur le terrain par une insurrection acharnée menée par des combattants extrémistes, les « shebab » (jeunesse).

La prise de contrôle des anciennes bases éthiopiennes par les miliciens islamistes a été critiquée jeudi par le maire de Mogadiscio, qui y voit une violation de l’accord de Djibouti.

Hasan Bile, un autre habitant de Mogadiscio, récemment revenu chez lui, craignait d’ailleurs de nouvelles violences. « Je redoute encore que certains combattants veuillent continuer la guerre, il se peut que le chaos à Mogadiscio ne soit pas encore terminé », a-t-il admis.

Des responsables municipaux ont de leur côté multiplié les appels à la vigilance.

« Nous appelons les combattants qui se trouvent dans les positions libérées par l’ennemi d’Allah et les civils qui retournent dans leurs maisons à être prudents avec les engins explosifs » dispersés dans la ville », a déclaré un responsable des Tribunaux islamiques, Abdirahin Ise Ado.