09/03/10 (B541) Point de vue. Un lecteur qui se présente comme « militant » à Djibouti nous envoie cette contribution que nous publions sous sa responsabilité.

Pour un refus de la révision de la Constitution

Depuis quelques mois certaines voix s’élèvent tant au pays que parmi la diaspora Djiboutienne en Europe et aux Amériques pour dénoncer les dérives du régime en place et plus spécialement son projet de réviser la constitution afin de permettre à l’actuel dictateur de briguer un 3ème mandat. Ce projet est maintenant officialisé par le RPP à son dernier congrès.

Aden Robleh Awaleh, président du PND, a été un des premiers à dénoncer cette violation flagrante de la loi fondamentale de notre pays. Il est temps pour les forces de l’opposition de se regrouper autour d’une figure connu afin de s’opposer efficacement au renouvellement du bail d’IOG. A cet effet Aden Robleh me semble la personnalité la mieux placée pour porter le message des milliers de Djiboutiens piétinés qui subissent de plein fouet la hausse continuelle des produits de premières nécessité (lait, riz, sucre, etc.).

Aden Robleh a été un militant de longue date pour l’indépendance de la république de Djibouti. Très peu de Djiboutiens ont consacré autant de temps de leur courte vie à ce projet d’émancipation et de liberté. Juste un rappel de quelques temps fort pour illustrer ce passé douloureux à notre jeunesse.

Aden Robleh Awaleh après avoir été Secrétaire Général des étudiants et stagiaires de Djibouti en France de 1965 à 1967 fut élu Secrétaire Général du F.L.C.S. (Front de Libération de la Côte des Somalis) en 1969 et le restera jusqu’en 1977 date de notre indépendance. Il a dirigé l’action diplomatique ainsi que l’action sur le terrain des militants du F.L.C.S. voué à la cause de la libération de Djibouti du joug colonial. Certains hauts fonctionnaires aujourd’hui bien placés feignent de l’ignorer souvent parce qu’ils étaient du mauvais côté à cette époque, à l’instar de l’actuel occupant du palais de l’escale, où sont trop jeune pour le savoir.

Nous profitons de ce petit billet pour leur rappeler que l’indépendance nationale a été obtenue de haute lutte et ceux qui se sont succédés à la tête du pays-deux proches cousins- n’ont pas apportés une miette à cette entreprise de luttes et de sacrifices. Des prises d’otages, des sabotages, des emprisonnements, des meurtres ont jalonnés cette période et la France n’a finalement cédé que sous les coups de butoirs successifs du F.L.C.S.

Aden Robleh a failli payer de sa vie puisque les laquais (bien Djiboutiens) coloniaux ont tenté de le tuer ne réussissant finalement qu’à le blesser gravement 3 jours avant la proclamation de cette indépendance pour laquelle il avait tant donné. En 1986 devant le glissement vers la corruption, la gabegie et l’affairisme du régime, Aden Robleh, alors simple député, publia un livre où il relatait une partie de l’histoire récente de Djibouti. Mal lui en pris car aussitôt il fut la cible d’harcèlement constants de plus en plus menaçants. Coupures d’électricité, d’eau, chantages, etc… rien ne lui fut épargné.

Craignant pour sa vie il réussit in extrémis à quitter Djibouti pour un nouvel exil. Il poursuivi son action politique sur le plan international laquelle abouti in fine à l’ouverture et l’acceptation par le régime Gouled du multipartisme en 1992.

Actuellement membre du parlement panafricain, Aden Robleh Awaleh fidèle à son sens de l’histoire, a décidé qu’il est temps de dire non à la violation constitutionnelle qui s’annonce et à une monarchie d’un autre temps qui risque d’épuiser les ressources Djiboutiennes déjà limitées.

Dans une récente interview à la voix de Djibouti -première radio indépendante Djiboutienne d’information fondée par la diaspora- il met en garde le Djiboutiens contre les souffrances qui les attendent s’ils ne se lèvent pas comme un seul homme pour s’opposer au viol de la constitution.

En temps que simple militant de base de l’opposition, je conseille à mes aînés de dépasser les querelles intestines et de confier la direction du refus de révision de la constitution à Aden Robleh Awaleh, personnalité jouissant de la légitimité historique et de la stature internationale requise. Djibouti est à un tournant et IOG est cerné à la frontière nord par le Frud et l’Erythrée et au sud par un front Issa récemment formé.

IOG qui a fréquemment recours aux féticheurs et autres voyantes doit méditer longuement l’histoire récente du Niger.

Le jour de son intronisation -suite à son premier du hold-up électoral- le 9 avril 1999 coïncidait avec un coup d’Etat au Niger qui avait pour but de déposer un militaire ayant voulu s’accrocher au pouvoir. 10 ans plus tard un autre président -Mamadou Tandja- changea la constitution, dissout le parlement et la cour constitutionnelle. Un nouveau coup d’Etat vient de mettre fin à sa folle dérive.

Refusons ensemble la révision constitutionnelle en préparation par ce régime honni de tous.