22/04/07 (B392-A) AFP Ce dimanche, Somalie / 42 civils et 9 insurgés tués à Mogadiscio selon une ONG

MOGADISCIO
(AFP) – Au moins 51 personnes, dont 42 civils et 9 insurgés, ont été
tuées dimanche à Mogadiscio dans des combats intenses opposant
l’armée éthiopienne et des insurgés dans la capitale
somalienne, selon un nouveau bilan établi par une organisation non
gouvernementale somalienne.

« Aujourd’hui, nous avons collecté les corps de 42 civils et de
neuf membres de l’opposition (insurgés, ndlr) », a déclaré
dimanche soir Sudan Ali Ahmed, directeur de Elman Peace and Human Rights Organisation,
une ONG locale travaillant sur les droits de l’Homme.

« Nous avons aussi transporté à l’hôpital 62 civils
et six membres de l’opposition (insurgés) » blessés, a-t-il
ajouté.

Selon l’ONG, au moins 210 civils ont été tués au cours
des cinq jours d’affrontements (mardi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche,
ndlr) entre les soldats éthiopiens, alliés au gouvernement somalien,
et des insurgés, dont des miliciens islamistes.

L’ONG a précisé avoir recueilli ce bilan auprès d’hôpitaux,
d’organisations humanitaires et de témoins comptant les corps dans
les rues.

« Nous exhortons les deux camps à cesser les combats, c’est inacceptable
que ce soit les civils qui en fassent les frais », a lancé M. Ahmed.
« Il y a des endroits (de la ville ) où
les corps pourrissent dans les rues », a-t-il décrit.

Des combats à l’artillerie lourde et au mortier opposant l’armée
éthiopienne aux insurgés se sont déroulés dimanche
à Mogadiscio pour le cinquième jour de la semaine.

L’armée éthiopienne était intervenue en Somalie, officiellement
fin décembre 2006, pour déloger les tribunaux islamiques, qui
avaient appelé à la guerre sainte contre le régime d’Addis
Abeba.

Selon des experts, les insurgés sont un groupe hétéroclite
de miliciens islamistes, de chefs de guerre et de chefs traditionnels, du
puissant clan local Hawiye notamment.

De son côté, le Premier ministre somalien Ali Mohamed Gedi a
prévenu que « les combats se poursuivront tant que les terroristes
ne seront pas rayés de la carte en Somalie », dans une interview
dimanche à la radio somalienne Shabelle.

Il a « exhorté » les civils vivant « dans les bastions
des insurgés, à fuir ».

Abdulkarim Ali, un habitant du quartier de Gupta (sud), a dit avoir vu « les
chars éthiopiens tirer au canon et au mortier vers les quartiers habités
par des civils (…)

Les obus de mortier tombent partout ».

Un habitant de Fagah (nord), Mukhtar Mohamed, a rapporté que « des
combats intenses se déroulaient dans ce quartier ». « Ils utilisent
des mitrailleuses et de l’armement anti-aérien. Les gens se terrent
dans leurs maisons », a-t-il raconté.

Dimanche, M. Gedi a affirmé qu' »il n’y avait pas de combats entre
le clan Hawiye et le gouvernement. Les combats ont clairement lieu entre des
terroristes liés (au réseau terroriste) Al-Qaïda et le
gouvernement soutenu par les Ethiopiens et les troupes de l’Union africaine
(UA) ».

L’Ouganda a déployé au moins 1.500 soldats à Mogadiscio
dans le cadre de la force de paix de l’UA en Somalie (Amisom) qui doit à
terme compter 8.000 hommes.

Dimanche, le capitaine ougandais Paddy Ankunda, porte-parole de l’Amisom,
a annoncé à la presse que ses troupes avaient saisi des explosifs
et des mines notamment dans plusieurs caches dans Mogadiscio.

Du 29 mars au 1er avril, des combats extrêmement violents avaient
opposé à Mogadiscio armée éthiopienne et insurgés,
faisant 1.086 morts selon les chefs traditionnels Hawiye.

Témoignant d’une nouvelle escalade dans les tensions touchant
cette région troublée de la Corne de l’Afrique, l’Erythrée
a annoncé samedi soir avoir suspendu son adhésion à l’Autorité
intergouvernementale de développement (Igad, regroupant sept pays d’Afrique
de l’Est), l’accusant de « saper » par ses récentes décisions
« la paix et la sécurité régionales ».

L’Erythrée accuse notamment le Kenya, qui assure la présidence
actuelle de l’Igad, de soutenir l’intervention de l’armée éthiopienne
en Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.