07/04/06 (B344-B) La mauvaise gouvernance du régime de Guelleh est certainement à l’origine du naufrage qui aurait fait au moins 68 victimes, de nombreux disparus et des blessés. Condoléances aux familles endeuillées (Lecteur)

DRAME EN MER :
C’EST LA FAUTE A LA MAUVAISE GOUVERNANCE !

« 68 morts, 20 disparus, 26 blessés (dont 7 sont grièvement atteints) et 122 survivants » tel est le lourd bilan provisoire établi par l’Agence Djiboutienne d’Information (ADI) du naufrage d’une embarcation survenu jeudi 6 avril 2006 vers midi heure locale à seulement une centaine de mètres du Port de Djibouti.

Et l’ADI d’évoquer la possibilité d’une surcharge de l’embarcation qui transporterait près de 260 personnes au lieu des 100 à 150 normalement permis en fonction de son tonnage.
Et l’ADI de se faire immédiatement l’écho du message présidentiel de condoléances à l’occasion de cette inadmissible tragédie.

Plus sincèrement que lui, adressons tout d’abord nos plus sincères condoléances aux familles et proches des disparus : qu’Allah les accueille en Son Paradis Eternel. Formons également le vœu d’un prompt rétablissement à tous les blessés.

Ensuite, par-delà le fatalisme auquel incline notre société musulmane, force est de reconnaître que c’est malheureusement dans une telle situation que l’on voit que Djibouti n’est pas un Etat de droit. Autant que les morts par balles, ce sont ces victimes innocentes qui doivent interpeller notre conscience citoyenne : une telle tragédie aurait-elle pu être évitée ?

Répondre à cette question suppose, en attendant les résultats de l’enquête officielle (sans préjuger de sa sincérité tout en sachant le peu de sérieux des précédentes en quelque occasion que ce soit) que l’on s’accorde au préalable sur un principe intangible : avant d’être un citoyen spolié à l’occasion de telle ou telle consultation électorale, le Djiboutien, est un justiciable privé de Justice, un administré sans recours contre l’abus de pouvoir et un consommateur sans aucune protection.

Le boutre, comme celui qui vient de couler, est un transport public normalement soumis à un certain nombre de devoirs envers les passagers qu’il transporte. Protection des passagers qui relève de la puissance publique : c’est à des agents de l’Etats de vérifier que le transport public travaille dans un cadre légal et que la vie des usagers n’est pas mise en danger !

Or, face à des entrepreneurs que la précarité du marché, imputable à l’anarchie institutionnelle (qui autorise par exemple le chef de l’Etat à accorder en toute illégalité à un privé courtisan la gestion du Bac) et à la baisse généralisée du niveau de vie (qui incline les usagers à choisir le moyen de transport le moins onéreux) inclinent à rechercher le plus haut rendement à chaque voyage, les pauvres usagers ne disposent d’aucune protection et acceptent sans protester les surcharges les plus dangereuses. On voit le résultat.

Quand on sait, par ailleurs, que la zone de l’Escale (où le drame s’est produit et hier lieu préféré de promenade des Djiboutois) est aujourd’hui totalement militarisée et devenue propriété exclusive d’une Force Navale sans pied marin et d’une Gendarmerie transformée en milice tribale, il est encore plus inadmissible qu’une telle concentration de forces ne serve qu’à rassurer un président paranoïaque ! Au lieu de n’assurer que sa propre sécurité, un chef d’Etat digne de ce nom doit aussi se préoccuper de celle de ses concitoyens que sa pitoyable gestion rend extrêmement vulnérables.

Toutes ces victimes ne sont donc que celles d’une mauvaise gouvernance qui tue sans distinction d’origine, de sexe ou d’âge.

Encore une fois, nos condoléances les plus attristées à toutes les familles endeuillées. Tôt ou tard, les criminels qui prétendent nous gouverner seront jugés pour tous ces crimes ordinaires !