15/11/06 (B369) AFP / Le Président Erythréen accuse les USA de fomenter des troubles dans la Corne et de rallumer les conflits.

Corne
de l’Afrique: Washington "contribue" à l’instabilité,
selon le président érythréen

Le président
érythréen Issayas Afeworki à son arrivée à
Djibouti, le 15 novembre 2006

DJIBOUTI (AFP) – mercredi 15 novembre 2006 – 10h29 – Le président érythréen
Issaias Afeworki a accusé les Etats-Unis de contribuer à l’instabilité
et aux conflits dans la Corne de l’Afrique, particulièrement en Somalie,
jugeant que leur principal allié dans la région, l’Ethiopie,
est "leur outil et leur marionnette".
Lors d’un entretien mardi soir à l’AFP à Djibouti en marge du
sommet du Marché commun d’Afrique australe et de l’Est (Comesa), M.
Afeworki a souligné que "la stabilité en Somalie",
en guerre civile depuis 1991, "influe sur la stabilité dans la
Corne de l’Afrique".

Selon lui, le gouvernement d’Addis
Abeba "a contribué à l’instabilité en Somalie et
les Etats-Unis ont contribué à l’instabilité dans la
Corne de l’Afrique. L’implication extérieure est la menace la plus
importante qui pèse sur la Somalie".

L’Erythrée et l’Ethiopie
– qui entretiennent des relations extrêmement tendues depuis qu’une
guerre frontalière les a opposées de 1998 à 2000 – soutiennent
des camps rivaux en Somalie.

Récemment, des experts de
l’ONU ont accusé l’Erythrée d’avoir déployé 2.000
hommes aux côtés des islamistes en Somalie, ce qu’Asmara a récusé.
De son côté, Addis Abeba dément également avoir
envoyé des troupes aux côtés du fragile gouvernement somalien
de transition, reconnaissant uniquement la présence d’"instructeurs
militaires" en Somalie.

"Pourquoi l’Erythrée
mènerait-elle une guerre en Somalie? Ces accusations sont folles, non
seulement fausses mais malsaines. Nous soutenons le choix du peuple somalien,
nous n’acceptons aucune intervention extérieure", répond
M. Afeworki.

Le chef de l’Etat érythréen
reproche en outre aux Etats-Unis "d’invoquer encore la menace terroriste
dans la région".

Pourtant, selon lui, "la situation
sur le terrain a changé: les Somaliens sont fatigués des combats,
des chefs de guerre, et maintenant ils veulent la reconstitution de la Somalie,
que ce soit par les tribunaux (islamiques) ou n’importe qui".

La Somalie est plongée dans
le chaos depuis quinze ans. Le gouvernement de transition, en place depuis
2004, se montre incapable de rétablir l’ordre devant la montée
en puissance des islamistes qui contrôlent une partie du centre et du
sud du pays, dont la capitale Mogadiscio.

"S’il y a des preuves de présence
terroriste en Somalie, qu’on nous le fasse savoir", lance le président
érythréen.

Selon la CIA américaine,
les tribunaux islamiques auraient donné refuge à plusieurs membres
du réseau terroriste Al-Qaïda d’Oussama ben Laden, accusés
d’avoir pris part à l’organisation des attentats contre les ambassades
américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998 qui avaient fait 224 morts.

M. Afeworki a refusé que
Washington s’implique en Somalie en utilisant "le parapluie de la lutte
contre le terrorisme parce que cela compliquera tout".

Concernant les relations bilatérales
avec Addis Abeba, le président érythréen juge que "la
question de la frontière est une affaire réglée".

Le seul problème est selon
lui le refus par l’Ethiopie du tracé de la frontière établi
par une commission indépendante que les deux pays se sont engagés
à respecter après la signature d’un accord de paix en 2000.

"Pourquoi n’a-t-il pas été
appliqué ? Parce que les Etats-Unis ne veulent pas que la décision
entre en vigueur. Ils aiment vivrent sur les conflits, ils les créent
et les exploitent", lance-t-il.

Pour lui, "les Etats-Unis
ne veulent pas résoudre ce problème et l’Ethiopie en profite".
Les responsables éthiopiens ne sont selon lui que "des outils
et des marionnettes" de Washington, conclut-il.