05/04/06 (B344-B) ALERTE ROUGE : communiqué de la CISL au sujet de l’arrestation des 4 syndicalistes djiboutiens.

Djibouti : arrestation de syndicalistes et politique commerciale

Bruxelles, le 5 avril 2006 (CISL en ligne):

Au lendemain de sa ferme condamnation, conjointement avec la Fédération internationale des Ligues de Droits de l’Homme (FIDH, Paris) du refoulement musclé de Djibouti, Samedi 1er avril, d’une mission conjointe CISL-FIDH, suivie de l’arrestation le 3 avril et de l’expulsion de Djibouti le 4 avril d’un diplomate de l’Organisation internationale du Travail (OIT, agence spécialisées des Nations Unies), la Confédération internationale des Syndicats libres a aujourd’hui critiqué le gouvernement djiboutien pour l’arrestation, hier, 4 avril, du Secrétaire général de son affiliée dans le pays, l’Union Djiboutienne du Travail.

Le dirigeant de l’UDT, M. Adan Abdou, a été arrêté sans mandat à son domicile par des éléments de la police nationale ce Mardi 4 avril à 15h30 et emmené à la prison centrale de Gabode. Son arrestation est intervenue immédiatement après l’expulsion de M. Ibrahim Mayaki, représentant du Bureau international du Travail (BIT), seul membre de la mission internationale à avoir réussi à entrer à Djibouti, où il avait plaidé auprès du Ministre de la Justice la cause des syndicalistes détenus.

Adan Abdou et Hassan Cher, Secrétaire aux relations internationales de l’UDT, avaient bénéficié d’une mise en liberté provisoire le mercredi 29 mars après 19 jours d’incarcération. Hassan Cher est activement recherché par la police mais serait toujours en liberté. Le Ministre de la Justice avait personnellement ordonné leur ré-arrestation, au lendemain de leur mise en liberté provisoire par le Tribunal de Djibouti.

Deux autres militants de l’UDT, MM. Djibril Ismaël Igueh et Mohamed Ahmed, croupissent en prison depuis leur arrestation le 5 mars 2006, au lendemain de leur retour d’Israël, où ils avaient suivi une formation auprès de la puissante centrale syndicale Histradut, affiliée de la CISL dans ce pays. Les quatre syndicalistes sont à présent accusés d’«intelligence avec une puissance étrangère » et d’ « outrage envers le Président de la République ».

Tous les quatre doivent comparaître demain, Jeudi 6 avril, devant la Chambre d’accusation du Tribunal de Djibouti. Leur défenseur, Maître Tarek, du Barreau de Djibouti, compte plaider leur liberté provisoire et la déclaration de nullité de la procédure, en vertu notamment d’un défaut d’assistance juridique et médicale, contraire au code pénal. En effet, l’ensemble des personnes arrêtées se sont vu refuser un examen médical et une rencontre avec leur avocat.

Suite à ces évènements, la CISL a écrit aujourd’hui au Directeur général du BIT, M. Juan Somavia, en le priant d’intervenir avec les plus hautes autorités de la République de Djibouti en vue de la libération immédiate de tous les syndicalistes détenus.

Par ailleurs, la CISL a annoncé ce jour qu’elle saisirait de cette affaire non seulement les organismes de contrôle réguliers de l’OIT, mais aussi diverses institutions internationales et régionales, dont l’Union Africaine et la COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe). Djibouti doit prendre la prochaine présidence de la COMESA et est candidat à l’établissement du siège de cette organisation dans le pays.

D’après des sources diplomatiques, le gouvernement du Président Ismaïl Omar Guelleh aurait très mal pris la publication par la CISL, en février dernier, d’un rapport accablant sur les normes fondamentales du travail à Djibouti. Ce rapport coïncidait avec l’examen de la politique commerciale de Djibouti par le Conseil général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
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