24/07/08 (B457) ONU / Conseil de Sécurité / L’ONU DOIT RESTER EN SOMALIE, AFFIRME LE REPRÉSENTANT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
« Une force internationale de stabilisation mettrait fin au calvaire du peuple somalien », estime le Ministre des affaires étrangères de la Somalie
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Ahmedou Ould-Abdallah, a estimé ce matin devant le Conseil de sécurité que la priorité pour les Nations Unies était de « rester sur place » et de « continuer à permettre la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti ».
Si le Conseil de sécurité autorisait le déploiement d’une force internationale de stabilisation, il y aurait de « bonnes raisons de penser que le calvaire du peuple somalien qui dure depuis 17 ans prendra fin », a déclaré pour sa part le Ministre somalien des affaires étrangères et de la coopération internationale.
Pour M. Ali Ahmed Jama Jengeli, une force d’environ 26 000 membres chargée de stabiliser la Somalie, et telle qu’envisagée dans un précédent rapport du Secrétaire général, « n’est peut être pas nécessaire et faisable ». En revanche, « une force bien plus réduite, mandatée et financée par les Nations Unies pourrait faire un bon travail dans des circonstances raisonnables », a-t-il estimé, ajoutant que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), déjà déployée dans le pays, devrait être « le noyau » de toute future force internationale de stabilisation des Nations Unies ou force de maintien de la paix.
« Le temps est venu pour le Conseil de sécurité de prendre des mesures audacieuses, décisives et rapides », a souligné M. Ould-Abdallah, qui présentait un exposé de la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Somalie.
Tout en saluant l’ « excellent travail que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a accompli dans des conditions extrêmement difficiles », il a cependant estimé que le Conseil pourrait envisager d’en « changer la casquette » dans l’hypothèse où elle serait en mesure de fournir les capacités nécessaires. Deux autres options consisteraient à déployer une force internationale de stabilisation ou une force de maintien de la paix des Nations Unies.
Le Représentant spécial a proposé que le Conseil de sécurité exprime un « appui public fort » à l’Accord de Djibouti et appelle les États Membres à faciliter sa mise en œuvre rapide. « L’Accord de Djibouti constitue une occasion de marginaliser et peut-être même de mettre un terme à la violence en Somalie », a-t-il affirmé.
L’Accord de Djibouti, signé le 9 juin, prévoit une cessation des hostilités par les deux parties pendant une période initiale de 90 jours, commençant 30 jours après la signature de l’Accord. Il porte également sur une demande conjointe au Conseil de sécurité concernant l’autorisation et le déploiement, dans les quatre mois à venir, d’une force internationale de stabilisation dont les éléments seraient fournis par des pays amis, à l’exclusion des États voisins. Enfin, il engage les deux parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer un accès sans entrave au personnel humanitaire.
Le Commissaire pour la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Ramtame Lamamra, a noté que la mobilisation internationale allait dans le sens voulu par le Gouvernement fédéral de transition et des autres parties prenantes, à savoir « parvenir à la stabilisation du pays par le biais du dialogue et de la réconciliation nationale ».
Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de renforcer la composante navale dans la perspective de la mise en place d’une opération de maintien de la paix de l’ONU en Somalie. « Une opération de ce type s’appuyant sur une composante navale solide permettrait de mener une action de paix et de stabilisation au-delà de la capitale Mogadishu, en renforçant les efforts entrepris pour s’assurer du respect de l’embargo sur les armes, de la bonne marche des activités humanitaires et de la protection des ressources maritimes somaliennes », a-t-il expliqué.
« La Somalie demeure un véritable problème pour la communauté internationale mais l’évolution récente de la situation donne des raisons d’espérer », souligne le Secrétaire général dans son rapport*.
« L’Accord de Djibouti marque un pas important sur la voie de la paix et de la stabilité en Somalie. Le principal défi réside maintenant dans sa mise en œuvre », affirme M. Ban Ki-moon, invitant « les deux parties à respecter les dispositions de cet Accord et, en particulier, celles concernant la cessation des hostilités et la facilitation de l’accès humanitaire ».
Le Secrétaire général souligne qu’« il importe que les progrès enregistrés sur le front politique s’accompagnent de plans de mise en place d’un dispositif de sécurité approprié destiné à appuyer la réinstallation de l’ONU en Somalie et le déploiement d’une force de stabilisation internationale ».
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LA SITUATION EN SOMALIE
Déclarations
M. AHMEDOU OULD-ABDALLAH, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, a rappelé que lors de son premier exposé devant le Conseil de sécurité, le 17 décembre, il avait proposé trois options pour aborder la crise somalienne. La première était de poursuivre la routine habituelle avec une assistance massive, y compris de l’aide humanitaire, comme nous l’avons fait au cours des 18 précédentes années. Cette approche, qui a permis de sauver des millions de vies et devrait être poursuivie, ne peut néanmoins apporter une paix durable.
La deuxième option serait de se retirer d’un pays où nous n’avons toujours pas fait une grande différence. Dans la troisième option, il proposait une action simultanée sur les fronts politique et sécuritaire.
Le Représentant spécial a souligné que le 9 juin, le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie sont arrivés à un accord politique qui a été paraphé par les deux parties. Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes, l’Organisation de la Conférence islamique et l’Organisation des Nations Unies ont été les témoins de cet accord, a-t-il dit. La visite de travail du Conseil de sécurité à Djibouti à l’ouverture des discussions a été, a estimé M. Ould-Abdallah, l’une des contributions les plus importantes à la conclusion réussie de cet accord.
Il a proposé que le Conseil de sécurité exprime un appui public fort à l’Accord de Djibouti et appelle les États Membres à faciliter sa mise en œuvre rapide. L’Accord de Djibouti constitue une occasion de marginaliser et peut-être même de mettre un terme à la violence en Somalie, a-t-il affirmé. La priorité doit être de rester sur place et de continuer à permettre la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti, a-t-il ajouté.
M. Ould-Abdallah a également déclaré que la communauté internationale devrait demeurer unie et manifester sa solidarité à l’égard du peuple somalien. Il a estimé que ce serait une erreur très grave de permettre à certains individus de jouer avec l’avenir de la Somalie et de l’ensemble de la corne de l’Afrique. La violence peut aisément se répandre à travers les frontières et constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales. La Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a fait un excellent travail dans des conditions extrêmement difficiles, a-t-il indiqué.
Mais, il convient, à ses yeux, d’envisager de changer la casquette de cette force si cela peut contribuer à apporter les capacités nécessaires. Une autre option serait ainsi de déployer une force internationale de stabilisation, comme l’a indiqué le Secrétaire général dans une lettre adressée le 20 septembre 2007 au Président du Conseil de sécurité. Enfin, comme troisième possibilité crédible, le Conseil de sécurité pourrait établir une force de maintien de la paix des Nations Unies. Le temps est venu pour le Conseil de sécurité de prendre des mesures audacieuses, décisives et rapides, a conclu le Représentant spécial du Secrétaire général.
M. RAMTAME LAMAMRA, Commissaire pour la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), a présenté les derniers développements en ce qui concerne la situation en Somalie. Il a noté que la mobilisation internationale allait dans le sens voulu par le Gouvernement fédéral de transition et des autres parties prenantes, à savoir parvenir à la stabilisation du pays par le biais du dialogue et de la réconciliation nationale. Le Commissaire a évoqué les différents efforts engagés à cette fin, notamment l’Accord de Djibouti conclu le 9 juin 2008 entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie. Lors du dernier Sommet de l’Union africaine tenu à Charm el-Cheikh, en Égypte, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union a salué les nouvelles perspectives pour une paix durable et la réconciliation en Somalie et appelé au soutien à la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti, a ajouté M. Lamamra.
Le Commissaire pour la paix et la sécurité a ensuite rappelé que l’Accord prévoyait la création, sous les auspices de l’Union africaine et des Nations Unies, de deux comités clefs, le Comité mixte de sécurité et le Comité de haut niveau, qui auront pour mandat de consolider le processus politique en cours et d’améliorer la situation du pays au plan de la sécurité. M. Lamamra a estimé que pour que cette disposition soit réalisée et que l’ONU et l’Union africaine participent pleinement au processus de paix, il faudrait que les parties somaliennes s’engagent avec détermination à restaurer la confiance mutuelle en vue de mettre un terme au conflit.
Il a ajouté que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) userait de tous les moyens dont elle dispose pour aider au rapprochement des parties. À ce sujet, M. Lamamra a déploré que l’AMISOM ne soit pas en mesure, pour l’heure, d’exercer pleinement son mandat, la Mission se heurtant à des manques sérieux sur le plan financier et sur le plan logistique. Selon les estimations des Nations Unies, son budget s’élève à 817 500 dollars. Il est crucial de renforcer la Mission en vue de parvenir à l’objectif international convenu de porter à 8 000 troupes le nombre de Casques bleus déployés sur place, a-t-il dit.
M. Lamamra a réaffirmé que ses visites sur place l’avait conforté dans l’idée qu’il était nécessaire de renforcer la composante navale dans la perspective de la mise en place d’une opération de maintien de la paix de l’ONU en Somalie. « Une opération de ce type s’appuyant sur une composante navale solide permettrait de mener une action de paix et de stabilisation au-delà de la capitale Mogadishu, en renforçant les efforts entrepris pour s’assurer du respect de l’embargo sur les armes, de la bonne marche des activités humanitaires et de la protection des ressources maritimes somaliennes. » Une forte composante navale représenterait aussi une garantie contre les attaques à l’encontre du personnel de l’ONU et une sécurisation des frontières maritimes, a encore ajouté le Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine.
Il a conclu en appelant le Conseil de sécurité à donner aux Nations Unies et à la communauté internationale les moyens de déployer « une mission robuste en Somalie ». C’est un moyen unique, a-t-il estimé, de saisir l’opportunité qui s’offre de restaurer la paix durable et la sécurité dans le pays.
M. ALI AHMED JAMA JENGELI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Somalie, qui a rappelé que le Conseil de sécurité avait été pour la première fois saisi de la situation en Somalie au début de 1992, a fait état de l’Accord de paix et de réconciliation conclu à Djibouti le 9 juin dernier entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie. Le Ministre a assuré que tout serait entrepris par le Gouvernement fédéral de transition pour mettre en œuvre les dispositions de cet Accord et a espéré que l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie fera de même.
Dans ce contexte, si le Conseil de sécurité autorisait le déploiement d’une force internationale de stabilisation des Nations Unies, il y aurait de bonnes raisons de penser que le calvaire du peuple somalien qui dure depuis 17 ans prendra fin, a-t-il dit. De l’avis du Ministre, une force d’environ 26 000 membres chargée de stabiliser la Somalie, et telle qu’envisagée dans un précédent rapport du Secrétaire général, n’est peut être pas nécessaire et faisable. Une force bien plus réduite, mandatée et financée par les Nations Unies pourrait faire un bon travail dans des circonstances raisonnables, a-t-il estimé, ajoutant que l’AMISOM, déjà déployée en Somalie, devrait être le noyau de toute future force internationale de stabilisation des Nations Unies ou force de maintien de la paix. Le Ministre a souligné que son gouvernement était déterminé à faire tout ce qu’il pouvait pour créer un climat favorable au déploiement et au bon fonctionnement d’une force de stabilisation.
S’agissant de l’aide humanitaire, une assistance considérable est requise pour les mois à venir, a-t-il affirmé. Le Ministre a mis l’accent sur la corrélation étroite entre la sécurité et la réconciliation et les besoins humanitaires. Toute action devra être prioritairement axée à l’avenir sur les plans politique et sécuritaire, a-t-il dit. Le Ministre a par ailleurs exprimé sa tristesse face aux meurtres et enlèvements délibérés commis contre des agents humanitaires qui accomplissent un travail héroïque dans des conditions difficiles. Le Gouvernement et le peuple somaliens sont attachés, en priorité, à poursuivre les auteurs de ces crimes et à les traduire en justice, a-t-il assuré. M. Jama Jengeli a appelé le Conseil de sécurité à régler de manière prioritaire la question de l’impunité pour les crimes commis contre le peuple somalien.
Le Ministre somalien des affaires étrangères a enfin estimé qu’il y avait de bonnes raisons d’être optimiste et positif concernant l’avenir de la Somalie. Beaucoup dépend du peuple et de ses dirigeants, ainsi que de la qualité, de la pertinence et de la quantité de l’assistance du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, a-t-il fait remarquer. C’est pourquoi, il a souhaité qu’une force de stabilisation des Nations Unies appropriée reçoive l’appui du Conseil de sécurité au cours de cette réunion.