16/11/1999 – Women’s International Democratie Fédération : lettre à M Lionel Jospin, Premier Ministre français, sous la signature de Sylvie Jan

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Paris, le 04/11/99

M. Le Premier Ministre
Lionel Jospin

Monsieur le Premier Ministre,

nous nous adressons une nouvelle fois à vous pour solliciter de votre part une intervention d’urgence auprès des autorités de Djibouti concernant la situation des prisonniers politiques.

Nous vous informons que quarante cinq prisonniers djiboutiens ont repris une grève de la faim dans la prison de Gabode depuis le 19 octobre dernier. Ils avaient engagé en Mars – Avril derniers une grève de la faim pendant plus d’un mois. Ayant alors obtenu de nombreuses promesses pour leurs conditions de détentions mais aussi pour l’accès aux soins des prisonniers malades, ils avaient décidé d’arrêter cette grève. Plusieurs mois se sont écoulés et aucun changement n’a eu lieu. Nous sommes très inquiètes pour ces prisonniers et pour leur état de santé qui risque d’être encore affaibli par une nouvelle grève de la faim.

Aujourd’hui, Mohamed KADAMY, le mari de notre ami Aïcha DABALE, poursuit la lutte en prison pour protester contre son arrestation arbitraire et les conditions de détentions qui ne respectent pas les normes internationales et violent les droits humains les plus élémentaires. Ii est détenu sans jugement depuis 1997 à Gabode. M. KADAMY souffre d’une insuffisance rénale importante qui nécessiterait, selon le médecin qui l’a ausculté, une hospitalisation. Celle-ci a été refusée. Ses jours sont en danger.

Aïcha est très inquiète, elle connaît la prison de Gabode. Elle a été emprisonnée alors qu’elle était enceinte en 1997 uniquement parce qu’elle était femme d’un opposant du régime. Libérée grâce à la solidarité internationale de la Fédération démocratique internationale des femmes et de L’Association Femmes solidaires, Aïcha dénonce depuis son arrivée en France les injustices dont elle a été témoin. Les arrestations arbitraires sont courantes. Les soldats de l’année sont violents et commettent des viols en toute impunité. Les conditions de détention sont très dures pour les prisonniers.

La situation que connaissent ces prisonniers n’est pas tolérable. Nous nous associons aux demandes formulées par Aïcha DABALE et les prisonniers politiques de Gabode.

Nous demandons que soient libérés immédiatement les prisonniers détenus de façon arbitraire, que les conditions de détention respectent les conventions internationales. Les prisonniers malades doivent avoir accès aux soins.

Nous vous remercions pour l’attention que vous porterez à ce dossier. Nous espérons, compte tenu de la situation, qu’une démarche de votre part sera entreprise pour assurer à ces prisonniers politiques leurs droits et particulièrement la garantie d’accès aux soins.

Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, en l’assurance de mes salutations distinguées.

Sylvie JAN