29/10/07 (B419) (AFP) – Somalie : MOGADISCIO : civils en fuite, combats, manifestations, Mogadiscio dans le chaos (Info lectrice)

Mogadiscio était en proie au chaos dimanche, ravagée par de nouveaux combats qui poussaient les civils à prendre la fuite, tandis que des soldats éthiopiens ont tiré sur des manifestants, tuant trois d’entre eux.

Les autorités ont demandé aux civils d’évacuer le quartier de Bakara dans le sud de Mogadiscio, menaçant d’accroître la répression contre les zones tenues par les rebelles.

Les forces gouvernementales somaliennes et les insurgés islamistes se sont affrontées en plein jour dans le sud de la ville, pour la deuxième journée consécutive, selon des témoins.

« Je vois des insurgés qui scandent « Allah Akbar (Dieu est grand), ils sont accroupis juste devant ma porte, et des forces somaliennes dans des blindés qui ouvrent le feu », a raconté Anab Ali, un habitant du quartier de Hodan, dans le sud de Mogadiscio.

La veille, six civils avaient été tués dans des combats opposant islamistes et forces somaliennes et éthiopiennes.

Terrorisés par cette nouvelle éruption de violence, des centaines de civils tentaient de s’enfuir, chargeant leurs affaires dans des pick-up ou à dos d’âne.

« Personne ne peut supporter ce qui ce passe à Mogadiscio, cette violence sans interruption, qui fait des centaines de morts chaque semaine », a déclaré Abdurahman Nure, un habitant de Mogadiscio, qui s’enfuyait avec ses enfants.

Le représentant spécial de l’ONU pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, a condamné dimanche soir cette nouvelle flambée de violences.

« Les Somaliens sont livrés à eux mêmes (…). L’élite des Somaliens n’est pas prête à accepter des étrangers chez eux », a-t-il déclaré, attribuant le chaos somalien à l' »absence de présence internationale crédible dans le pays ».

« C’est comme cela qu’on tue et qu’on déplace des populations à huis clos (…). Il faut changer d’approche, de méthode, d’action, sinon on est complice du drame », a affirmé l’envoyé de l’ONU, interrogé depuis Dakar par la chaîne de télévision France 24.

Depuis la chute début 2007 des tribunaux islamiques, chassés des régions qu’ils contrôlaient par les forces gouvernementales appuyées par l’armée éthiopienne, la violence est allée en s’accroissant à Mogadiscio. Les civils sont les principales victimes.

« Les insurgés (notamment des islamistes, ndlr) attaquent le gouvernement et les forces éthiopiennes presque chaque jour désormais », a expliqué Fartun Adan Mohamed, mère de trois enfants, qui tentait elle aussi de fuir.

« A chaque fois, nous, les civils, sommes la cible de l’armée éthiopienne et des forces somaliennes, et fuir est notre seule option », a-t-elle ajouté.

La violence, qui se déroulait principalement la nuit jusqu’à récemment, se déchaîne aussi de jour, rendant certains quartiers de la capitale invivables.

Un journaliste de l’AFP a constaté que des centaines de civils quittaient dimanche les zones d’Ali Kamin et de Hamar-Jadid, dans le sud de Mogadiscio.

Des centaines de personnes ont défilé dimanche dans les rues de Mogadiscio pour protester contre la présence éthiopienne, aux cris de « A bas l’Ethiopie! A bas le gouvernement somalien! », mais la manifestation s’est achevée dans le sang.

Les forces éthiopiennes ont ouvert le feu et tué trois personnes, selon des témoins.

« Un jeune garçon et deux autres civils ont été tués quand les forces éthiopiennes ont ouvert le feu. Nous étions en train de manifester contre eux et ils ont tiré pour disperser la foule », a déclaré à l’AFP un des manifestants, Hussein Adan Suley.

Un policier a indiqué que deux autres personnes avaient été tuées par ailleurs: un homme, abattu dans le quartier très dangereux de Bakara par des inconnus, et un policier, tué dans des circonstances non dévoilées.

Des manifestants ont aussi incendié un commissariat, le deuxième en deux jours dans le sud de Mogadiscio, a déclaré le maire de la ville, Mohamed Omar Habeb, qui a appelé les civils de Bakara à quitter le quartier où il a annoncé que les forces de sécurité allaient venir « pourchasser les insurgés ».