19/02/08 (B435) FIDH Djibouti : Une démocratie à parti unique !
Paris, Djibouti, le 18 février 2008 – Les élections législatives qui se sont déroulées dans un fort climat de tension le vendredi 8 février 2008 à Djibouti, se sont soldées sans surprise par la victoire du parti présidentiel, seul parti en lice.
La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation affiliée à Djibouti, la Ligue Djiboutienne des droits de l’Humains (LDDH) déplorent les conditions dans lesquelles s’est déroulé le processus électoral, contraires à la Charte africaine sur les élections, la démocratie et la gouvernance ainsi qu’aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
En l’absence de réformes du code électoral après les élections législatives de 2003 qui avaient vu l’attribution de la totalité des sièges du Parlement au parti présidentiel alors que les partis d’opposition avaient obtenus 38% des voix, ceux-ci ont décidé de boycotter les élections législatives du 8 février 2008. Ils ont considéré à la fois que le scrutin majoritaire de liste à un tour assure de facto à la coalition présidentielle le gain des 65 sièges au Parlement au mépris de la pluralité politique, et que les conditions d’un scrutin libre, démocratique et transparent n’étaient pas réunies.
De plus, Ahmed Youssouf Ahmed, président de l’Alliance républicaine pour le développement (ARD), Ismaël Guedi Hared, président de l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ) et Souleiman Farah Lodon, vice-président du Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD), dirigeants des partis d’opposition, ont fait l’objet de multiples pressions de la part des autorités les jours précédents le scrutin. Ils ont notamment été assignés à résidence le 1er février 2008 afin d’empêcher le déroulement d’un rassemblement de l’opposition organisé dans le cadre de la campagne électorale.
Le même jour, M. Jean-Paul Noel Abdi, Président de la LDDH, a également été empêché de sortir de son domicile par des membres des Forces Armées, caractérisant l’assimilation par le pouvoir des défenseurs des droits de l’Homme aux opposants politiques, en violations des droits garantis par la Déclaration sur les défenseurs adoptées en 1998 par l’Assemblée générale des Nations unies.1
Sans surprise, avec une seule et unique liste en lice, les élections ont abouti à la victoire totale de l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP), remportant ainsi les 65 sièges du Parlement.
Aussi, la FIDH et la LDDH demeurent particulièrement étonnés des conclusions des observateurs de l’Union Africaine (UA) et de la Ligue des États arabes (LEA) ayant déclaré lors d’une conférence de presse que les élections s’étaient déroulées dans un climat démocratique dont le scrutin avait été régulier, libre et transparent. Nos organisations regrettent le silence de la communauté internationale face aux conditions du processus électoral dans ce pays.
La FIDH et la LDDH demandent aux autorités djiboutiennes de réformer sans délai et en concertation avec tous les acteurs politiques à Djibouti, le code électoral afin de permettre l’organisation d’élections véritablement libre et pluralistes dans le pays, conformément aux dispositions des instruments régionaux et internationaux de protection des droits de l’Homme ratifiés par Diibouti.
1 Voir l’Appel urgent de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme du 1er février 2008, Lien