19/06/05 (B303) Réaction à un article de M. Qayaad – Au Nom De Tous Les Miens !- paru dans votre journal B301 du 04/06/05

Interpellation légitime ou cocktail delirant ?

Frappant ce cocktail délirant, calomniant et déjanté.

Frappant d’abord et avant tout par cette progression macabre et sibylline dans l’épouvante scénarisée; Qualificatifs pêle-mêle et redondances blafardes s’entremêlent et constituent la trame de fond d’une phraséologie qui tourne sur elle-même et se mord, se laissant griser, emporter par l’appétence et l’infatuation du Sieur Qayaad. Aucun scrupule dans le choix des mots, aucune retenue dans l’énonciation d’un argumentaire aussi lourd de sens, aucune honnêteté dans l’articulation de ces propos.
Ainsi dans son accroche, d’entrée de jeu, le ton est donné: Martin Gray, la barbarie nazie et en filigrane un message à l‘adresse des « opposants djiboutiens »(les afars à la lecture de ce qui suit) : « La haine, la peur , le désir de vengeance sont destructeurs, toujours». Certes, mais la mise en parallèle afar/juif est pour le moins étonnante et choquante!
La comparaison se poursuit plus loin et est encore plus insidieuse mais s‘intervertit: « Jean Paul Sart re, dans Réflexions sur la question juive, range « l’indignation sélective », parmi les instruments privilégiés auxquels recourt le discours antisémite ».
Le couperet tombe, le discours des afars ou mieux, de l’intelligentsia afare est assimilé au discours antisémite et chercherait donc à présenter systématiquement les issas comme l’oppresseur unique, le persécuteur ultime, à l‘instar des antisémites accusant les juifs de tous les maux de la terre ; Le réquisitoire se poursuit allégrement : Cette «minorité élitiste » baignant dans la croyance d’une « prédominance fantasmée crue » qui aurait donc renoncé à « une culture de fierté et de combat » et qui, à grand coup « d’indignation sélective », entraînerait « une majorité d’incultes » dans une labélisation victimaire;

C’est cette « minorité politisée » afare que Qayaad assimile sans vergogne à « la milice politique d’IOG » , ces «plumitifs anti-iog », ces « pleureuses », ces « marauds politiques » reprends-t-il en chœur , qui serait grevée « des mêmes gestes, la même autosuffisance, le même refus d’ouvrir les yeux, le même renfermement sur soi, la même absence totale de recul autocritique », le tout saupoudrée d’une « charge émotive » notamment dans les inlassables dénonciations des crimes d’Arhiba dont le cabotin du jour refuse « les traductions simplistes » et qu’il rapporte de toute évidence à « une simple manipulation du désarroi ».

Abasourdissant, cauchemardesque, surréaliste cocktail aux distensions chamarrées, aux dissonances échouées!

Inquiétant Qayaad qui se contente de réflexions insuffisantes, de pensées non abouties, de raccourcis grossiers et de généralisations abusives.

Inquiétant par cette structuration centripète, tendant à dichotomiser systématiquement le propos: Afar/Issa, Victime/Bourreau, Culture de la culpabilité/ Culture de fierté et de combat, Culture de la honte, du complexe, de la soumission idéologique (…)/ Culture de l’indépendance, de la légitimité et de la fierté.

Manichéisme primaire dans toute sa splendeur !

Inquiétante l’énonciation grandiloquente de Mr Qayaad: « J’affirme que l’intention première de telles campagnes n’était pas de combattre ce système, ni d’assainir les mœurs ni de changer les mentalités, mais bien de monter de toutes pièces un scénario dans lequel la communauté  » issa  » était artificiellement placée dans la position de la seule responsable des malheurs de la communauté  » afar ».

Larcin verbal d’un flibustier de la plume! La formule est de Sartre quand il affirmait à propos des campagnes menaient pendant les années 30 par l’extrême droite française et qui attribuait la paternité exclusive de scandales politico-financiers de l’époque à la communauté juive, en n’évoquant que les quelques Juifs impliqués, et en passant sous silence tous les autres Français , « que l’intention première de telles campagnes n’était pas de combattre la corruption, ni d’assainir les mœurs parlementaires (puisque l’immense majorité des coupables non-Juifs, étaient épargnés), mais bien de monter de toutes pièces un scénario dans lequel les Juifs étaient artificiellement placés dans la position de seuls responsables des malheurs de l’humanité ».

Remplacer « juifs » par « issa », « humanité » par « communauté afare » et le tour de passe- passe est réalisé!

Inquiétant réquisitoire où les opposants par des tours de passe-passe sémantiques deviennent les accusés, où les sentiments des afars (une communauté à « majorité d’incultes »), sous l’impulsion de leurs intellectuels, sont décrits comme des anti-issas primaires dont la violence et le caractère xénophobe est rapporte au ressentiment antisémite. Hallucinant…

Au jour d’aujourd’hui c’est cette presse gouvernementale et les thuriféraires du régime qui jouent un rôle intrinsèque dans cette politique haineuse de division, d’épuration idéologique et de désinformation et non cette opposition afare comme vous vous complaisez à le dire.

Je ne vais pas ici rentrer dans cette logique qui consisterait à énumérer « les faits d’armes » de l’opposition afar ou des intellectuels afars pour la ou les dédouaner des accusations fantasques de ce Monsieur; Je ne vais également pas rappeler la constance et l’irréfragabilité de l’engagement de beaucoup pour l’installation à Djibouti d’un état de Droit ! Non je me refuse à ce type de réponses, au même titre que je refuse cette grille d’analyse fallacieuse et borgne s’engouffrant tout de go dans l’instrumentalisation tribalisante du régime pour mettre les uns sur le banc des accusés et titiller les réflexes grégaires des autres dont on détourne délibérément l’intérêt, l’attention, l’incompréhension, l’exaspération et le mécontentement vers l’autre qu‘on pointe du doigt !

Je ne vais également pas demander à ce Monsieur où, lui qui s’époumone ici et la, se trouvait le jour où tels ou tels événements se sont produits ou pourquoi son verbe logorrhéique n‘a t-il pas inonde tel ou tel site à telle occasion?!

Ou si dans cette optique, ses silences ont ils quelque chose à taire?! Ou relèvent-ils de l’indignation sélective qu’il stigmatise?

Ou encore nous interroger sur le silence assourdissant de beaucoup d’intellectuels non afars à telle ou telle période de notre courte histoire tourmentée

Non! Je n’adopterai pas la même attitude que Qayaad!

Parce que pour moi même si l’opposition afare ou ces intellectuels, n’est pas exempte de critiques ou de reproches, le procès qu’on leur fait la est malhonnête, inique et particulièrement opportuniste. Parce que pour moi il est vital de dire NON à l’instrumentalisation de la souffrance et du désabusement qui mine indiciblement le peuple djiboutien dans le décorum asphyxiant planté par la dictature dont l’un des viatique est de lui ôter toute velléité d’échange ou de communion avec l’autre en usant de tout les artifices dans le but ultime de se maintenir.

La machine frénétique, diaprée pleine d’arguties obreptices de Qayaad s’est déroulé en partant du cas de MAHDI IBRAHIM A. GOD, co-directeur de publication du journal « la Réalité », membre fondateur de l’Alliance Républicaine pour le Développement, blessé d’une manifestation de l’UAD contre le semblant d’élections présidentielles que Djibouti a connu. Si Mr Qayaad avait pris le temps de la compréhension, il ne verrait pas ces arguments dilettantes démembrer par God lui même! Oui il suffit juste de se pencher sur l’interview accordée par ce dernier au dernier numéro en ligne de « Réalité »: Morceaux choisis:

– Je suis là parce que je crois à l’avenir de mon pays et au rejet de la division fomentée par un système usurpateur qui ignore que le destin de notre pays n’est viable que dans la mesure où chaque communauté est consciente de l’obligation absolue de vivre ensemble.

– Réalité : Pour discréditer votre engagement (…) le régime vous présente souvent comme une sorte de « coopérant tribal » roulant pour d’autres

MIAG: Les fausses représentations communautaires et leur dosage ethnico-tribal ne peuvent plus lui servir (…). La Démocratie repose sur le choix libre de ses opinions et de ses idées. Mieux encore, on ne choisit pas sa famille mais ses amis.

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Des amis que Mr Qayaad s’en à très vite fait de jeter aux calendes grecques (éludant le soutien indéfectible de son parti, les visites journalières de l’état major de l’ARD, l’estime dont cet homme bénéficie chez les Afars, les Issas, les Arabes, en somme les djiboutiens réunis par le désir profond de changement dans notre pays) pour la convenance de son argumentation bancale, prenant en otage MIAG (dont il feint d‘être l‘avocat) , dans ces axiomes freluquets qui alimentent au final les manœuvres du régime.

Le plus choquant dans tout cela est la véritable marche funèbre orchestrée par M.Q avec pour apothéose la mise en scène du décès de MIAG « Et nous ne saurons pas si il laisse une famille éplorée aimante, si il sera regretté et si sa disparition violente (eh oui) constituera un traumatisme pour les siens ».

Subcan’Allah mais peut-on se permettre une telle désinvolture, une telle ignominie dans le but de donner du relief à un texte?!

Et au demeurant MIAG s’est il engagé en politique contre les siens ou avec d‘autres?!

S’y est-il engagé pour le soutien ou la reconnaissance d’une quelconque frange de la population?

Son inlassable combat n’est il pas plutôt motivé par des idéaux de justice, de paix, d’égalité, de fraternité, sans exclusion ni exclusive, ancrés dans des valeurs civilisationnelles et grandement ouverte sur l’Universel.

Je tiens à rassurer ceux qui ,comme moi, ont pu croire au premier abord de ce texte au décès de MIAG! Il est bel et bien vivant et c’est très vite qu’il sera parmi les siens, parmi «ces amis » pour combattre ce régime dictatorial.

Mr Qayaad, on ne donne pas de leçons de démocratie, de clairvoyance ou d’honnêteté intellectuelle quand on en manque soi-même.

Dont acte!

F.S