29/07/2021 (Brève 1856) Biens mal acquis. Teodorin Obiang condamné, un signal pour tous les “voleurs des républiques africaines” (Yahoo/ Courrier international)

Lien avec l’article : https://fr.news.yahoo.com/biens-mal-acquis-teodorin-obiang-124138330.html

Article publié par WakatSéra (Burkina) signé par Morin Yamongbe

Mercredi 28 juillet, la justice française a estimé qu’elle était apte à juger le fils du président équato-guinéen dans l’affaire dite “des biens mal acquis”. Adepte du luxe, propriétaire d’hôtels particuliers à Paris, Teodorin Obiang voit ainsi sa condamnation confirmée. Un signe que ces puissants ne sont plus toujours protégés par la France, se réjouit cet éditorialiste burkinabé.

La Cour de cassation française a rejeté le recours déposé par Teodorin Obiang, mercredi 28 juillet. Ainsi, le fils du chef de l’État équato-guinéen [et vice-président de son pays] reste condamné à trois ans de prison avec sursis et à 30 millions d’euros d’amende pour blanchiment d’abus de biens sociaux et de détournement de fonds publics. Si un dernier recours s’offre au vice-président de la Guinée équatoriale, qui a la possibilité de saisir la Cour européenne des droits de l’homme, ce serait un miracle pour lui de ne pas perdre des plumes, pour ne pas dire ses jouets en or et ses malles d’argent, dans cette affaire.

Les ONG Sherpa et Transparency International [parties civiles dans ce dossier] n’entendent pas non plus baisser la garde, décidées à faire rendre gorge au “golden-boy” qui dévalisait les enseignes les plus chics : ses achats dépassaient l’entendement. Le fils de papa Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, actuellement le plus ancien président en exercice [depuis quarante et un ans], ne se privait de rien. Des voitures de collection aux joailleries de valeur astronomique, en passant par de vastes résidences, tout y passait. Notamment ce somptueux hôtel particulier de l’avenue Foch, dont la Guinée équatoriale se réclame propriétaire, sans doute pour éviter sa saisie par la justice française.

Même les aides issues de la coopération internationale sont détournées, sous forme de résidences luxueuses et palaces érigés sur les avenues les plus huppées [des villes européennes]. Le hic, c’est que ces détournements honteux de l’argent du peuple sont loin d’être une pratique méconnue des officiels des fameux pays partenaires. Mais à partir du moment où l’argent que ces “bons samaritains” ont donné retourne chez eux pour faire tourner l’économie nationale et financer des campagnes électorales, circulez y a rien à voir !

++ Épée de Damoclès

Mais l’autre face de la France fonctionne, elle aussi. Cette fois-ci, pour la cause des peuples. À travers ses associations de défense des droits de l’homme, cette France de Sherpa et Transparency International traque les bandits. Certes, cela n’a pas encore totalement anéanti les velléités des saigneurs des trésors publics africains, mais elle en décourage plus d’un et les pousse à être moins gloutons et plus discrets. Et c’est déjà cela de gagné. Si le nouveau mécanisme de restitution des avoirs des biens mal acquis fonctionne et que les fonds récupérés ne sont pas de nouveau détournés, ce sont les populations des pays spoliés qui pourraient avoir la chance de voir leur quotidien changer en mieux.

Certains soupçonnent que la chasse contre les biens mal acquis est un moyen pour les Occidentaux de se donner bonne conscience. Mais si elle se poursuit et ne se fait pas à la tête du client, ce sera une bonne épée de Damoclès sur la tête des dirigeants voleurs.