05/03/09 (B488) IRIN (ONU) / ETHIOPIE : L’aide alimentaire d’urgence bloquée à Djibouti

_______________________________ 1 – Note de l’ARDHD

Sans qu’il ne soit possible d’établir aujourd’hui un parallèle, cette situation pourrait rappeler étrangement celle des années 80.

De nombreux artistes s’étaient mobilisés pour collecter des fonds pour venir en aide aux éthiopiens menacés de famine. Des chansons à grand succès avaient permis de récolter des montants importants.

Il faut dire que la famine n’était pas la conséquence de conditions météoroliques spécifiques, mais beaucoup plus, celle d’une volonté stratégique d’affamer les populations en guerre contre le régime central …

Bref les montants récoltés grâce aux travails de ces artistes mobilisés pour la cause avaient effectivement été transformés en aide alimentaire. Les paquets avaient été acheminés à Djibouti pour être ensuite convoyés vers l’Ethiopie.

Sous différents prétextes forgés pour l’occasion (embouteillages, manque de moyens de transport, et autres mensonges, …) la majorité de cette aide humanitaire avait été stockée dans des entrepots du port de Djibouti d’où elle n’est sortie que pour alimenter le marché djiboutien local, qui la revendait. Profit garanti à tous les niveaux de la chaîne.

Selon un témoignage que nous avions recueilli à l’époque de la part d’un commandant de bord d’Air France, une autre partie aurait été chargée à l’époque à Addis Abeba sur des avions russes qui rentraient dans leur pays d’origine ….

Assistons-nous à la même comédie aujourd’hui ? (Sauf que les Russes ne demanderont pas leur part …)

_____________________________ 2 – IRIN


Des encombrements au port de Djibouti retardent la distribution des vivres à des milliers de personnes victimes de la sécheresse, de la flambée des prix alimentaires et des faibles réserves alimentaires mondiales

En Ethiopie, les bénéficiaires de l’aide alimentaire pourraient être confrontés à une situation plus difficile encore si les denrées bloquées au port de Djibouti ne sont pas rapidement acheminées dans le pays, ont indiqué plusieurs sources.

Des responsables ont réprouvé les encombrements au port de Djibouti, principal accès maritime de l’Ethiopie, privée de littoral. Ils ont cependant insisté sur le fait que la situation était en passe de s’améliorer.

« Cela a posé un problème en octobre et en décembre », a déclaré Mitku Kassa, ministre éthiopien de l’Agriculture et du développement rural. « La [situation] est en train de s’améliorer, grâce aux négociations et discussions que nous avons entamées avec les responsables, notamment Dubai Port World, qui gère le port, et STDV, la société portuaire ».

Une étude récente réalisée par le gouvernement éthiopien en collaboration avec ses partenaires humanitaires a révélé que 4,9 millions de personnes auraient besoin d’une aide humanitaire au cours des six mois à venir. Le gouvernement et les bailleurs de fonds ont lancé un appel de 389,3 millions de dollars pour l’achat de denrées alimentaires afin d’améliorer la situation.

« Une quantité importante de vivres acheminés par le PAM [Programme alimentaire mondial des Nations Unies] se trouve actuellement au port », a expliqué Paulette Jones, porte-parole du PAM à Addis-Abeba. « Ces denrées [alimentaires] doivent de toute urgence être distribuées aux bénéficiaires, qui subissent toujours de plein fouet les conséquences de la sécheresse, la flambée des prix alimentaires et les [faibles] réserves alimentaires mondiales. »

Rations

D’après le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les acheminements de vivres du mois de janvier ont été affectés par la pénurie de ressources.

Par conséquent, seules les zones les plus touchées recevront des rations complètes de céréales et de mélanges alimentaires, conformément à l’accord conclu par un comité chargé de définir les priorités. Les autres bénéficiaires recevront des rations de légumes secs et d’huile végétale réduites de deux tiers.

Le PAM a déclaré qu’il étudiait la possibilité d’exploiter les ports de Port-Soudan et Berbera au Somaliland, ce qui faciliterait la livraison des denrées alimentaires dans la région Somali en l’Ethiopie.

Dans l’intervalle, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) a prévenu que les troupeaux des familles de bergers dans le sud du pays avaient fortement diminué au cours des deux dernières décennies, les animaux n’ayant pas survécu aux maladies induites par le changement climatique et la grande sécheresse.

Dans un rapport rédigé par des chercheurs éthiopiens et néerlandais, publié le 26 février, l’IFRC affirme que le nombre moyen de bêtes possédées par les foyers est passé de 10 à trois boufs, de 35 à sept vaches, et de 33 à six chèvres dans la zone de Borena, située dans la région d’Oromiya.

« Des pertes de cette ampleur seraient désastreuses pour les familles qui dépendent intégralement de leurs animaux pour les revenus et l’alimentation », est-il précisé.

L’étude révèle que suite à la mort des animaux, les habitants sont devenus dépendants de l’aide humanitaire, tandis que les saisons sèches ont généré des « conflits de ressources » locaux ayant pour toile de fond l’eau et les pâturages. « Environ un quart des foyers des secteurs de Borena et Guji ont été victimes de vols de bétail liés au conflit au cours de la période comprise entre 2004 et 2008 », a indiqué l’IFRC.