24/01/06 (B334-B) Conférence de l’UA au Soudan : panier de crabes, règlements de comptes individuels ou exemple à ne pas suivre de la privation du droit d’expression ? En tout cas Guelleh semble avoir subi un nouveau revers diplomatique en perdant son pari sur le Soudan, car c’est Denis Sassou Nguesso qui devient le nouveau Président. (Infos AP et Congo-Site, transmises par un lecteur)

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Le sommet de l’UA s’ouvre dans la controverse au Soudan
PAR MICHELLE FAUL

KHARTOUM (AP) – C’est au Soudan, dans un pays accusé d’atteintes aux Droits de l’homme au Darfour, que s’est ouvert lundi le sommet de l’Union africaine. La rencontre de deux jours s’annonce tendue, marquée notamment par la controverse autour de la présidence de l’organisation, Khartoum souhaitant prendre le relais du Nigeria.

L’ouverture du sommet survient au lendemain d’une intervention policière au cours d’une réunion d’organisations de défense des droits de l’Homme. Les forces de l’ordre ont saisi des documents et des ordinateurs et ont refusé d’autoriser les participants à quitter le bâtiment pendant trois heures, affirmant que la rencontre n’était pas autorisée, selon des organisateurs. La police a filmé et photographié une trentaine de personnes présentes à ce meeting. (Sur les conseils éclairés de Guelleh ? Note de l’ARDHD)

Les autorités soudanaises ont refusé de s’exprimer sur cette opération. L’organisation "Paix et développement en Afrique", basée en Afrique du Sud, à l’origine de cette réunion, a précisé qu’elle avait eu l’autorisation des autorités pour la tenue de cette rencontre.

Et le lieu même du sommet a divisé les 53 membres de l’Union africaine, qui doivent aborder des questions comme l’immigration, la corruption, la famine et les nombreux conflits qui touchent le continent.

Point le plus litigieux, la présidence de l’organisation, traditionnellement occupée par le pays-hôte. Ce qui ferait du chef d’Etat soudanais Omar el-Béchir, accusé d’avoir alimenté le conflit du Darfour (plus de 180.000 morts en trois ans et deux millions de déplacés), le nouveau président de l’UA, chargé de succéder au Nigérian Olusegun Obasanjo. Ce dernier a dépassé le rôle honorifique a priori dévolu au président de l’UA pour assumer de véritables médiations, notamment sur la Côte d’Ivoire.

Les rebelles du Darfour (ouest) ont d’ores et déjà annoncé leur intention de boycotter les négociations de paix en cours pour protester contre l’éventualité d’une présidence de Khartoum, qui ferait du Soudan à la fois un médiateur et un participant des discussions. Selon les organisations humanitaires, les exactions se poursuivent dans la région.

L’Union africaine a déployé 7.000 soldats de maintien de la paix au Darfour pour veiller au respect du cessez-le-feu conclu en avril 2003. Mais ses hommes, en nombre insuffisant et mal équipés, ont été attaqués de toute part, y compris par les milices Janjawid, soupçonnée de s’être livrées à des tueries, des viols et des destructions pour le compte du gouvernement soudanais. Une accusation démentie par Khartoum.

L’organisation a affirmé qu’elle ne disposerait plus de fonds suffisants à partir de mars pour poursuivre ses opérations et a demandé l’aide des Nations unies.

Le président soudanais compare la polémique sur la présidence de l’UA à une lutte d’influence entre les pays occidentaux et les Africains qui revendiquent le droit à l’autodétermination. Dimanche, il a affirmé à l’agence de presse officielle soudanaise que Washington tentait de déjouer la candidature du Soudan.

Selon le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, Mohamed Ali Youssouf, l’Afrique de l’Est soutient le Soudan. (Nouveau pari perdu pour Guelleh ? Note de l’ARDHD). C’est également le cas de l’Egypte, influente sur l’Afrique du Nord. En privé, plusieurs pays d’Afrique occidentale ont fait part de leur opposition, se disant favorables à ce que la présidence revienne au Congo-Brazzaville. Au Sud, le Zimbabwe, lui-même sous le feu des critiques sur la question des droits de l’Homme, devrait apporter son soutien à Khartoum.

Seul le Tchad s’est ouvertement opposé à une présidence soudanaise, le président Idriss Deby ayant accusé son voisin de soutenir la rébellion qui tente de le renverser. Le Soudan a démenti ces allégations et plaidé pour des pourparlers. L’ancien secrétaire d’Etat américain Colin Powell avait taxé le gouvernement d’El-Béchir de génocide au Darfour. Mais Washington n’a pas imposé de sanctions au Soudan, pays aux importantes ressources pétrolières.

_______________________________ © La Presse Canadienne, 2006

Le Président Denis Sassou Nguesso élu à la tête de l’Union Africaine

Le Chef de l’Etat, Denis Sassou Nguesso, a été élu Président de l’Union Africaine (UA) par ses pairs, le 24 janvier 2006 à Khartoum (Soudan). Proposé par le comité de sept pays mis en place par le Sommet, M. Denis Sassou Nguesso a été désigné par consensus. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement africains ont également examiné la proposition avancée par le Soudan sur la création d’une organisation africaine pour l’éducation, la science et la culture.

Le Sommet de Khartoum s’est tenu sous le thème : «Education et Culture». Mais, la question de la désignation du nouveau Président de l’Union a dominé les discussions. D’intenses tractations ont eu lieu. Le Soudan, en tant que pays hôte du Sommet, devrait prendre la tête de l’UA. Mais, non seulement aux yeux des organisations des droits de l’homme, ce pays «était un mauvais choix, en raison des accusations visant le régime de Khartoum sur le plan des droits de l’homme au Darfour», mais aussi le Soudan ne faisait pas l’unanimité chez les 53 Etats membres de l’UA réunis dans sa capitale.

Pour ne pas porter atteinte à la crédibilité de l’UA, et donc du continent, le Soudan a décidé de retirer sa candidature. «Nous ne voulons aucune fracture au sein de l’Union. Si cela implique que le Soudan se retire, nous nous retirerons», annonçait déjà Moustapha Osman Ismaïl, conseiller du Président soudanais. Certains pays ont entrepris une démarche auprès du Président Omar al-Béchir, lui demandant d’envisager cette décision pour éviter une crise au sein de l’UA.

Les participants ont alors décidé de créer un comité de sept pays pour régler la question. Le comité est composé du Gabon (qui en est le président), de l’Egypte, du Zimbabwe, du Sénégal, du Botswana, de la Tanzanie et du Djibouti. A son tour, le comité a soumis sa dicision à l’assemblée de l’UA pour approbation. C’est ainsi que le Chef de l’Etat congolais a été désigné par ses pairs pour diriger l’organisation panafricaine, pendant un an.

Selon le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Kamal Ahmed Ibrahim, le Soudan assurera la présidence de l’UA en 2007. Sur l’engagement pris par le Sommet de confier la Présidence au Soudan l’année prochaine, le Ministre gabonais des Affaires étrangères a affirmé que le Sommet n’était pas assorti de conditions. «Quand les Africains promettent, ils tiennent leur promesse», a-t-il déclaré.

L’élection du Président Denis Sassou Nguesso s’est déroulée comme en 1983, lors du Sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en Libye. Au cours de ces assises, la présidence de l’OUA devrait revenir à la Libye. Mais, à cette époque la Libye a été vue comme «un Etat voyou, terroriste». Les pays occidentaux, avec les USA en tête, avaient mené une offensive pour empêcher l’élection du Président libyen à la tête le l’OUA. Muammar Kadhafi avait fini par retirer sa candidature au profit du Tanzanien Julius Nyerere.

Les dossiers brûlants de l’UA

Le nouveau Président de l’UA doit permettre de donner de nouvelles impulsions aux réalisations indispensables pour le continent. Plusieurs dossiers l’attendent, parmi lesquels les crises au Darfour, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo (RDC). Déjà, le Président de la Commission africaine, Alpha Oumar Konaré, a indiqué récemment que l’UA devrait orienter son attention cette année vers le Soudan. Dans ce contexte, le Président nigérian Olusegun Obasanjo reste en charge du dossier du Darfour.

M. Denis Sassou Nguesso doit aussi faire face au problème de la réforme de l’ONU. Les pays africains qui demandent une représentation équitable au Conseil de sécurité des Nations Unies n’ont toujours pas encore trouvé un consensus sur les pays du continent devant être membres permanents. A cela s’ajoute le dossier commercial, notamment concernant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Nord et le Sud n’arrivent toujours pas à s’entendre sur ce sujet. Le nouveau Président de l’UA doit aussi parcourir les capitales occidentales pour plaider le traitement de la dette de l’Afrique.

L’Afrique a pris l’option de l’intégration économique et sociale. Le chemin qui mène à la réalisation de ce rêve collectif de l’Union Africaine est long et laborieux. «C’est pourquoi l’édification de l’Union nécessite une volonté de mise en chantier. Il nous suffit de puiser dans la grande sagesse des peuples pour comprendre qu’il n’y a pas meilleur moment que le présent pour agir. Chaque jour, nous devons œuvrer dans la cohésion et l’unité qui ont toujours caractérisé notre organisation », a déclaré le Président Denis Sassou Nguesso dans son discours de circonstance.

C’est dans ce sens qu’il entend inscrire son action aux côtés de la Commission. C’est également dans ce sens qu’il entend engager le continent dans la conquête résolue de la paix.

«Seule la paix, la sécurité et la stabilité peuvent nous ouvrir la voie d’un développement réel et durable. Dans cette quête, il apparaît évident que l’accent devra être mis sur la prévention des conflits. A cet égard, nous disposons désormais d’un nouvel instrument idoine, « le Pacte de Non Agression et de Défense Commune », qui vient renforcer le mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits, établi au sein de l’Union Africaine», a-t-il ajouté.

Outre la question de paix et de sécurité, l’actuel Président de l’UA entend accorder un intérêt soutenu à d’autres problèmes dont l’importance pour le continent est avérée. Il s’agit en l’occurrence des défis auxquels fait face la jeunesse africaine; de la lutte contre les grandes pandémies, tels le paludisme, le VIH-SIDA et la tuberculose, de la promotion des sciences et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.

Les chances de la réussite de Denis Sassou Nguesso

Le Chef de l’Etat congolais a tous les atouts pour réussir sa mission. Les pays qui ont désigné Denis Sassou Nguesso ont mis en avant le fait qu’il est initiateur du Pacte de non-agression, mais aussi son brillant passage à la tête de l’OUA. Initiateur d’un fonds africain pour soutenir la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, M. Denis Sassou Nguesso avait mené une intense action diplomatique qui s’est soldée par l’abolition de l’apartheid.

Ancien Président en exercice de la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), le Chef de l’Etat congolais assure pour la troisième année consécutive la Présidence en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC). Denis Sassou Nguesso a efficacement contribué à la consolidation de la paix et la stabilité dans la sous-région. Les situations au Sao Tomé et Principe, en Centrafrique, etc., ont trouvé leurs solutions. Le conflit tchado-soudanais était au centre d’un sommet récemment à N’Djamena. Des exemples sont légion.

La diplomatie congolaise a atteint son apogée. Lors de la 60ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue en septembre 2005 à New York (USA), le Congo a été élu membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU pour deux ans. Il présidera cette année pendant un mois ce Conseil. Le Congo vient d’être élu vice-président du Bureau de la Commission des droits de l’homme, qui sera chargée de diriger les travaux de la prochaine session avant que la commission ne devienne Conseil des droits de l’homme, conformément aux réformes entreprises par l’ONU.

Ce que le Congo attend de la Communauté internationale

Le Congo a fait d’énormes sacrifices et continue de les faire au profit de la communauté internationale. Qu’est-ce que ce pays peut-il attendre en retour de la communauté internationale? La question préoccupe les Congolais. «Que la communauté internationale cesse d’être ingrate à l’égard de notre pays, comme lors des conflits armés qui l’ont l’endeuillé de 1997 à 1999. Notre pays n’avait pas reçu le soutien de la communauté internationale dans la résolution de ces conflits, en dehors du Gabon», a lancé un étudiant.

«Le Congo a réalisé beaucoup de progrès dans l’assainissement des finances publiques et la transparence dans la gestion des ressources pétrolières. En ce moment il en négociations pour son accession à l’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) avec les institutions financières internationales. La communauté internationale a doit de le soutenir», a-t-il ajouté.

Mardi 24 Janvier 2006
Gos G. Lenckonov, CSA

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