09/06/2000 – La Conférence d’ARTA pour la Somalie – La fin du rêve pour M. GUELLEH ? Le ‘flou’ s’enlise dans le grotesque (Communiqué N° 11 de la LDDH)

LIGUE DJIBOUTIENNE DES DROITS HUMAINS
L. D. D. H.
Le Président NOËL ABDI Jean Paul
SIÈGE Q. V. BOULEVARD DE GAULE
B.P. 74 DJIBOUTI
DOM TEL : 253 358 007
BUR TEL : 253 357804
E-mail : noel_lddh@intnet .dj

NOTE D’INFORMATION N° 11/LDDH/2000 du 7 juin 2000

Le 2 mai 2000 s’ouvrait à Arta (environ 40 km de la capitale) une Conférence sur la Réconciliation et la Paix en Somalie. Dans certains milieux on insiste sur le fait que  » Cette conférence a été conçue et réalisée par le Président de la République de Djibouti.

Un mois après, est il possible de dresser un bilan concret sur cette conférence ? A notre avis, c’est non, pour la simple raison, que la Ligue Djiboutienne, ainsi que les autres défenseurs des Droits de l’Homme en particulier Maître Aref, qui est le Vice – Président auprès de l’UIDH, chargé de la région de la Corne d’Afrique, n’ont pas été sollicités, du moins à titre d’observateur, à assister à cette conférence importante. D’ailleurs seuls les conférenciers somaliens et organisateurs du gouvernement djiboutien étaient autorisés à participer et assister aux débats et différents contacts parallèles. Cette conférence a, semble – t – il bénéficié d’une large diffusion médiatique. Néanmoins, tous les djiboutiens, qui ne sont pas en mesure d’accéder aux antennes paraboliques ont eu le  » privilège  » de suivre les travaux de cette conférence à travers les écrans de la RTD, par des émissions spéciales et quotidiennes de deux heures (16h à 18h).

Pas un seul débat, pas un seul aperçu sur les prises des Décisions, encore moins, des résumés des points forts des travaux de cette conférence.
Une chose est sûr, cette masse de la population djiboutienne a largement bénéficié et a eu droit (charité bien ordonnée commence par soi) à la diffusion constante des éloges grandioses du Président de la République de Djibouti, assorties de chansons patriotiques très émouvantes et poignantes, et surtout des chansons et des poèmes, qui vous retournent le cœur, en vous faisant pleurer à chaudes larmes sur tout les méfaits du tribalisme, et ceci, tout à fait en contradiction avec l’orientation et les objectifs de la conférence somalienne.
Mieux encore le partage (imposé ou accepté) est strictement basé sur une nouvelle nomenclature tribale composée de cinq grandes branches qui déterminent et répertorient les tribus les plus importantes.
Cette nouvelle nomenclature est certainement très originale, mais quant à son efficacité ou tout au moins sa viabilité, alors ? That is the question !
I – Désarroi inquiétant à Arta

Certains responsables djiboutiens considèrent, qu’ils sont en passe à une période de désarroi. Ils ne savent plus exactement comment maîtriser les acceptations contradictoires, qui risquent fort de se transformer en des écueils dangereux à la  » navigation de cette réconciliation « . Ce qui expliquerait, peut être, les agissements et surtout les déclarations brutales et intempestives du patron de la diplomatie djiboutienne.
C’est sur cette toile de fond du désarroi, que nous allons essayer de vous soumettre une approche, qui va s’articuler sur quelques points.
1) Objectifs de cette conférence et critères de choix des délégués.
2) Méthodes de travail et les difficultés rencontrées

3) Les premières Décisions
4) Les réactions et leurs impacts

1 Objectifs de cette conférence et composition

L’objectif de cette conférence est d’instauré à nouveau les structures d’un État somalien avec la nomination des membres d’un parlement, d’un Président de la République par un  » Grand électeur  » lui même choisi par des dirigeants coutumiers tels que le Ugaas, Salaadin, Bogor, Imans, Mahagyad, Wabarred etc…
C’est ainsi qu’à la conférence à Arta, après un symposium des intellectuels de tout horizon qui s’était tenu dans la capitale, la première phase des discussions et des contacts a eu lieu à Arta. Dès le début, les organisateurs djiboutiens nous ont informé, que pour cette première phase, les conférenciers seront composés par des dirigeants coutumiers.

2 Organisation, les méthodes de travail et les difficultés les plus choquantes.

Dès l’ouverture des travaux, l’organisation proprement dite a été prise en charges par le gouvernement djiboutien. Quant aux conférenciers, ils ont fixés deux méthodes de travail, à savoir :
– Que les échanges de points de vue, les débats, ainsi que l’adoption des décisions qui en résultent, doivent faire l’objet de séances plénières et en présence des conférenciers.
– que dans le cadre des réconciliations entre certaines tribus, des réunions parallèles pourront avoir lieu uniquement entre les tribus concernées.
Évidemment, comme tous les participants sont isolés à Arta, il ont donc tout leur loisir de continuer et d’approfondir les contacts et les échanges des différents points de vue.
Il est important de citer les difficultés, les plus choquantes sur l’organisation.

a) Sur l’organisation administrative

Dans de telle conférence, où il est important de connaître la ou les positions de chaque conférencier et/ou des groupes des conférenciers, il est important et pratiquement indispensable de procéder à l’enregistrement systématique de tous les débats des séances plénières et l’établissement des procès verbaux dont la transcription doit être fidèle aux débats enregistrés.

Afin de créer un climat de confiance, il est tout à fait logique et nécessaire, d’exiger la transparence des débats, au moins par l’établissement régulier et périodique ( une fois par semaine par exemple) de Compte rendu analytique, qui aurait pour résultat majeur, celui d’influer sur la bonne compréhension du problème somalien et servir de support à la mobilisation des mass – média et dynamiser le renforcement du soutien de la Communauté Internationale, de même que des bailleurs de fonds, car la transparence des informations ne peut être que bénéfique et elle permet, à ceux qui veulent vraiment aider le peuple somalien, à se préparer aux différentes évolutions, même si elles peuvent paraître minime. Quant au nombre, des chefs coutumiers, il est réparti à part égal, entre cinq branches des grandes tribus somaliennes soit trente par branche, avec un total de 30X5 = 150 conférenciers. Et ceci, pour la première tranche de cette Conférence.
Toutefois, le nombre des participants et invités somaliens varie de 800 à 1200 personnes.
On peut donc considérer que les 150 conférenciers étaient renforcés en réalité par 800 à 1200 participants somaliens.
Dans le domaine de l’organisation de la logistique, la gestion des fonds n’est vraiment pas transparente, il est même difficile de connaître d’où proviennent les fonds. Toutefois le Comité de logistique a réussi à assurer l’intendance depuis le début. Seul un incident regrettable, mais grave, car on déplore cinq blessés, a eu lieu entre les forces de police et le personnel mis à la disposition des participants (femmes de ménage, serveurs, etc..)

3 les décisions

Compte tenu, du manque de documents écrits, et tenant compte du flou ou plutôt des différentes interprétations, nous vous soumettons deux décisions qui ont été formulées, mais dont personne est en mesure d’indiquer laquelle, des deux, a été retenue.
Le nombre, des membres de la prochaine Assemblée qui devrait débutée ses travaux le 6 juin 2000, ce compose de ces deux manières :

Par ordre alphabétique :
A :
1) Darod 130 + 22 femmes
2) Dir 130 + 22 femmes
3) Hawiyé 130 + 22 femmes
4) Issak 130 + 22 femmes
5) Raxawen 130 + 22 femmes
Total 152 x 5 = 760 délégués

B : 1) Darod 130 + 22 femmes
2) Dir 130 + 22 femmes
3) Hawiyé 130 + 22 femmes
4) Raxawen 130 + 22 femmes
5) Others 65 + 11 femmes
Total 152 x 4 + 76 = 684 délégués.

4 Les réactions et leurs impacts

nous vous présentons une traduction, sous forme de résumé, de l’interview du Président du Somaliland S.E. Ibrahim Hadji Egal à la BBC section somalie le 3 juin 2000.
De même que l’interview, toujours à la BBC du Président du Puntland S.E. Abdillahi Youssouf. Cette interview a eu lieu le 7 juin 2000.

a) S.E. I. H. Egal
nous ne sommes pas contre la dite Conférence mais nous avions simplement rejeté les méthodes proposées par le pays hôte. Le président a démenti catégoriquement son opposition à la réconciliation nationale somalienne et il considère ceci comme une propagande Internationale de son homologue Djiboutien.
La Somaliland préconise la tenue d’une conférence de l’ancien Somalia pour pouvoir élire des représentants pour cette partie de la Somalie.
Quel conseil suggérez vous ?
nous proposant au somalien de préparer le terrain et de mettre en place les structures adéquates, tout en respectant les résolutions et les conclusions du groupe des intellectuels et des sages de la communauté somalienne. On n’anticipant pas les décisions prises hors du terrain, afin de préserver l’intégrité et le bien être de tous.

b) S.E. Abdillahi Youssouf
A indiqué, qu’à la suite des réunions répétées de notre Parlement et du Conseil des sages, nous avons décidé le retour de notre délégation pour consultation et nous vous avons demandé à Monsieur le Président Ismael Omar Guelleh de garantir la sécurité de notre délégation, ainsi que leur droit à la liberté de tenir une conférence de presse, de même que le droit d’aller et de venir. Il a précisé que cette délégation n’était pas habilité à poursuivre la suite de cette Conférence, mais était uniquement chargée de la première phase des travaux. La délégation du Puntland a demandé de regagner leur pays pour consultation. Si dans les 24h qui suivent, elle est toujours retenue à Djibouti, nous serons dans l’obligation de les considérer comme pris en otage et nous serons contraint de prendre toutes les dispositions qui s’imposent, par les voies et les règles d’un État souverain.

II – En marge de cette Conférence somalienne.
Quelle est la situation du citoyen djiboutien ?

 » Qu’a tu fais citoyen djiboutien pour ton peuple ?  »
Après un peu plus d’un an des élections présidentielles, et en ces périodes de crises aiguës, cette question devrait être posée et argumentée, à notre avis, au Premier Magistrat – Chef du Gouvernement – Président du Parti Politique au Pouvoir – Chef des Armées etc…

Certes, il est vrai, que ce n’est pas à nous de polémiquer sur cette question, alors nous allons prochainement nous contenter à vous énumérer, en les localisant, certains secteurs de crises de haute tension, source des conflits, et qui malheureusement, jusqu’à présent n’ont pas pût trouver des solutions de règlements. Peut être par manque de temps, peut être par manque de volonté politique, peut être par peur de l’inconnu, par peur de prendre des décisions politiques, peut être par l’isolement ou la concentration de tous les Pouvoirs de l’Etat sur une seule personne ( concentration dangereuse qui ne peut qu’engendrer un système dictatorial) ou peut être, tout çà, à la fois.

Afin de ne pas alourdir cette note, nous préférons réserver cette analyse pour une date ultérieure.