02/07/02 : LE STATUT DE DJIBOUTI EN QUESTION

Après
les déclarations du président Ismaël
Omar Guelleh sur la nécessité de la révision
des accords de défense signés en 1977 entre
la France et Djibouti, l’opposition locale crie à
la  » gesticulation  » et à  » l’inconséquence
« . (Par Mohamed Berkani sur Afrik.com)

 »
Nous pensons qu’il faut réviser les accords après
25 ans, surtout côté retombées économiques
« ,
a déclaré le président
de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, à l’Afp.
Djibouti abrite la plus importante base militaire française
en Afrique.

La
France, ancienne puissance coloniale, y entretient un
effectif de 2 735 militaires, dont 1 576 hommes en permanence.
Depuis les attentats du 11 septembre dernier, Djibouti,
de par sa situation stratégique à l’entrée
de la Mer Rouge, a les faveurs des Etats-Unis qui veulent
contrôler la Corne africaine. Ce petit pays à
la frontière de l’Afrique et de la péninsule
arabique jouxte notamment la Somalie, soupçonnée
d’abriter des réseaux proches de Ben Laden.

Les
accords de défense, signés en 1977 entre
Djibouti et la France, ne sont pas pour autant remis en
cause. Retombées économiques L’impact économique
de la présence des Forces françaises de
Djibouti et de leur famille est estimé pour l’année
2001, par l’armée française, à environ
128 millions d’euros, soit 25% du produit intérieur
brut (PIB) de Djibouti, ou encore 65% du budget du pays.

La
décision unilatérale du président
djiboutien déclenche la colère de son opposition.
 » Ce revirement n’engage que le président.
Le peuple est satisfait de ces accords. Il se trompe s’il
croit que les Américains veulent changer ces accords.
Economiquement, l’aide française représente
30% du PIB et le budget de notre armée est pris
en charge par Paris ! Ces déclarations ne sont
que de la gesticulation. Le président a demandé
20 millions de francs à la France pour son propre
profit et n’en a eu que 12, d’où ces sautes d’humeur
« , analyse Daher Ahmed Farah, président du
Parti du renouveau démocratique (PRD
).

Boudé
par l’ancien Premier ministre français, Lionel
Jospin, lors de son séjour parisien, le président
djiboutien compte sur le nouveau gouvernement pour remettre
les relations à plat. Le chef d’Etat ne remet toutefois
pas en cause la présence militaire française.
 » Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus sereins
que par le passé.

Nous
avons en face de nous un gouvernement qui a toutes les
rênes et qui, pour cinq ans, peut signer des engagements
et avec lequel on peut se mettre d’accord s’il y a modification
ou réforme ou révision « . La France
restera à Djibouti L’effectif des Forces françaises
à Djibouti (FFDJ) est passé d’environ 3
500 en 1999 à 2 735 en 2002. L’armée française
explique cette réduction par la professionnalisation
des armées.

 »
Ce n’est pas un désengagement de la France de l’Afrique
ou un désintérêt. Notre matériel
est moderne, puissant et efficace. L’effectif est stabilisé.
Je n’ai pas connaissance de réduction des forces
à l’avenir « , explique à l’Afp le commandant
en chef des Forces françaises à Djibouti,
le général Alain Bevillard.

En
clair, la France entend bien rester à Djibouti.
 » Le 27 juin dernier, pour la première fois
dans l’histoire de notre pays, deux détachements
français ont défilé aux côtés
de notre armée à l’occasion de l’anniversaire
de notre indépendance. Ils ont été
chaleureusement applaudis par la population, au grand
mécontentement du président « , note
Daher Ahmed Farah.
Paris n’a pas encore réagi
aux déclarations du président Ismaël
Omar Guelleh.