04/04/02 RSF Liberté de la presse en Erythrée : dix journalistes en grève de la faim

RSF
demande leur libération immédiate

Reporters
sans frontières (RSF) exprime sa plus vive préoccupation
après l’annonce du début d’une grève
de la faim par dix journalistes actuellement emprisonnés
en Erythrée. L’organisation exhorte les autorités
à procéder à leur libération immédiate.
"Ils sont détenus dans des conditions très
pénibles et nous nous inquiétons pour leur état
de santé", a déclaré Robert Ménard,
le secrétaire général de RSF. "Ces
journalistes n’ont fait qu’exprimer leurs opinions et rien
ne justifie leur détention prolongée. A notre
connaissance, ils ne sont pas inculpés et leur détention
est arbitraire et illégale", a-t-il ajouté.
Selon RSF, l’Erythrée est aujourd’hui le seul pays
du continent africain sans presse privée.

RSF a
également rappelé qu’elle avait déposé
une demande de visa auprès de l’ambassade d’Erythrée
à Paris, il y a plusieurs mois. A ce jour, l’organisation
n’a reçu aucune réponse.

Selon
les informations recueillies par RSF, dix journalistes de
la presse privée ont entamé une grève
de la faim le dimanche 31 mars 2002. Dans une lettre diffusée
depuis leur prison, ils déclarent vouloir ainsi protester
contre leur détention illégale et réclament
"leur droit à la justice". Ils demandent
notamment un procès devant un "tribunal équitable
et indépendant".

Les dix
journalistes qui ont entamé la grève de la faim
sont : Yusuf Mohamed Ali, rédacteur en chef de Tsigenay,
Mattewos Habteab, rédacteur en chef de Meqaleh, Dawit
Habtemichael, également de Meqaleh, Medhanie Haile
et Temesgen Gebreyesus, respectivement rédacteur en
chef adjoint et membre du conseil d’administration de

Keste
Debena, Emanuel Asrat, rédacteur en chef de Zemen,
Dawit Isaac et Fessehaye Yohannes, du journal Setit, Said
Abdulkader, du magazine Admas, et un photographe indépendant,
Seyoum Tsehaye.

Le 18
septembre 2001, le gouvernement a ordonné la suspension
immédiate de tous les titres de la presse privée.
Dans les jours qui ont suivi, une dizaine de journalistes
ont été arrêtés et conduits au
poste de police n°1 d’Asmara. On leur reprochait notamment
d’avoir publié des interviews de responsables politiques
qui avaient publiquement appelé à des "réformes
démocratiques" dans le pays. Ces derniers ont
également été interpellés par
les forces de l’ordre.

Par ailleurs
RSF a rappelé qu’un autre journaliste, Simret Seyoum,
directeur général de Setit, est détenu
depuis le 6 janvier 2002 dans un lieu inconnu. Il a été
arrêté alors qu’il tentait de se réfugier
au Soudan. Plusieurs dizaines de journalistes érythréens
ont fui leur pays ces dernières années pour
échapper aux représailles de l’Etat.

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