28/09/02 Dans un communiqué commun, l’opposition unie, le GED et l’ARDHD se posent des questions de fond sur l’assistance et le soutien que la France pourrait accorder à Guelleh lors de sa visite officielle à Paris

Paris et Bruxelles,
le 28 septembre 2002

COMMUNIQUE DE PRESSE

Qui est Monsieur
Ismaël Omar Guelleh, que la France s’apprête à recevoir
officiellement, en qualité de Président de la République
de Djibouti ?

La France s’apprête à accueillir Monsieur Ismaël Omar
Guelleh. Il devrait être reçu par Monsieur Jacques Chirac,
Président de la République française, par le Premier
Ministre et par les Présidents du Sénat et de l’Assemblée
nationale.

A cette occasion, l’opposition djiboutienne unie, le Gouvernement en
Exil de Djibouti, qui siège à Bruxelles, avec le soutien
de l’Association pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti
(ARDHD), rappellent que Monsieur Ismaël Omar Guelleh n’est pas
un personnage très recommandable.

Des interrogations
de fond se posent à l’occasion de cette visite sur les véritables
motivations et objectifs de la France ?

Le régime
djiboutien actuel : la négation des Droits de l’Homme, de la
Justice et la suppression de toutes les libertés fondamentales.

Citons deux exemples représentatifs des monstruosités
qui sont commises, chaque jour, par ce régime sans humanité
:


Le 18 décembre 1991, Monsieur Ismaël Omar Guelleh a ordonné
une action militaire dans le quartier d’Arriba à Dji-bouti
: plus de 59 femmes, vieillards et enfants ont été rassemblés
au centre du quartier et tués de sang froid en quelques minutes.
Seule l’intervention
des Forces françaises a permis d’éviter un bilan encore
plus catastrophique.

– Juin 2000, la communauté internationale horrifiée
découvre, grâce aux informations vérifiées
fournies par une ONG, que 29 enfants en majorité mineurs sont
incarcérés dans la sinistre prison de Gabode avec les
adultes et qu’ils sont soumis à des sévices et à
des viols. La mobilisation internationale, y compris celle de la Présidente
du Parlement européen aboutit à leur soi-disant libération,
car personne ne sait ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, ni même
s’ils sont encore vivants.

Des soupçons
graves pèsent sur le Chef de l’état djiboutien dans deux
affaires pénales, que la Justice française instruit :

– la mort suspecte
du juge Borrel, dont le cadavre a été découvert
à moitié calciné dans un endroit désert,
– l’attentat du Café de Paris, où le jeune fils d’une
famille de militaires a perdu la vie,

– … sans compter les nombreux meurtres ou les disparitions étranges
de personnalités politiques et d’opposants, dont celles d’un
ancien général, prisonnier, à qui le Président
a refusé les soins médicaux nécessaires (dialyse
rénale), en violation des recommandations du corps médical
et de l’avis du Procureur de la République.

Aujourd’hui,
la situation est alarmante à Djibouti.

– les détournements
massifs et avérés des fonds publics et des aides internationales,
dont celles de la France, ont conduit le pays à une véritable
situation de ruine économique. Les fonctionnaires subissent
des retards de salaire qui peuvent atteindre neuf mois, le chômage
a dépassé des seuils ahurissants.
– Il n’y a pratiquement plus d’activité économique dans
la République et les élites quittent le pays en masse
pour demander un asile souvent justifié, en Europe, aux USA
et au Canada.
– les droits de l’homme sont bafoués en permanence : arrestations
illégales, tortures, emprisonnements sans jugement, viols,
exécutions sommaires, sont le lot quotidien des Djiboutiens
qui ne peuvent plus s’exprimer, sans risquer l’intervention immédiate
et répressive de la police politique.

Le pays est
au bord du chaos. La situation devient explosive et on peut craindre
à tout moment une révolte populaire, dont les conséquences
sont imprévisibles, mais dont le bilan en vies humaines pourrait
être catastrophique.

Des questions
de fond se posent :

Djibouti abrite
actuellement de nombreuses forces militaires : françaises (restées
sur place après l’indépendance), allemandes, américaines,
néerlandaises, des détachements italiens et espagnols
et probablement un poste d’écoutes israélien.
Il semble évident que Djibouti pourrait avoir un rôle à
jouer en tant que base arrière, si des opérations militaires
devaient être effectuées contre l’Iraq ou d’autres pays
qui pourraient abriter des réseaux terroristes liés aux
organisations de Ben Laden.

– Est-ce une
raison suffisante pour accueillir officiellement un dictateur indigne,
dont les actes criminels pourraient lui valoir un renvoi devant la
Cour pénale internationale ?

– La France
doit-elle continuer à soutenir diplomatiquement et financièrement
ce régime qui asservit sa population et qui trahit tous ses
engagements ?

L’opposition
djiboutienne unie, le Gouvernement en Exil de Djibouti et l’Association
pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti (ARDHD) lancent
un appel solennel à la Communauté internationale et au
Gouvernement français pour qu’ils cessent d’accorder aides et
soutien à un régime dictatorial indigne, coupable de crimes
contre l’humanité.

Le Peuple français
ne peut plus fermer les yeux devant le malheur d’un Peuple ami : le
Peuple djiboutien, avec lequel il a entretenu depuis plus d’un siècle,
des relations d’amitié fortes, de compréhension mutuelle
et de développement.

La France a les moyens de jouer un rôle
majeur à Djibouti et elle doit assumer ses responsabilités
pour éviter une guerre civile et un embrasement généralisé
dans la région.

Elle
a la légitimité pour mettre en œuvre tout ce qui
sera possible et nécessaire pour restaurer la Démocratie,
la Justice et les Libertés fondamentales des Djiboutiens, mais
elle n’est pas légitime pour faire l’inverse.

____________________________
Rappelons enfin que le Régime dictatorial de M Guelleh a déjà
fait l’objet de deux condamnations par le Parlement européen,
d’abord le 18 décembre 1997 puis le 6 mai 1999 :

Extrait AFP du Jeu 06 Mai 99 – 18h07 GMT
STRASBOURG (Parlement européen), 6 mai (AFP) –

Les députés
européens ont condamné jeudi à Strasbourg les "violations
des droits de l’Homme" à Djibouti et exigé du gouvernement
de ce pays qu’ils prennent les "mesures nécessaires"
pour y mettre un terme.

Dans une résolution,
le Parlement européen s’inquiète tout particulièrement
" des traitements actuellement réservés aux détenus
des prisons de Djibouti, notamment celle de Gabode " et "
demande que les soins nécessaires soient donnés de toute
urgence aux malades et blessés emprisonnés ".

La résolution
"demande avec insistance au gouvernement djiboutien de libérer
tous les prisonniers politiques et de garantir aux autres détenus
la tenue dans les plus brefs délais d’un procès juste
et équitable".

Les députés
européens demandent "au président récemment
élu, Ismaël Omar Guelleh, de prendre toutes les mesures
nécessaires pour garantir les droits de l’Homme et l’état
de droit dans son pays, conformément à ses promesses électorales".

Ils appellent les
autorités djiboutiennes "à relancer le dialogue politique
nécessaire au rétablissement d’un climat de confiance
dans le pays".

L’OBSERVATION DE LA SITUATION ACTUELLE ET DE SON ÉVOLUTION
NOUS LAISSENT PENSER, CONTRAIREMENT AUX AFFIRMATIONS OFFICIELLES, QUE
LE RÉGIME N’A PAS PRIS ACTE DES CES RÉSOLUTIONS SOLENNELLES
ET QU’IL CONTINUE À VIOLER LES DROITS DE L’HOMME EN PERMANENCE.