03/04/09 (B492) Le journal de la Flibuste … Regain d’activité chez les pirates. La répression touche des bateaux-mères. (5 articles en Français)
_________________________ 5 – Pro du Tourisme avec AFP
Seychelles : un bateau de croisière capturé par des pirates
Le bateau de croisière Indian Ocean Explorer et ses sept membres d’équipage seychellois ont été capturés par des pirates après avoir débarqué des touristes sur l’île d’Assomption, dans l’archipel des Seychelles.
Ce bateau qui bat pavillon seychellois peut accueillir douze touristes. Lors de sa capture, il faisait route vers Mahé, où il était attendu dimanche.
Aucun contact n’a été établi avec les pirates, mais le bateau se dirigerait vers les côtes somaliennes.
Selon le Bureau maritime international, les pirates somaliens ont attaqué plus de 130 navires marchands en 2008, une hausse de plus de 200% par rapport à 2007.
____________________________ 4 – Les Afriques (Suisse)
Somalie : Attaque d’un navire-cargo japonais
Un navire-cargo japonais, affrété par la société Mitsui O.S.K Lines, a été attaqué par des pirates à 900 km au large de la Somalie, a déclaré le Ministère japonais des transports.
Aucun des 18 membres d’équipage du navire, tous de nationalité philippine, n’a été blessé par les balles tirées par les pirates depuis deux canots sur le navire-cargo.
Le navire transportait des voitures vers le port de Mombasa au Kenya.
____________________________ 3 – EuroInvestor.fr avec Reuters
LEAD1 Somalie-Deux bateaux de pêche grecs saisis par le Puntland
Les forces de sécurité de la région autoproclamée semi-autonome du Puntland, dans le nord de la Somalie, ont pris le contrôle de deux bateaux de pêche grecs, jeudi à la suite d’une fusillade, et les ont accusés de pêcher illégalement dans les eaux somaliennes.
Abdiouéli Ali, chef des garde-côtes du Puntland, a déclaré à la presse qu’un de ses hommes avait été blessé dans la fusillade en mer.
"Nous voulions savoir si ces deux navires avaient des autorisations, mais, lorsque nous nous sommes approchés, ils nous ont tiré dessus", a-t-il dit. "Nous nous sommes défendus. L’un de nos soldats a été blessé. Leurs permis de pêche avaient expiré, et c’est pourquoi ils ont ouvert le feu".
Les autorités somaliennes accusent depuis longtemps les flottes de pêche de pays européens de pêcher illégalement dans leurs eaux – qui sont également infestées de pirates, lesquels ont détourné des dizaines de navires l’an dernier, notamment dans le golfe d’Aden.
Les deux bateaux de pêche grecs ont été conduits vers le port de Bosasso, ont rapporté des témoins.
Le ministre de la Pêche du Puntland a contredit les garde-côtes en déclarant que les deux navires grecs disposaient d’autorisations de pêche valides.
(Bureau de Nairobi,
version française Eric Faye)
____________________________ 2 – AFP
Somalie: un pirate tué et un bateau-mère détruit, selon des témoins
Au moins un pirate somalien a été tué et trois blessés mercredi après qu’un navire de guerre étranger a détruit leur bateau-mère à proximité des côtes somaliennes, ont affirmé jeudi des chefs coutumiers et des pêcheurs.
L’incident, dont on ignore les circonstances exactes, s’est produit non loin de la ville côtière d’Harardere, un repaire de pirates somaliens situé à 400 km au nord de Mogadiscio.
"Un pirate a été tué et trois autres blessés après s’être approchés d’un bâtiment de guerre. Ils ont ignoré des mises en garde du bateau, ont continué de s’en approcher et leur bateau-mère a été détruit", a rapporté à l’AFP par téléphone un pêcheur local, Abdullahi Isa Mohamed.
D’autres pêcheurs interrogés par l’AFP ont expliqué que les pirates se trouvaient à bord d’un bateau-mère et de trois petites embarcations, à la recherche d’un navire à attaquer, lorsqu’un navire de guerre, dont on ignore la nationalité, a coulé par le fond leur bateau-mère.
"On nous a dits qu’un bateau-mère avec quatre pirates à bord a été détruit par les forces internationales", a pour sa part déclaré un chef coutumier d’Harardere, Adan Hassan Daud, expliquant que les pirates avaient pris le navire de guerre pour un navire marchand.
Interrogés par l’AFP, les commandements de l’opération européenne Atalante de lutte contre la piraterie et de la Ve Flotte américaine, qui patrouillent dans la zone, ont assuré de ne pas avoir été informés d’un tel incident.
Les pirates somaliens ont attaqué plus de 130 navires marchands au large de la Somalie l’an dernier, une hausse de plus de 200% par rapport à 2007, selon les chiffres du Bureau maritime international.
Face à cette recrudescence spectaculaire des attaques, de nombreux pays ont dépêché des navires de guerre au large de la Somalie, qui a sombré dans le chaos depuis le début d’une guerre civile en 1991.
____________________________ 1 – Usine nouvelle
Somalie en eaux troubles
Certains navires venant d’Asie évitent désormais la route du canal de Suez, et relient l’Europe via Bonne Espérance pour limiter les risques et les primes d’assurance.
Hollywood en a fait des héros vaguement anarchistes, mais pour les marins, les pirates n’ont rien de romantique. La semaine dernière, deux cargos, l’un grec, l’autre norvégien, ont encore été détournés au large de la Somalie, épicentre de la piraterie moderne.
Le scénario ?
Toujours le même : dans les eaux internationales, des hommes armés prennent d’assaut un navire civil avec des grappins, le déroutent près des côtes et négocient une rançon. En 2008, le Bureau maritime international a relevé 293 actes de piraterie -49 avec « succès »-, dont 111 en Somalie. Depuis janvier, 36 attaques ont été relevées aux alentours de ce pays, quatre ayant abouti, ce qui se traduit par le fait que cinq navires sont actuellement retenus.
Trois leçons peuvent être tirées de ce cauchemar pour les armateurs, les affréteurs, les assureurs et les équipages. Premier point, le phénomène a un réel effet économique. Pour les armateurs, le coût direct des détournements en Somalie en 2008 se chiffrerait de 100 à 150 millions de dollars, selon les juristes londoniens de Holman Fenwick Willan. Mais il y a d’autres effets induits.
Certains navires venant d’Asie évitent désormais la route du canal de Suez, et relient l’Europe via Bonne Espérance (5 500 km en sus) pour limiter les risques et les primes d’assurance. Sans aller jusque-là, les bateaux en route vers Suez retardent le plus possible l’approche des côtes somaliennes ou naviguent en convoi. Le 18 février, 18 navires chinois ont ainsi traversé le golfe d’Aden protégés par deux destroyers chinois.
Ceci illustre le deuxième point, la réaction des grandes nations.
On ne plaisante plus avec le business !
En novembre 2008, Bruxelles, avec l’accord de l’ONU, a créé la force Atalanta comprenant une dizaine de navires et dotée -fait sans précédent – d’un commandement intégré. Début 2009, les Etats-Unis ont mis sur pied, avec leurs alliés (Turquie, Singapour…), la Task Force 151 dotée de sérieux moyens (navires, hélicoptère, drones…). Russes, Indiens, Japonais, et, donc, Chinois, sont aussi sur place. Des groupes de sécurité privés comme Blackwater (qui s’était illustré en Irak) proposent leurs services, mais pour Armateurs de France, ce serait la pire des solutions.
Ce déploiement militaire a ses limites car la zone de chasse des pirates couvre 2 millions de kilomètres carrés et s’élargit sans cesse. De plus, certains problèmes juridiques sont pendants : comment agir hors flagrant délit ?
Qui est responsable des morts éventuels ?
Où juger les pirates (le Kenya s’est porté candidat) ?
Le dernier point a trait à la Somalie. La piraterie s’y nourrit de la déliquescence de l’Etat et de la misère. Ce pays de 10 millions d’habitants, où le PIB par tête est de 600 dollars par an, n’a pas de gouvernement stable depuis 1992. Des provinces comme le Puntland (au nord-est) sont semi-autonomes.
Dans bien des régions, la loi du plus fort prévaut.
La piraterie y est devenue une économie parallèle avec chefs de guerre, hommes de main, comptables, banquiers et traducteurs.
La solution ?
Une remise sur pied du pays. Vaste programme… En 1992, les Etats-Unis et l’ONU s’y sont cassé les dents. L’Ethiopie l’a envahi en 2006, ajoutant à la confusion. Puissance régionale, l’Egypte, qui voit le trafic de Suez s’éroder, pourrait jouer un rôle clé. Au fait, le nom de la Somalie sera-t-il prononcé au G20 ?