18/02/03 (B185) Notre voyante attitrée a lu, dans le marc de café, les conclusions du jugement de M Alhoumekani, tel qu’il sera rendu à l’issue du procès politique qui se déroulera à compter du 22 février au Palais de Justice de Djibouti.
Bien entendu, nous
laissons à notre voyante, l’entière responsabilité de
ses visions, que nous serions bien incapables d’accréditer… mais
que nous vous donnons pour valoir ce qu’elles valent … c’est à dire
quand même plus qu’un jugement pénal, rédigé selon
les instructions de Guelleh.
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Le Président
du Tribunal.
Accusé, levez-vous
!
Que tout le monde soit
bien d’accord. Que les contestataires quittent cette salle ou se taisent à
jamais, ce qui revient au même.
L’émission de Canal+,
ayant été fort habilement interdite d’antenne par notre vénéré
Dictateur, chef du Gouvernement et nanti de tous les pouvoirs temporels sur
cette terre de nos ancêtres, le Peuple de Djibouti, au nom duquel je
rend la justice (cessez de rire dans la salle ou je fais évacuer
!) n’a pas pu prendre connaissance des propos que vous prêtez
à M. Hassan SaÏd. En conséquence, il n’a rien dit.
Sur ces bases juridiques
strictement conformes à la procédure pénale spécifique
à la République de Djibouti, je vous condamne solennellement,
M Alhoumekani à quinze ans de travaux forcés que vous effectuerez
dans le calme et la solitude du Fort d’Ali Addé au motif que M Hassan
Saïd n’a pas menti, puisque les Djiboutiens (à l’exception
de ceux qui ont violé la Loi en écoutant des cassettes importées
de l’émission scélérate) ne l’ont pas entendu
lorsqu’il confirmait sans aucune ambiguïté vos propos.
Pour nous tous, fonctionnaires
zélés, dévoués au service personnel de M. Guelleh
et en particulier pour les membres du Gouvernement qu’il dirige, vous êtes
considéré comme un fieffé menteur. J’estime que le Tribunal
vous a accordé une faveur inouïe en ne vous condamnant pas à
la réclusion à perpétuité avec une peine incompressible
de trente ans (ce que le Procureur de la République, M Djama
Souleiman, dans sa Grande Sagesse, avait hautement recommandé à
la Cour).
Justice est rendue
en mon âme et conscience, au nom du Peuple djiboutien. Que Justice soit
faite maintenant. Dans quinze ans, nous nous reverrons M. Alhoumekani pour
vérifier si vous avez disposé d’un temps suffisamment long pour
réfléchir et que vous aurez enfin compris que sur les Terres
de Guelleh, la Vérité est Mensonge et le Mensonge est Vérité.