23/03/10 (B543) ARD (Note d’information) Le sentier de tous les dangers : vers un nouveau déni de réalité ?

Le gouvernement, dans sa neuvième séance du conseil des ministres du mardi 16 mars 2010, a examiné et approuvé le projet de décret portant sur la publication des résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat.

Bouclé et bâclé en quelques mois, ce Recensement n’aura mobilisé que les fonds nécessaires pour sa publication à la veille des Présidentielles 2011 mais nullement les moyens humains nécessaires à une œuvre d’une telle ampleur et importance et encore moins les populations concernées.

La brève collecte des données du 2ème recensement général est censée servir d’instrument officiel d’analyse aux décideurs publics en les éclairant sur l’effectif de la population, ses différentes composantes, ses caractéristiques sociodémographiques, sa répartition géographique, et son évolution en vue d’une prise en compte dans la formulation des plans et programmes de développement.

Le journal gouvernemental La Nation nous apprend qu’ « au terme de la collecte, l’effectif total de la population s’élève à 818.159 habitants en république de Djibouti. La capitale compte 475.322 citadins.

Le chiffre représente 58,1% de la population totale, soit 6 personnes sur 10. Mieux, le nombre cumulé des habitants de Djibouti-ville et des chefs-lieux des régions de l’intérieur atteint le taux de 70,6% de la population totale, soit 7 personnes sur 10.

Déduction faite : le pourcentage des ruraux est de 30% sur l’ensemble de la population du pays. Bref, conclut-il, cette base de données géo-démographiques est un outil précieux pour l’élaboration de la politique nationale de développement, la planification des grands chantiers de demain… ».

C’est précisément la raison pour laquelle, la publication dans le « Journal Officiel » de ces chiffres fantaisistes constituera un déni de réalité en trop et l’engagement de l’Etat sur le mauvais sentier car visant à officialiser et justifier pour le long terme la politique de développement séparé en vigueur depuis l’Indépendance.

Cette publication viendra aggraver une politique de marginalisation systématique dont est victime une des principales composantes de la communauté nationale subissant déjà :

  • un déni de citoyenneté reconnu par le gouvernement comme cause de dix ans de conflit armé en signant avec nous un Accord de Paix qui, pour y remédier, avait prévu la création d’une commission mixte ad hoc chargée de délivrer les pièces d’identité aux ayants-droits…ainsi qu’aux spoliés des kaar-dhameer Tandis que plusieurs milliers de cartes nationales d’identité sont aujourd’hui prêtes à être sélectivement distribuées en prévision d’improbables Présidentielles en 2011.
  • une politique systématique de marginalisation de toute politique publique de développement des régions du nord et du sud-ouest
  • un refus de réhabiliter les zones affectées par le conflit armé (fait sans précédent dans l’histoire des conflits)
  • une sous-représentation systématique dans les institutions politiques et militaires à tous les échelons…
  • une annexion du territoire qu’elle occupe exclusivement par le changement arbitraire des délimitations des districts en 2002, qui s’est traduite par une expansion territoriale au profit du district d’Arta nouvellement crée au détriment des districts de Dikhil et de Tadjourah
  • le sulfureux programme d’expropriation et décasements des populations (non recensées) d’Arhiba et du P.K.12 visant à effacer toute visibilité de cette communauté dans la capitale. Programme, sans cesse reporté et qui attend pour être réalisé un contexte politique plus favorable, que l’A.R.D.combattra de toutes ses forces !
  • une famine organisée dans le nord et, plus grave et sans précédent :
  • des expulsions récentes des populations vivant dans l’ouest du pays vers l’Ethiopie voisine !

Parce que consciente que la Paix civile lui est redevable, déterminée à la sauvegarder malgré les permanentes provocations gouvernementales qui s’acharne à tout prix à déclencher une guerre civile, l’A.R.D. :

  • appelle le peuple Djiboutien à la vigilance et la mobilisation pour faire barrage à la discorde… par tous les moyens légitimes !!!
  • prend à témoins les bailleurs de fonds : leur inestimable contribution au développement du pays risque d’aggraver les causes du conflit. Et de le reconduire…

Mohamed Ali Abdou
Le secrétaire à la communication
et porte-parole de l’A.R.D.