28/07/07 (B406) AFP sur Yahoo / Somalie: Bernard Kouchner favorable à une intervention de l’ONU
AFP – Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, qui a rencontré vendredi à Addis Abeba le Premier ministre somalien Ali Mohamed Gedi, s’est dit favorable à une intervention de l’ONU en Somalie, la jugeant « plus facile » qu’au Darfour.
« L’urgence est grande (…). En Somalie, on pourrait intervenir et rétablir un peu la situation », a déclaré M. Kouchner à l’AFP.
« On a tort de se détourner de la Somalie car il est plus facile d’intervenir en Somalie qu’au Darfour (région de l’ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003), parce que les troupes seraient disponibles. On n’exige pas une nationalité précise », comme au Darfour, où Khartoum demande des soldats de la paix uniquement africains, a-t-il ajouté.
La Somalie, pays de la Corne de l’Afrique, est ravagée par seize ans de guerre civile. Une force de paix de l’Union africaine (UA) est déployée depuis mars 2007 à Mogadiscio, la capitale somalienne, mais elle est en sous-effectifs (1.500 hommes) et sous-financée.
L’UA souhaite que l’ONU prenne le relais de cette force (Amisom) à la fin de son mandat, qui expire à la fin de l’année. Les Nations unies ne se sont pas encore prononcées sur le sujet.
Elles sont déjà intervenues en Somalie, au début des années 90, mais elles en gardent un douloureux souvenir: les opérations s’étaient soldées par un fiasco avec la mort de 151 Casques bleus.
M. Kouchner a déploré l’attitude de la communauté internationale face aux conflits : « Ce qui caractérise les actions concertées de la communauté internationale (…), c’est l’absence de suivi (…) La Somalie en est un exemple terrible », a-t-il constaté.
Au terme d’un entretien d’une vingtaine de minutes avec M. Gedi, le ministre français a en outre « promis de faire tous les efforts » pour équiper, notamment en blindés, les troupes burundaises qui doivent renforcer l’Amisom mais dont le déploiement est reporté depuis des mois, faute de moyens.
« Les promesses (de financement de partenaires) n’ont pas été tenues », a-t-il expliqué, en citant les Etats-Unis.
Le ministre a par ailleurs jugé que l' »initiative » de la conférence pour la paix, qui a débuté le 15 juillet à Mogadiscio, était « excellente ».
« La démarche de réconciliation et de pardon est la bonne », a-t-il ajouté.
Interrogé sur le boycottage de la réunion par les leaders islamistes, qui représentent la principale opposition au gouvernement somalien actuel, M. Kouchner a répondu: « une partie de l’opposition ne participe pas à la conférence, mais l’autre si ».
« Je ne pense pas que les islamistes durs veulent la paix (…). Les explosions dans la rue ne sont pas la solution. Si vous êtes islamiste, vous devez suivre le Coran. Le Coran, ce n’est pas tuer (…) des personnes innocentes », a-t-il estimé, en référence aux attaques quasi quotidiennes à Mogadiscio depuis la chute des islamistes, il y a sept mois.
« Les islamistes doivent venir à la table des négociations », a-t-il ajouté.
M. Kouchner s’est envolé vendredi après-midi pour Beyrouth, après deux jours passés à Addis Abeba où il a notamment rencontré le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi et le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré.