18/10/02 Une dépêche AFP fait le point sur les problèmes de l’enseignement, le recours à des enseignants étrangers et la fuite des enseignants nationaux.
Dans un numéro précédent, nous avions évoqué ce point dramatique sous le titre humouristique ‘Enfin un Ministre qui tient ses promesses à Djibouti !’
Cette dépêche de l’AFP vient confirmer tous les points qui avaient été développés dans notre article.
___________________________________Extrait AFP
Djibouti recrute de plus en plus d’enseignants de pays francophones
DJIBOUTI, 18 oct (AFP) – Djibouti, seul pays de langue française de la Corne de l’Afrique, a de plus en plus recours à des enseignants de pays francophones, de France et aussi d’Afrique, pour pallier une pénurie d’enseignants djiboutiens.
Quelque 42 enseignants tunisiens sont arrivés début octobre à Djibouti, selon des chiffres récemment fournis sur place par la direction de l’Education nationale.
Ils ont rejoint une vingtaine de collègues malgaches, une trentaine de Sénégalais ainsi que 56 professeurs français recrutés par la Mission de coopération et d’action culturelle.
D’autres enseignants de divers pays africains francophones exercent également dans l’enseignement privé, mais leur nombre reste imprécis.
Dans cette ancienne colonie française, indépendante depuis 1977, l’enseignement dans les écoles primaires et secondaires se fait en français, malgré une introduction récente de l’arabe.
Le recours à des enseignants francophones étrangers, rémunérés par le ministère djiboutien de l’Education nationale sur subventions extérieures, de la Banque Mondiale ou de l’aide bilatérale, s’explique par l’importante « évasion » d’enseignants djiboutiens.
Ces derniers préfèrent partir vers d’autres cieux en raison de la crise économique que traverse le pays et des arriérés de salaires qui s’accumulent. Dans l’enseignement public, ils réclament actuellement quatre à cinq mois d’arriérés.
« Même s’il s’agit d’un problème économique plutôt que politique, les autorités concernées se sont refusé jusqu’ici à reconnaître l’ampleur du problème et ont essayé de trouver des palliatifs », estime Abdourahman, enseignant dans le primaire et qui a voulu garder l’anonymat.
Il cite l’exemple d’élèves de terminale, rapidement titularisés en tant qu’enseignants du primaire, sans passer par l’Ecole normale, qui forme en principe les maîtres d’école.
D’anciens instituteurs sont également « propulsés » dans les collèges, et « la qualité de l’enseignement en pâtit », affirme-t-il.
« La situation devient intenable dans un pays où les prix flambent et où l’on ne parvient pas à payer les loyers ou factures d’eau et d’électricité », assure-t-il.
« Faute de pouvoir faire des économies, certains enseignants malgaches sont partis cette année », souligne-t-il.
Dans un entretien avec l’AFP, début octobre, le ministre délégué à la Coopération, Mahmoud Ali Youssouf, avait indiqué que 52% des étudiants djiboutiens bénéficiant de bourses d’études à l’étranger ne regagnent plus le pays depuis quelques années.
Selon le ministre, cette « fuite des cerveaux » ainsi que la baisse de l’assistance technique française au cours des cinq dernières années ont incité les autorités du pays à réclamer un retour massif des coopérants de l’ancienne métropole.
Lors d’une conférence à Djibouti, en janvier, de l’Association des présidents de Cours Constitutionnelles ayant en partage le français, le président djiboutien avait souligné que « son pays demeurera un espace francophone et qu’il continuera à maintenir haut la francophonie ».