06/02/08 (B433-B) ALERTE ROUGE – MENSONGES ET TROMPERIES DE L’AMBASSADE D’ETHIOPIE. En réponse à une lettre que l’Ambassade d’Ethiopie a envoyée à toutes les associations qui soutiennent Hasna et qui contient de fausses affirmations orientées pour tromper les destinataires, nous avons répondu avec une lettre ouverte. (ARDHD)

A S.E. Madame Tadelech Haïle-Mikael
Ambassadeur auprès de la France et de l’Unesco
Ambassade d’Ethiopie
35 avenue Charles Floquet
75007 PARIS

Paris, le 6 février 2008

 

Lettre ouverte par Fax : 01-43-06-52-14

Objet : Les droits des enfants mineurs sous statut de « réfugiés » sont-ils bafoués en Ethiopie ?

Madame,

En réponse au fax que vous nous avez adressé ce jour concernant l’incarcération de la jeune mineure HASNA Mohamed HASSAN, nous tenons à vous préciser qu’il y a manifestement erreur sur la personne…

En effet, la jeune écolière qui est emprisonnée actuellement ne correspond pas à l’identité que vous indiquez.

Les différences entre la réalité de l’identité de cette jeune fille, et les erreurs ou falsifications présentées par vos services sont si nombreuses et si orientées qu’il ne peut y avoir ni confusion ni doute au regard du droit.

Voici le relevé des inexactitudes / falsifications de vos services qui tendent à faire passer cette écolière mineure et victime d’enlèvement, de séquestration, et de viol, pour une délinquante majeure, et de surcroît femme mariée …

1. La jeune fille que nous défendons s’appelle Hasna Mohamed Hassan et non Hasna Ahmed Hassan, comme le certifie d’ailleurs sa famille et son père. (Copie acte de naissance en annexe -1-),

2. Il s’agit d’une mineure : cette écolière est âgée de 12 ans comme l’attestent son certificat de naissance et le bulletin émis par les autorités sanitaires officielles de votre pays (copie en annexe -2-). (Elle n’a donc pas 16 ans, et n’est donc pas majeure) comme vous l’indiquez.

3. Elle habite Woreda 13 Kebele 08 Aware / Addis Abeba et non Kebele 16117 / Addis Abeba

4. Elle n’est pas mariée, mais bien célibataire, comme l’attestent 23 témoins qui ont signé la déclaration (en annexe -3-)

5. Elle n’est pas éthiopienne, mais de nationalité djiboutienne, comme son père, et elle est, tout comme lui, régulièrement inscrite au HCR (ce qui peut être confirmé par cette organisation internationale),

6. Elle n’est pas orpheline : elle est la fille de Mohamed Hassan Ali, Djiboutien, comme en témoigne la décision (copie traduite en annexe -4-) rendue par les Juges fédéraux (Federal High Sharia Court) Sheik Siraj Mohamud et Sheil Abaraya Abaulga et le paiement de 27 Birr attesté dans le reçu N° 43770.

Depuis le 17 décembre, date de son enlèvement, c’est son père qui se bat pour la sauver.

Juridiquement, il ne peut donc pas s’agir de la même personne ; et les poursuites diligentées contre cette écolière mineure n’ont donc aucune valeur juridique, puisqu’il y a erreur entre la personne jugée et la personne emprisonnée.

Quant aux déclarations qu’aurait signées cette enfant de douze ans, violée, apeurée et traumatisée, nous sommes certains que vous conviendrez avec nous, qu’elles doivent être considérées en droit avec la plus extrême prudence, sachant qu’elle sortait d’une incarcération avec violence qui avait duré plus de 17 jours et qu’elle se trouvait en position de faiblesse dans un Commissariat de Police, face à un officier qui pourrait être le parent de son kidnappeur …et de surplus, ignorant tout de la Loi et pratiquant sa langue maternelle qui est l’Afar et non l’Amharique.

Vous avez oublié de préciser plusieurs points importants :

– le jugement aurait été prononcé en comparution immédiate, sans que la jeune fille ne soit assistée ou défendue par un Avocat, même commis d’office, ce qui est le minimum requis dans toutes les démocraties …

– le père n’a pas été averti du procès qui allait être intenté à sa fille mineure.

Nous avions d’abord privilégié la thèse d’un dysfonctionnement dans les services de Police et d’erreurs d’informations internes dans ces services, et nous avions fondé de grands espoirs sur votre intervention, en votre qualité d’abord de diplomate, représentant l’Ethiopie auprès de la France, de plusieurs autres Etats et surtout de l’Unesco, honorable institution qui prend la défense des enfants victimes et non l’inverse, mais aussi en votre qualité de femme.

Votre réponse montre que nous avons été trompés et que la détention arbitraire et odieuse, fondée sur des thèses fallacieuses, et en déni des droits de l’enfant, qui vise cette écolière innocente, est malheureusement confirmée par les plus hautes autorités éthiopiennes.

Nous le regrettons, et nous ne pouvons pas l’accepter.

Cette jeune fille étant en grand danger, sans protection, et en déni de justice et d’humanité soutenu par vos soins, il est maintenant de notre devoir de faire connaître largement cette situation, directement, et via les associations qui soutiennent cette cause à nos côtés :

– au réseau éducatif français que nous avons alerté,

– à la communauté internationale, gouvernementale et diplomatique,

– au Conseil des Droits de l’homme de l’ONU auprès duquel une plainte a été déposée officiellement par l’UDDESC.

Nous vous rappelons que l’état de santé psychologique de cette écolière de douze ans, fille de réfugiés, emprisonnée sur la base d’une fausse identité, se dégrade rapidement et qu’elle ne semble bénéficier d’aucun accompagnement médical adapté. De graves séquelles mentales, dont certaines irréversibles, sont à craindre, et les responsabilités seront clairement et hautement désignées.

La mauvaise foi et les allégations trompeuses des services de police éthiopiens, relayés par vos soins, soulèvent beaucoup de questions :

– sur l’indépendance de la Justice éthiopienne et le fonctionnement de la Police,

– sur les Droits effectifs des réfugiés djiboutiens en Ethiopie, qui seraient considérés comme des résidents de troisième classe et soumis à toutes sortes de pression, de menaces et d’humiliation,

Devant un tel déni d’humanité, de vérité et de justice, devant une telle volonté réitérée de bafouer les droits de l’enfant et de poursuivre un emprisonnement arbitraire, violent et tortionnaire d’une enfant :

– nous maintenons le mot d’ordre pour le rassemblement devant votre Ambassade demain jeudi

– nous allons faire parvenir aux médias la copie des documents qui prouvent les fausses allégations des autorités éthiopiennes et le caractère odieux et tortionnaire de l’incarcération de cette jeune innocente réfugiée de 12 ans, incarcérée parmi les adultes, en lieu et place d’une autre personne.

Nous vous prions de croire, Madame l’Ambassadeur, à l’assurance de notre considération extrêmement attentive.

Jean-Loup Schaal
Président de l’ARDHD

P.J. 4
1 – Certificat de naissance,
2 – Bulletin d’hospitalisation délivré par le Ministère éthiopien de la santé
3 – Attestation de célibat signée par 23 témoins,
4 – Attestation de filiation délivrée par deux juges fédéraux éthiopiens. (Traduction)

Copies :

Ministre des Affaires Etrangères (M. Bernard Kouchner)
HCR Genève, Paris et bureau Addis Abeba
OMCT Genève
Direction générale de l’UNESCO (M. Koïchiro Matsuura)
Comité des Droits de l’Homme / Nations Unies
Ambassadeur de France à Addis Abeba
Ambassadeur des USA à Addis Abeba
Ambassadeur de France à l’UNESCO
Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme (Mme Yama Rade)
Comité Consultatif des Droits de l’Homme (Bâtonnier Roger-Vincent Calatayud)

BBC,
RFI (Karine Franck)
AFP,
Le Monde
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Libération,
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