10/05/08 (B447) Romandie News avec AFP : Somalie: rencontre à huis clos du gouvernement et de l’opposition à Djibouti
NAIROBI – Des représentants du gouvernement somalien et de l’opposition dominée par les islamistes vont entamer samedi à Djibouti une conférence de réconciliation sous l’égide de l’ONU, a annoncé vendredi l’envoyé spécial des Nations unies pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah.
Sept représentants du gouvernement de transition du Premier ministre Nur Hassan Hussein se retrouveront avec sept membres de l’opposition en exil à Asmara, dominée par les islamistes.
Ces délégations discuteront à huis clos et « sans interférence extérieure », selon M. Ould Abdallah, c’est-à-dire sans la présence de représentants de la communauté internationale, hormis lors de la cérémonie d’ouverture.
M. Ould Abdallah, qui organise cette rencontre, a fait part dans un communiqué de son optimisme et s’est félicité de la volonté des deux parties de se retrouver à une même table.
La durée de la conférence n’a pas été arrêtée mais de source proche de l’organisation, on indiquait vendredi qu’elle n’excèderait pas une semaine.
« Vous faites la paix en premier lieu avec vos ennemis, pas avec vos amis », a rappelé M. Ould Abdallah, allusion à peine voilée à l’échec de deux conférences courant 2007.
La première, qui s’était achevée fin août à Mogadiscio, avait été boycottée par l’opposition qui avait organisé la sienne à Asmara et créé à cette occasion l’Alliance for the Re-liberation of Somalia (ARS, alliance pour une nouvelle libération de la Somalie), coalition politique visant à chasser les soldats éthiopiens du pays.
L’armée éthiopienne, venue soutenir à sa demande le gouvernement de transition somalien, a mis en déroute fin 2006-début 2007 les militants des tribunaux islamiques qui contrôlaient depuis plusieurs mois le centre et le sud de la Somalie, en guerre civile depuis 1991.
Les espoirs que font naître cette nouvelle « conférence de réconciliation » s’inscrivent dans un contexte de violences meurtrières.
Au moins 35 personnes, dont huit soldats éthiopiens, ont été tuées mercredi dans un regain de violences opposant troupes éthiopiennes et insurgés islamistes.
Les combattants islamistes ont promis de « venger la mort » de leur chef, Moalim Aden Hashi Ayro, tué le 1er mai dans un raid américain.
Le coordinateur humanitaire de l’ONU en Somalie, Graham Farmer, a déclaré qu’au moins 2,5 millions de personnes – incluant un million de déplacés – avaient besoin d’aide, mais que la violence empêchait les humanitaires de faire leur travail.
« Conscients que les besoins d’aide augmentent, nous nous engageons à développer notre aide partout où nous le pouvons. Cependant, il est extrêmement malheureux qu’en cette période de besoin extrême, la situation sécuritaire se détériore et menace nos capacités de réponse sur le terrain », a déclaré M. Fermier, dans un courrier aux autorités somaliennes.
« Nous avons besoin d’une meilleure sécurité pour apporter aux populations vulnérables l’aide dont elles ont besoin », a-t-il insisté, en demandant instamment aux notables et à toutes les parties au conflit de faciliter l’aide humanitaire.
Les radicaux du clan Hawiye, dominant en Somalie, et l’opposition islamiste avaient refusé de participer aux tentatives de réconciliation précédentes, en faisant valoir que les pourparlers devraient se tenir à l’extérieur de la Somalie et seulement après un retrait de l’armée éthiopienne.