30/09/08 (B467-B) AFP / Somalie: la marine US cherche à dissuader les pirates de décharger les armes.

Des navires de guerre et hélicoptères américains tentaient mardi de dissuader, devant la côte somalienne, les pirates de décharger les armes du bateau ukrainien capturé jeudi, tandis que la confusion régnait sur la destination de la cargaison.

Les pirates, joints par l’AFP depuis Nairobi, ont affirmé mardi que la cargaison militaire, dont 33 chars, était destinée au Sud-Soudan, région semi-autonome du Soudan, et non au Kenya, ce que Nairobi et l’Ukraine démentent formellement.

Mardi, le face-à-face se poursuivait au large d’Hobyo, localité portuaire située à environ 500 km au nord de Mogadiscio, entre les pirates à bord du Faina et plusieurs navires de guerre américains.

La région d’Hobyo est dominée par les islamistes qui mènent depuis début 2007 une guerre acharnée contre le gouvernement somalien.

Selon la Ve Flotte américaine, basée à Bahreïn, l’intégralité des navires qui surveillent « à vue » le Faina -trois selon les pirates- sont américains.

Le lieutenant de vaisseau Stephanie Murdock, porte-parole de la Ve Flotte, a ajouté ignorer la date d’arrivée dans cette zone d’un navire de guerre russe et de deux frégates malaisiennes annoncés lundi par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, expliquant « ne pas être en coordination avec d’autres marines pour le moment ».

En attendant l’issue de négociations ou une éventuelle intervention militaire, les navires de guerre américains, dont le destroyer USS Howard, s’employaient à dissuader les pirates somaliens de décharger à terre la cargaison.

« La situation sur le bateau ukrainien est différente aujourd’hui. Il y a des négociations en cours entre les pirates et les navires (américains). Les pirates ont accepté de ne pas décharger la cargaison et ont, en échange, été autorisés à demander ce dont ils avaient besoin », a expliqué à l’AFP le ministre adjoint des Ports pour la région semi-autonome du Puntland (nord-est de la Somalie), dont Hobyo fait partie.

Plusieurs pêcheurs interrogés par l’AFP à Hobyo ont confirmé que les pirates avaient pu, à bord de petites embarcations, chercher du ravitaillement à terre, sous la surveillance étroite d’hélicoptères américains.

« J’ai vu des hélicoptères militaires survoler le bateau ukrainien. Trois autres gros navires de guerres sont visibles dans les environs. Il y a aussi les petits bateaux de pirates qui ont la possibilité de se déplacer », a raconté à l’AFP un pêcheur, Mohamed Dhegosin.

« Nous sommes toujours encerclés par les navires étrangers. C’est une surveillance 24 heures sur 24: les hélicoptères sont au-dessus de nos têtes mais aucune action n’a été entreprise contre nous », a expliqué à l’AFP le porte-parole des pirates, Sugule Ali, joint par téléphone satellitaire.

« Nous confirmons que ces armes n’appartiennent pas au gouvernement du Kenya, mais appartiennent (aux autorités) du Sud-Soudan », a-t-il également affirmé.

« Toutefois, a-t-il ajouté, le propriétaire des armes n’est pas notre problème, notre problème c’est les 20 millions de dollars », exigés pour relâcher le Faina et son équipage.

« Ce n’est pas une rançon, mais une amende pour transport illégal d’armes dans les eaux somaliennes », a-t-il justifié, précisant que tout était calme mardi matin à bord du cargo.

Un porte-parole de la Ve flotte américaine basée à Bahreïn avait indiqué lundi que la cargaison du Faina était destinée à un client au Soudan, et non au Kenya, suscitant des démentis de Kiev, de Nairobi et de l’armée semi-autonome du Sud-Soudan.

L’Ukraine a réaffirmé mardi que les chars et armements saisis par des pirates étaient destinés au Kenya.

Selon le Bureau maritime international (BMI), au moins 55 bateaux ont été attaqués dans le golfe d’Aden et l’océan Indien depuis janvier 2008 par des pirates venus de Somalie, pays plongé dans le chaos depuis le début d’une guerre civile en 1991.