28/01/2000 – L’AFADD et l’ARDHD proposent Maître AREF pour l’attribution du Prix Ludovic TRARIEUX qui sera décerné par l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Bordeaux.
Monsieur le Président
I.D.H.B.B.
Maison de l’Avocat
18-20, rue du Maréchal Joffre
33000 BORDEAUX
Tarbes, le 27 janvier 2000
Objet: I.D.H.B.B. Prix Ludovic Trarieux
Monsieur le Président et Cher Confrère,
J’ai l’honneur de proposer Me Mohamed Aref Mohamed pour le Prix Ludovic Trarieux de l’Institut des Droits de l’Homme du barreau de Bordeaux.
Me Aref, avocat au barreau de Djibouti, militant et défenseur des droits de l’homme, est victime depuis de longues années de la dictature de son pays.
Il a été l’une des chevilles ouvrières d’Amnesty International pour l’Afrique lors de la Conférence diplomatique de Rome qui a arrêté le statut de la Cour Pénale Internationale.
Radié du barreau dans le cadre d’un affaire monumentée de toute pièce par les autorités politiques et ordinales de Djibouti, il a été incarcéré durant 6 mois en 1999, après avoir subi le bagne en 1991.
Ses avocats français ont été privés de visa et d’autorisation de plaider malgré les termes de la convention de coopération judiciaire franco-djiboutienne et la présence d’un magistrat français auprès du ministre djiboutien de la Justice.
La Chancellerie et le Quai d’Orsay sont parfaitement au fait de cette situation mais n’interviennent qu’avec parcimonie et sans engagement aucun.
Bénéficiant d’une grâce présidentielle à l’occasion de l’accession au pouvoir de Ismaél Omar Guelleh, ancien directeur de cabinet du précédent président et ancien chef de la sécurité, il a été libéré le 9 mai 1999.
Me Aref, ne peut plus travailler et se voit déposséder de son passeport ce qui l’empêche de répondre à des propositions d’emploi à l’étranger.
Adopté comme prisonnier d’opinion par Amnesty International, l’Union Interparlementaire, l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme, le Conseil National des Barreaux de France etc…, Me Aref, en se voyant décerner ce prix, mettra son pays face à ses responsabilités, car il est à craindre qu’il ne soit pas autorisé à quitter le pays.
Marié et père de 4 enfants, Me Aref, franco-djiboutien, n’a pas obtenu satisfaction en s’adressant auprès de l’ambassade de France à Djibouti pour y être accueilli en sa qualité de Français, malgré son statut d’ancien enfant de troupes et son appartenance à une famille prestigieuse qui a donné de grands commis dont un ancien président du Conseil de Djibouti.
Une lettre ouverte signée par de nombreuses organisations de défense des Droits de l’Homme a été adressée au Premier Ministre Français pour en appeler à une décision politique de sa part.
Nous attendons vainement sa réponse.
Seul contre tous les pouvoirs, avec l’aide du peuple de Djibouti qui le soutient sans faillir, Me Aref parvient difficilement à survivre.
Lui qui n’a jamais ménagé son temps et ses revenus pour apporter son aide aux plus défavorisés, il connaît à présent auprès de ces-derniers la fraternelle chaleur de la solidarité des opprimés.
Je suis très heureux de pouvoir présenter la candidature de Me Aref, seule lumière de liberté sur le drapeau de son pays.
Dans l’attente de vous rencontrer,
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Bâtonnier et cher confrère, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Bâtonnier Roger-Vincent Calatayud
Président de la Commission des Droits de l’Homme
du Conseil National des Barreaux
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ARDHD
Maître Favreau
Président
I.D.H.B.B.
Maison de l’Avocat
18-20, rue du Maréchal offre
33000 BORDEAUX
Paris, le 27 janvier 2000
Objet: Prix Ludovic Trarieux
Monsieur le Président,
nous avons le plaisir de vous soumettre la candidature de Me Mohamed Aref Mohamed pour l’attribution du Prix Ludovic Trarieux et nous nous associons à la démarche de Me R-V CALATAYUD, Président de l’AFADD.
Me Aref, avocat au barreau de Djibouti, militant et défenseur des droits de l’homme depuis de longues années a été la victime des régimes dictatoriaux qui se sont succédés à Djibouti. Il faut savoir qu’il est l’un des seuls avocats djiboutiens à avoir accepté de défendre les dossiers des victimes de la dictature et qu’il s’est ainsi opposé au régime …
En 1991-1992, il a été emprisonné à titre » préventif » dans un fortin en plein désert, pendant 24 mois, avant d’être relaxé par la Cour d’Assises de Djibouti devant laquelle il était inculpé de Complot, d’attaque d’une caserne, …
Il a été mandaté par Amnesty International pour représenter l’Association lors de la Conférence de Rome statuant sur la création de la Cour Pénale Internationale en 1998.
En 1999, il a été emprisonné de nouveau pendant quatre mois aux termes d’un procès en correctionnel dans une affaire montée de toutes pièces, où les soi-disant plaignants / victimes ne s’étaient même pas fait représenter. Il a été torturé pendant un mois, enfermé seul dans les toilettes de la prison (1 M2) sans toit, sous le soleil de Djibouti.
Ses avocats français ont été privés de visa et d’autorisation de plaider malgré les termes de la convention de coopération judiciaire franco-djiboutienne et la présence d’un magistrat français auprès du ministre djiboutien de la Justice.
Au lendemain de sa libération, il a été radié à vie du barreau et il ne peut plus exercer sa profession. Son Cabinet a été mis en liquidation judiciaire. Son passeport lui a été retiré, sa maison est cernée par la police et il ne peut plus se déplacer sans une escorte des services secrets. Il a échappé à deux attentats à l’arme blanche. Il est harcelé en permanence : convocation à la gendarmerie, téléphone sur écoute, pressions sur ses amis pour qu’il évitent de lui rendre visite, etc..
Il a été élu Vice-Président de l’UIDH en novembre 1999.
Seul contre tous les pouvoirs, avec l’aide du peuple de Djibouti qui le soutient, Me Aref parvient difficilement à survivre et l’attribution du Prix Ludovic Trarieux présenterait le triple avantage de renforcer sa crédibilité internationale, de lui assurer une protection à Djibouti et de reconnaître officiellement son action et son courage en faveur des opprimés.
Je suis très heureux de soutenir la candidature de Me Aref, aux côtés de l’AFADD et je suis à votre disposition pour vous apporter toutes les informations complémentaires qui vous seraient utiles.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Jean-Loup SCHAAL
Président