09/03/11 (B593) Yémen Express – l’armée fait 98 blessés à l’université de Sanaa- Manifestation contre le président Saleh dans son fief au Yémen – Les femmes, actrices essentielles dans les révolutions arabes – l’opposition durcit le ton, six militaires tués – Des partisans de Saleh attaquent des opposants au Yémen – Saleh affaibli mais loin d’être évincé – le président Saleh ne veut pas quitter le pouvoir – incident armé dans le nord, forte mobilisation à travers le pays – l’opposition propose un plan de sortie de crise (9 articles)

_____________________ 9 – CyberPresse (Canada) avec AP

Yémen: l’armée fait 98 blessés à l’université de Sanaa

Ahmed Al-Haj – Associated Press

Des soldats yéménites ont tiré des balles de caoutchouc et des gaz lacrymogènes, mardi, contre les milliers d’étudiants qui campent sur le campus de l’université de Sanaa pour exiger la démission du président Ali Abdullah Saleh, faisant au moins 98 blessés, selon des responsables.

L’armée a donné l’assaut sur le campus de l’université quelques heures après que des milliers de prisonniers eurent déclenché une émeute dans une prison de la capitale, prenant une dizaine de gardiens en otages tout en appelant à la démission du président Saleh. Au moins un prisonnier a été tué et 80 personnes ont été blessées pendant que les gardes tentaient de reprendre le contrôle de la situation, selon la police.

Le Yémen est touché depuis plusieurs semaines par des manifestations anti-gouvernementales inspirées par les récents soulèvements en Égypte et en Tunisie. Ali Abdullah Saleh, un allié clé des États-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, est au pouvoir depuis 32 ans. Signe que les manifestations prennent de l’ampleur au Yémen, des graffitis appelant à la démission du président sont apparus mardi dans son village natal, Sanhan, pour la première fois depuis le début des manifestations.

Les étudiants de l’université de Sanaa campent sur le terrain de l’établissement depuis la mi-février, peu après le début des manifestations appelant à la démission du président.

Des responsables médicaux ont affirmé que plusieurs des 98 personnes blessées étaient dans un état grave. Ces responsables ont requis l’anonymat puisqu’ils n’étaient pas autorisés à diffuser l’information aux médias.

Des témoins ont rapporté avoir vu des véhicules blindés et des véhicules de transport de troupes se diriger vers la zone de l’université.

«C’est un massacre», a dit un porte-parole de l’opposition, Muhammad Qahtan.

«C’est un crime des troupes de sécurité contre les étudiants engagés dans un sit-in pacifique.»

Les manifestations se sont également poursuivies ailleurs dans le pays. Dans la ville portuaire d’Aden, dans le sud du pays, de nombreuses femmes se sont jointes aux manifestants après qu’un jeune protestataire eut été grièvement blessé par une balle reçue dans la tête lors d’une manifestation tenue la veille au même endroit.

Des dizaines de milliers de manifestants sont également descendus dans les rues de la province d’Ibb, appelant le gouvernement à traduire en justice les responsables des attaques meurtrières de dimanche. Des militants de l’opposition ont blâmé des «hommes de main du gouvernement» pour l’attaque contre les manifestants, qui a fait un mort et 53 blessés.

Dans une tentative de calmer la colère populaire, le président Saleh a appelé à la tenue d’un dialogue national après avoir eu des entretiens, lundi, avec de hauts responsables politiques et de la sécurité du pays. L’agence de presse officielle a indiqué que la conférence aurait lieu jeudi et qu’elle comprendrait des milliers de représentants de la scène politique yéménite.

Mais le leader de l’opposition, Yassin Said Numan, a affirmé qu’il n’y aurait aucun dialogue jusqu’à ce que le président Saleh accepte de démissionner d’ici la fin de l’année.

L’émeute dans la prison a éclaté lundi soir, quand des prisonniers ont incendié des matelas, occupé la cour de la prison et pris une dizaine de gardiens en otage, selon un responsable de la sécurité ayant requis l’anonymat.

Les gardiens ont fait usage de gaz lacrymogènes et ont tiré en l’air pour rétablir le calme, mais n’y sont pas parvenus, d’après ce responsable. La révolte des prisonniers était toujours en cours mardi après-midi, a-t-il précisé.

Des personnes vivant près de la prison ont affirmé avoir entendu des tirs et des explosions et ont indiqué que l’armée avait appelé des troupes en renfort.

Abdelrahman Burman, un avocat à la tête de l’organisation de défense des droits de l’homme Sajin, a affirmé qu’au moins un détenu avait été tué et que plus de 80 personnes avaient été blessées, dont 20 policiers et gardiens de prison.

Il a précisé qu’environ la moitié des blessés l’avaient été par balles, les autres souffrant de problèmes respiratoires causés par les gaz lacrymogènes.

Un responsable de la police a confirmé ces chiffres sous le couvert de l’anonymat.

________________________ 8 – L’Express avec Reuters

Manifestation contre le président Saleh dans son fief au Yémen

L’opposition au président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, s’est étendue mardi à une zone tribale considérée comme son fief, au sud de la capitale où l’armée a fait son retour.

Environ 10.000 personnes ont défilé à Dhamar, à 60 km de Sanaa, réclamant la fin de son règne de 32 ans, selon un habitant de la ville.

Dhamar est un bastion politique du président. Le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur en sont originaires.

"Dégage, dégage", criaient les manifestants, deux jours après un défilé de même envergure organisé par les partisans de Saleh.

À Sanaa, où des milliers d’opposants campent depuis plusieurs semaines, des véhicules militaires et de police se sont déployés dans les rues, avec des forces de sécurité en armes.

Le retour de l’armée fait craindre de nouvelles violences dans la capitale, qui était calme depuis plusieurs jours après des semaines d’affrontements ayant fait 27 morts au moins.

L’intensification de la campagne de l’opposition et une série de défections parmi les hommes politiques et chefs tribaux proches de Saleh ont accentué la pression sur le président.

Saleh, dont le pays est en outre confronté à une rébellion chiite dans le Nord, un mouvement sécessionniste dans le Sud et au regain d’activité d’Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), a répété qu’il ne partirait pas avant le terme normal de son mandat, en 2013.

_______________________ 7 – AFP

Les femmes, actrices essentielles dans les révolutions arabes

De Natacha YAZBECK

Les femmes, défiant tabous et stéréotypes, se sont imposées comme des actrices essentielles dans les différents soulèvements populaires qui secouent des régimes autocratiques du monde arabe.

"Les femmes ont joué et continuent à jouer un rôle à part entière dans les soulèvements et les révolutions dans la région, et ce qui est essentiel, c’est qu’elles sont là en nombre, physiquement, dans les rues", estime Nadim Houry, chercheur chez Human Rights Watch.

"C’est un signe d’espoir", dit-il, soulignant que les femmes "devraient maintenant jouer un rôle clef dans les nouvelles institutions issues de ces révolutions".

Que cela soit en jean-T Shirt ou drapées de noir, des dizaines de milliers de femmes ont fait entendre leur voix, dans les rues de Tunis, du Caire, de Manama ou de Sanaa, réclamant des réformes dans ces pays

A Bahreïn, où des milliers de manifestants majoritairement chiites réclament la chute de la dynastie sunnite des Al-Khalifa, les femmes ont participé en masse à la mobilisation, leur traditionnelles abayas formant un océan noir au sein des manifestations où hommes et femmes défilent séparément.

Dans des pays conservateurs, comme en Libye ou au Yémen, les femmes ont défié les normes sociales pour se joindre à la contestation, défilant dans la rue et parlant ouvertement aux journalistes, face caméra.

"Les femmes jouent un rôle essentiel dans la région (…) et elles ont été un facteur-clé pour le démarrage" de la révolution, estime Tawakoul Karman, une militante yéménite, fer de lance de la mobilisation féminine contre le président du Yémen Ali Abdallah Saleh.

"La révolution vise avant tout à renverser le régime. Mais elle a aussi permis de venir à bout de traditions archaïques, selon lesquelles une femme devait rester à la maison et en dehors de la politique", se réjouit-elle.

"C’est aussi une révolution sociale. Le rôle joué par les femmes permet de créer une nouvelle société. Au Yémen, la révolution a permis aux femmes de trouver une meilleure place," souligne-t-elle.

La parole des femmes ne s’est pas libérée seulement dans la rue.

Si des femmes de toutes les couches de la société ont défilé, les plus jeunes et les plus éduquées se sont aussi tournées vers les nouveaux médias, afin d’appeler au changement dans leur pays.

Asma Mahfouz, une jeune Egyptienne dont le blog vidéo appelant à la mobilisation a connu un énorme succès, est considérée comme l’une des voix ayant déclenché la révolte sans précédent qui a entraîné la chute du président égyptien Hosni Moubarak le 11 février.

"Si quelqu’un pense que les femmes ne devraient pas manifester, qu’il se comporte en homme et ose descendre avec moi dans la rue le 25 janvier", avait notamment lancé la jeune militante, voilée, dans une vidéo en arabe postée sur You Tube.

En Arabie saoudite, où il n’y pas eu de mobilisation massive, des voix commencent cependant à se faire entendre notamment sous des pseudonymes féminins, via Facebook ou Twitter.

"J’appelle les Saoudiennes à agir maintenant. Nos frères saoudiens nous ont trahies, car ce sont des lâches", écrit par exemple #SaudiWomenRevolution.

Si le futur paysage politique de la région est encore très incertain, les soulèvements ont révélé un mécontentement concernant le système tant politique que social, selon les analystes.

"L’important dans les soulèvements en Egypte ou en Libye par exemple, ce n’est pas seulement de se débarrasser du numéro un du régime, de chasser le dictateur", estime M. Houry.

"Il s’agit aussi de se débarrasser de tous les +-ismes+ qui font que cette région est à la traîne: sexisme, confessionnalisme…"

_______________________ 6 – AFP

Yémen: l’opposition durcit le ton, six militaires tués

De Hamoud MOUNASSER

L’opposition yéménite s’est déclarée dimanche déterminée à évincer le président Ali Abdallah Saleh, et le régime, qui refuse de céder, a accusé Al-Qaïda de trois attaques ayant coûté la vie à six militaires.

La veille, le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, avait rejeté une proposition de l’opposition prévoyant qu’il quitte ses fonctions avant la fin de l’année, alors que son mandat expire en 2013.

Dimanche, un porte-parole de l’opposition, Mohammad al-Sabri, a estimé que le refus du président, dont les appuis politiques se réduisent, signifiait pour lui qu’il n’y avait plus qu’une issue, "le départ".

Une foule nombreuse a poursuivi dimanche un sit-in devant l’université de Sanaa, entamé depuis le 20 février pour obtenir la chute du régime.

A Ibb, 200 km plus au sud, des manifestants ont été attaqués par des partisans du régime, et 61 d’entre eux ont été blessés, essentiellement à coups de couteaux, de pierres et de matraques, a annoncé un militant de l’opposition.

Des centaines de personnes favorables au Congrès populaire général (CPG), le parti au pouvoir, ont attaqué les manifestants sans que les forces de sécurité n’interviennent, a précisé Abdoulkarim Mohammed Ali, un organisateur local de la contestation.

La détérioration de la situation dans le pays a incité le Département d’état américain, qui suit avec inquiétude la situation au Yémen -un pays pauvre de la péninsule arabique où Al-Qaïda est active- à conseiller à ses ressortissants à quitter le pays.

Une note de conseil aux voyageurs autorise aussi le personnel non essentiel de l’ambassade américaine à partir.

Samedi, Londres a déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Yémen, en proie à "des violences croissantes", et appelé les Britanniques présents dans ce pays à partir si leur présence n’est pas indispensable.

Trois incidents séparés attribués à la mouvance d’Oussama ben Laden ont fait six morts dans trois régions du pays.

Dans la province de Maareb (170 km à l’est de Sanaa), un des fiefs d’Al-Qaïda, quatre membres de la garde républicaine (unité d’élite) ont été tués par des inconnus qui ont ouvert le feu sur leur camion, a indiqué un responsable local, selon qui "cette attaque ressemble à celles menées par le passé par Al-Qaïda".

Dans le sud du pays, un colonel des services de renseignement, Abdel Hamid al-Charaabi, "a été tué par deux membres d’Al-Qaïda" qui circulaient à moto à Zinjibar, chef-lieu de la province d’Abyane, selon un responsable local.

Dans la province sudiste du Hadramout, un deuxième colonel, Chayef al-Chouaïbi, a été abattu par des membres présumés d’al-Qaïda, circulant eux aussi sur une motocyclette, ont indiqué des témoins.

Dans le même temps, l’opposition a appelé "tout le peuple à intensifier les sit-in et les manifestations dans toutes les régions, afin (que le chef de l’Etat) n’ait plus qu’une seule option, le départ", selon le porte-parole de l’opposition parlementaire, Mohammad al-Sabri.

Le président yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, avait rejeté samedi une proposition de l’opposition, à travers une médiation de dignitaires religieux pour son départ avant la fin de l’année.

La position du président "signifie sa mort politique, et la rue est à présent notre unique recours", selon le porte-parole qui a annoncé la "fin du dialogue indirect à travers les dignitaires religieux".

Le régime yéménite est contesté depuis fin janvier avec des manifestations à Sanaa, Taëz, Aden et dans le reste du pays. Selon Amnesty International, au moins 27 personnes ont été tuées lors de ces manifestations.

_______________________ 5 – L’Express avec Reuters

7/03 Des partisans de Saleh attaquent des opposants au Yémen

Mohamed Ghobari, Bertrand Boucey pour le service français

Des partisans du président yéménite Ali Abdallah Saleh ont attaqué dimanche un campement d’opposants à Ibb, une ville au sud de Sanaa, ont déclaré des témoins et un chef de file des contestataires.

"Des groupes envoyés par le parti au pouvoir ont attaqué le siège des manifestants à coups de pierres et de bâtons et 25 personnes ont été blessées, dont six sont dans un état critique", a déclaré un responsable des manifestants.

_______________________ 4 – RTL avec Belga

5/03 Yémen: Saleh affaibli mais loin d’être évincé

Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a perdu d’importants appuis dans son pays, mais cet allié crucial des Etats-Unis dans la péninsule arabique peut encore survivre à la pression de ses opposants, assurent des analystes.

Au pouvoir depuis 32 ans, il est confronté à des manifestations quotidiennes qui exigent son départ, à Sanaa, Aden et dans d’autres villes de ce pays pauvre de quelque 24 millions d’habitants.

"C’est clair que sa situation est mauvaise", estime Christopher Boucek, un analyste du Carnegie Middle East Program, alors que de nouvelles violences entre rebelles chiites et forces de l’ordre ont fait quatre tués vendredi dans le nord du pays. Les formations de l’opposition se sont liguées contre M. Saleh, et elles ont été rejointes par des chefs d’importantes tribus, et par des séparatistes basés dans le sud du pays, qui contestent le rattachement au nord datant de 1990.

"Mais il est trop tôt pour annoncer que le président Saleh est fini", estime M. Boucek dans un entretien avec l’AFP. Le président Saleh, 68 ans, a pris le pouvoir dans le nord du pays en 1978. Avec la fin de la guerre froide, le sud marxiste et le nord tribal se sont retrouvés associés dans un état unitaire, dont il devenu président en 1990.

Depuis le début de la contestation, il s’est dit déterminé à rester au pouvoir jusqu’au terme de son mandat actuel en 2013, mais il a vu des alliés proches l’abandonner progressivement.

_________________________ 3 – RFI

5/03 Yémen : le président Saleh ne veut pas quitter le pouvoir

La pression monte dans les rues de Sanaa. Les affrontements entre les deux camps auraient fait plusieurs morts, le 4 mars 2011.

Le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a rejeté vendredi 4 mars 2011 le plan de l’opposition pour son départ du pouvoir d’ici la fin de l’année malgré la pression de la rue qui a mobilisé des centaines de milliers de personnes dans le pays, dont plus de 100 000 à Sanaa, la capitale où des affrontements auraient fait plusieurs morts.

Ali Abdallah Saleh refuse de signer sa feuille de sortie du pouvoir avant 2013, le terme de son mandat en cours. Ensuite, il ne se représentera plus, c’est promis. Son fils non plus ne sera pas candidat, c’est juré.

Ali Abdallah Saleh est même d’accord pour un dialogue national en vue de législatives qui pourraient voir la formation d’un gouvernement d’union nationale. Mais il ne cédera pas à la pression des manifestants qui, jour après jour et par centaines de milliers, demandent qu’il cède son fauteuil présidentiel d’ici la fin de l’année.

En revanche, Ali Abdallah Saleh a entendu la requête des imams en faveur de réformes constitutionnelles et judiciaires. Mais il est resté impassible face aux exigences de l’opposition de plus en plus composite qui rassemble désormais les partisans d’un islam politique, les rebelles chiites schismatiques du Nord et les sudistes socialistes ou indépendantistes, des sécessionnistes qui renoncent d’ailleurs provisoirement à leur mot d’ordre pour faire cause commune avec le reste de l’opposition.

Avec les groupes tribaux qui viennent de rallier la contestation, Saleh semblait avoir perdu un atout maître. Mais visiblement il garde la main sur l’armée et veut encore compter sur le soutien des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite.

______________________ 2 – AFP

Yémen: incident armé dans le nord, forte mobilisation à travers le pays

De Hammoud MOUNASSAR

Un incident dans le nord du Yémen, où sévit une rébellion chiite, a fait des victimes vendredi, et des manifestations d’opposants et partisans du régime ont eu lieu à Sanaa et dans le reste du pays.

Dans le même temps, l’opposition a considéré que la poursuite des violences équivalait à un rejet par le président Abdallah Ali Saleh, 68 ans, d’une offre de sortie de crise prévoyant qu’il quitte ses fonctions avant 2011.

Selon un responsable de l’administration locale dans la région de Harf Soufiane, à 170 km au nord de Sanaa, quatre personnes ont été tuées par des tirs de la police contre des manifestants et sept ont été blessées.

Des sources de la rébellion ont indiqué que des manifestants qui demandaient le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, ont été pris sous le feu d’une position militaire dans le quartier de Semla, dans la ville de Harf Soufiane.

Toutefois une source officielle, citée par l’agence Sabaa, a démenti cette version et parlé d’une attaque contre une position de l’armée faisant état de sept blessés, dont quatre soldats et trois assaillants.

La marche de Harf Soufiane avait été organisée à l’appel des rebelles zaïdites, adeptes d’une branche du chiisme, qui combattent le régime depuis 2004 et qui ont rejoint récemment la contestation contre le président Saleh.

"La poursuite de la répression (…) signifie pour nous un rejet sans appel de notre initiative", a déclaré à l’AFP, Mohammed Gahtane, un porte-parole du Forum commun, coalition de l’opposition parlementaire.

L’opposition et des chefs religieux ont proposé jeudi au président Saleh, dont le mandat expire en 2013, un plan de sortie de crise prévoyant son départ avant fin 2011.

A Sanaa, la journée a été marquée par deux rassemblements, l’un hostile et l’autre favorable au régime.

Devant l’université, épicentre de la contestation, des centaines de milliers de personnes, selon les organisateurs, ont participé à la prière hebdomadaire.

"Nous ne quitterons pas cette place jusqu’à la chute des corrompus et des tyrans", a déclaré dans son sermon cheikh Yahia Al-Doulaïmi en s’adressant à la foule compacte qui débordait de la grande place.

Les protestataires avaient baptisé la journée "Vendredi de la cohésion" pour souligner leur unité après que des rumeurs se sont répandues sur des divisions dans leurs rangs.

A quelques kilomètres de l’université de Sanaa, de nombreux partisans du régime ont prié sur la place Tahrir, après avoir scandé "Non au sabotage, non au chaos et oui au dialogue", a rapporté un correspondant de l’AFP.

Des responsables du parti présidentiel, le Congrès général populaire, ont affirmé durant la rassemblent avoir mobilisé des "centaines de milliers de partisans" à travers le pays.

A Aden, grande ville du sud, des dizaines de milliers de personnes ont participé à deux cortèges funéraires de trois manifestants tué par les tirs des forces de l’ordre ces dernières semaines, selon un correspondant de l’AFP.

Selon un bilan d’Amnesty International, 27 personnes sont mortes dans les violences qui accompagnent les protestations du Yémen depuis le 27 janvier, outre les quatre tués de vendredi au nord de Sanaa.

Des prières collectives, pendant lesquelles ont été répétés des appels au départ du président Saleh, se sont également tenues dans les villes de Taëz, au sud de la capitale, et à Hodeida, dans l’ouest, selon des habitants de ces deux grands centres urbains.

Après la prière, des marches ont eu lieu à Zinjibar, chef-lieu de la province d’Abyane (sud), et Ataq, capitale de la province de Chabwa (sud), aux cris "Saleh ennemi de dieu", selon des témoins et "non aux partis, notre révolution est celle des jeunes".

______________________ 1 – Nouvel Obs avec AP

03/03 Yémen: l’opposition propose un plan de sortie de crise

Une coalition de l’opposition propose un plan pour sortir de la crise politique au Yémen qui prévoit le départ d’ici la fin de l’année du président Ali Abdullah Saleh, a annoncé jeudi un porte-parole du groupe.

L’opposition a transmis le plan en cinq points au président Saleh et attend une réponse, a déclaré Mohammed al-Sabri. Le plan ne précise pas comment Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, devrait partir, mais l’opposition attend du président yéménite qu’il fasse une proposition, explique M. Al-Sabri.

L’opposition souhaite que le président Saleh "parte selon une feuille de route débutant par une solution-clé ou un programme pour son départ", souligne le porte-parole de la coalition. Ce programme devrait être "clair et honnête et ne devrait pas se prolonger au-delà de la fin de cette année".

Alors que le Yémen est secoué depuis des semaines par des manifestations contre le gouvernement Saleh, le plan de l’opposition demande une enquête sur les morts de protestataires, et des garanties pour le droit des Yéménites à manifester pacifiquement.

De leur côté, les étudiants qui se rassemblent depuis des jours à l’université de Sanaa promettent dans un communiqué publié jeudi de poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à la "chute" du régime et de "ses symboles corrompus". Ils demandent à l’armée et aux forces de sécurité de refuser de participer à toute opération visant à mater la "révolution".

Le président yéménite a promis de démissionner après les élections de 2013, mais son offre a été rejetée par les manifestants. Sa proposition de former un gouvernement d’union avec l’opposition a également été repoussée.