07/07/06 (B358-A)Djibouti – La liberté étant spoliée de tous ses droits, il faut s’en prendre à l’omnipotence de la minorité d’opportunistes qui s’est accaparée tous les rouages de l’État, qui a porté aujourd’hui la majorité au désespoir et la contraint ainsi à faire appel à la force matérielle pour se faire justice.(Libertyman)
Lorsqu’une chose évolue dans un pays, tout ce qui évolue autour doit évoluer en même temps. A l’inverse de cela, la tyrannie qui sévit à Djibouti n’a pas changé son fusil d’épaule, elle ne survit que par et pour les artifices qu’elle déploie dans sa propagande outrancière qui est une humiliation à toutes les vérités comme à toute évolution et progrès des populations du pays.
Dans la capitale, on construit mais pour qui et avec quels financements ?
Peut-on considérer que les bâtiments que l’on voit se construire un peu partout dans la capitale sont une évolution ?
Non et ce pour la simple raison que dans la majorité des cas ils appartiennent indirectement à Ismaïl Omar Guelleh, à Kadra Mahamoud Haïd, à sa famille et à ses « amis » et qu’ils ne créent qu’une image artificielle d’une économie dynamique sans pour cela générer des emplois. Hormis le fait que s’édifient très majoritairement des hôtels, restaurants, bars, immeubles et villas destinées aux familles des membres des armées étrangères stationnées dans le pays, on a du mal à en saisir la rationalité en matière de progrès économique et social au profit de TOUTES les populations djiboutiennes ?
Un tel exercice du pouvoir, fondé de plus en plus sur la personnalisation, la coercition et l’attaque des libertés affaiblit toutes les institutions, y compris celles en charge de la régulation économique. Cet « excès d’autorité » (le mot est faible) avec ce refus de contre-pouvoirs vide de leur substance les fondements mêmes de la « bonne gouvernance » que sont la participation, la transparence, le contrôle et la reddition des comptes (accountability). Il favorise la montée de la corruption, de la prédation, des circuits parallèles, de l’imprévisibilité de la justice, le non respect des contrats, l’atteinte aux droits de propriétés tant individuelles que d’État, l’inefficacité, voire le détournement des fonctions de l’Administration.
Une économie au fond du gouffre !
L’effondrement des assises d’une économie telle que nous la constatons est perceptible à travers la dégradation prononcée des principaux indicateurs macro-économiques : recul ou, du moins, stagnation du niveau de la production, endettement public et extérieur ainsi que chômage accrus, réserves en devises en chute, inflation élevée, recul absolu du niveau de l’investissement.
Dire que nous sommes dans une crise signifie qu’il y a de forts signes d’inquiétude. La situation n’incite pas à l’optimisme parce qu’il y a des phénomènes de fond, dont la poursuite est de nature à plonger, à très court terme, l’économie et la société djiboutienne dans une crise profonde ayant atteint un niveau sans précédent.
Interrogez les hommes d’affaires, les fonctionnaires, les experts nationaux et ceux des institutions internationales, ils vous diront tous que Djibouti est pourtant capable de sortir de cette crise économique, sociale et politique. Que pour peu que le pays se libère de la chape de plomb politico-mafieuse qui l’enserre et l’étouffe, il est en mesure de se développer à un rythme très rapide. Je dirai même fulgurant.
Un chômage endémique et qui s’aggrave !
A l’inverse de cela et comme tous les observateurs et experts, je suis ahuri par cette forme de fuite en avant qui laisse sur le bord du chemin tant de jeunes et de moins jeunes sans emploi alors que la situation s’aggrave de jour en jour dans ce domaine et que RIEN n’est fait pour tenter d’infléchir ce fléau qu’est le chômage.
On peut expliquer pour partie ce grave déficit d’emplois ; il suffit pour ce faire de comparer le listing actuel des entreprises dans la capitale avec celui de l’année 1998 et vous constaterez que bon nombre d’entre elles – qui ont permis à des investisseurs de s’installer à Djibouti avec des promesses illusoires et non tenues – ont fermé leurs portes ou sont devenues la propriété exclusive d’Ismaïl Omar Guelleh, de son épouse et de sa famille. C’est très souvent, un silence complice, une fin de « non recevoir » avec classement sans suite, que la justice djiboutienne actuelle oppose aux plaintes déposées par ces investisseurs étrangers qui ont été rackettés dans un premier temps puis spoliés de leurs biens, voire même pour certains réticents, expulsés sous 24 heures et le contenu de leurs comptes bancaires saisis sous décision de justice ; justice ? Celle du pouvoir évidemment. De cela, ni l’ADI, ni le journal La Nation n’en parle.
Le « climat des affaires » s’assombrit à Djibouti et débouche sur ce qu’une institution telle que la Banque mondiale appelle le « déficit d’investissement » de ces dernières années, avec son corollaire, le freinage de la croissance et l’aggravation d’un chômage endémique.
C’est à croire qu’Ismaïl Omar Guelleh s’acharne à s’aliéner non seulement l’opposition politique mais surtout les opinions nationale, internationale, les institutions internationales et à mettre ainsi dans l’embarras les gouvernements qui lui sont acquis. D’aucuns soutiennent qu’il s’agit de débordements de l’intérieur du système et je suis enclin à le croire. A mon avis, si le système trop centralisé souffre de tant de bavures c’est qu’il a institué « le racket, la corruption et le clientélisme » en religion d’État. Ses actions sont nombreuses et incohérentes, toutes les promotions dans la haute administration ne se font pas aux mérites des résultats liés à des compétences mais à la capacité des uns, des unes et des autres à détourner le maximum de fonds publics et d’aides internationales dans un minimum de temps.
En agissant de cette manière, le régime Guelleh s’isole de plus en plus et expose à la face des Djiboutiens/Djiboutiennes et du monde ce qu’il entend cacher. De l’intérieur et de l’extérieur, il paraît de plus en plus anachronique et dangereux ; il ne doit sa survivance qu’à sa police politique des SDS et à la terreur qu’il impose dans le pays, jusque dans le monde occidental au sein même de la communauté djiboutienne exilée.
Plus que par le passé, la montée du commerce parallèle, de celui des armes dans la région alimenté par les trafics de drogue à partit de la zone franche du Port de Djibouti, de la corruption, des prévarications, la régression de l’État de droit sont criants ; ils sont de nature à détruire l’état de confiance (disons plutôt les illusions …mesurées dans lesquelles on y trouve…un intérêt) des bailleurs de fonds mais aussi des investisseurs étrangers et engagent Djibouti dans une dépression. Dépression, qui pourrait transformer la république (pour le moins ce qu’il en reste) en un champ de bataille entre mafias politicos-mafieuses organisées et forces rétrogrades d’un Islam extrémisant.
L’autoritarisme d’Ismaïl Omar Guelleh, non seulement nuit à l’épanouissement des Djiboutiens et des Djiboutiennes ; il nuit à leur développement économique et social.
Le risque est gros qu’il les fasse descendre brusquement dans les abîmes de la rue et qu’il leur ouvre alors une véritable boîte de Pandore dont nul ne peut prévoir ce qui pourrait en sortir !!!.