13/03/02 Réactions au communiqué du FRUD -«Je rejette la proposition de maintien d’éléments armés dans le Nord du pays» (Lecteur)

La société
djiboutienne qui a connu les affres d’une guerre fratricide, une décennie
durant, bien souvent seule, entend aller le plus loin possible sur
le double chemin de la paix et de la démocratie. Et elle connaît
la valeur de l’une et de l’autre parce qu’elle sait non seulement
d’où elle vient, là où elle a été,
mais aussi ce
qu’elle a parcouru et surtout ce qui lui reste à faire.

A l’évidence,
ni la paix ni la démocratie ne sont encore des données
achevées mais des processus complémentaires qui progressent
et parfois reculent selon l’état des forces agissantes, des
formations politiques, de la société civile. Ce qui
est absolument sûr, c’est que l’une et l’autre sont devenus
des projets
indispensables à une nation résolument tournée
vers la concorde et l’avenir.

En tentant d’éviter
autant que faire se peut les dérives et les dérapages
du passé et de faire en sorte que l’émergence d’un Etat
de droit et la réhabilitation de l’élite et du politique
doivent se faire avec le moins de heurts possibles, parallèlement
aux grands chantiers économiques.

Mais tout à
fait balbutiant parce que encore à ses débuts, si l’on
tient compte des attentes, des besoins, des tâches qui restent
à accomplir. Dans ce sens, il faut peut-être relever
l’importance accordée jusque-là à des valeurs
fondatrices telles que le dialogue, la solidarité et l’intérêt
général. Depuis peu, il est vrai, ces valeurs commencent
à s’imposer comme règle de conduite. Et il n’est pas
étonnant que
la fonction de consultation par exemple fasse l’objet d’un examen
particulier dans le cadre du séminaire de réflexion
sur l’action gouvernementale du 3 au 9 février dernier, parce
qu’elle permet une plus grande participation des différents
acteurs à
la prise de décision et limite, si elle ne met pas fin, les
phénomènes de l’exclusion et de l’exclusive qui alimentent
les extrêmes et encouragent le désordre social.
Dans les conflits les plus récents, l’exécutif a cherché
dans le dialogue, la réponse aux questions qui se sont posées,
avec des résultats inégaux et nous sommes persuadé,
à juste titre d’ailleurs, que c’est la démarche à
suivre et à consolider même si parfois , si ce n’est
souvent , la communication a manqué laissant la place à
la désinformation et à l’intox, ces anti-chambres des
archaïsmes
renaissants.

A l’évidence,
il n’appartient pas au Chef de l’Etat à lui seul, au gouvernement
djiboutien, aux institutions de la République, mais à
l’ensemble des acteurs et des partenaires de faire de ces valeurs
le fondement de la république de Djibouti , d’ancrer dans les
esprits les vertus du dialogue et de l’écoute et de rejeter
de façon systématique l’appel à la violence et
à la confrontation militaire.

Nous gagnerions
certainement du temps et de l’énergie , et surtout nous épargnerions
à notre société d’autres fractures et d’autres
douleurs , si nous passions notre temps et si nous mobilisons nos
intelligences à prospecter et à affiner davantage les
moyens de pouvoir discuter avec humilité, mener un débat
contradictoire, dans la sérénité, sans s’affronter
ni s’insulter.

D’autant plus
que l’on veuille ou non, nous sommes condamnés à vivre
ensemble au sein de la même société, au sein de
la même nation et que le progrès de la collectivité
ne peut que bénéficier au bien-être de l’individu.

C’est pour cela
que je rejette l’appel de Mr Kadamy pour le maintien des éléments
armés dans le Nord du pays.