08/06/09 (B502) « Fini le temps béni des couillonneries. Dictateur, tu n’es pas mon Ami ! » (2 ème partie et fin) ( par Bouh Warsama)


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Autre exception notable :
la garde rapprochée du dictateur.

Beaucoup utilisent des gros bras à lunettes noires et flingues tellement mal cachés qu’on les croirait ….enceintes de 6 ou 7 mois ; un seul est entouré d’une ribambelle de quarante filles ressuscitant les amazones d’antan et qui, soit dit en passant, sont d’une grande beauté à faire lever vers le ciel l’arme d’un quelconque « effaceur » professionnel…

Le dictateur, souvent rendu paranoïaque à force d’avoir tenté d’éliminer tous ses adversaires un à un, ou trahi par tous ses amis en fin de règne – Staline étant toujours l’actuel recordman du monde toutes catégories dans ce domaine – ne se déplace jamais sans un bataillon de policiers, de gendarmes et de militaires dont le nombre va augmenter en proportionnalité inverse de sa popularité auprès des populations.

En clair, moins son Excellentissime Sérénité est populaire et plus il est protég酅….

Il est facile, de satellite, de suivre les déplacements d’un dictateur, vu la masse d’individus en mouvement que cela provoque. Ceci se vérifie pour les déplacements d’Ismaïl Bobard qui bénéficie de dix à quinze rangées circulaires des hommes de sa sécurité aussi visibles et repérables que le nez au milieu de la figure ; cela fait la joie des photographes de sa propagande car les images donnent l’impression d’une foule accompagnant son Excellentissime Sérénité dans ses déplacements alors que c’est sa garde rapprochée.

Qu’un pétard inoffensif ou un ballon de foot en vienne à exploser à 200 m de là et tout le bataillon de sa garde protégée se jetterait sur lui pour le protéger, ou peut être pour l’étouffer… ; on oserait dire enfin.

D’où aussi l’importance de l’armée, lorsqu’on lui fournit les moyens en considérant être seule capable de protéger d’une attaque venant de l’étranger et que l’on n’envoie pas se faire massacrer à 1 contre 15. Mais contrairement à ce que croit la population, l’armée n’est pas là pour défendre le pays, mais pour protéger la seule personnalité du dictateur en déplacement.

Lors du moindre déplacement, ou de la moindre intervention télévisuelle, le dictateur est suivi comme son ombre d’une deuxième meute, plus hétéroclite, celle des journalistes et des médias à son service ; à sa « botte » plus précisément et surnommés les « journaleux de la gamelle du Palais » !

Le dictateur n’a pas à condescendre à faire comprendre aux journalistes ce qu’ils doivent écrire et ne pas écrire, ce qui doit être photographié ou ne pas l’être – quitte à répéter la scène plusieurs fois. Les responsables de sa propagande, qu’il a nommés – à la place des précédents, jetés dans d’obscurs cachots ou en exil – s’en chargeant à la place d’Ismaïl Bobard.

Les domaines de rédaction les plus risqués sont ceux qui touchent à l’environnement le plus proche du dictateur, les épouses étant un sujet quasi-tabou, au même titre que les maîtresses (ou les danseuses – Kim Jong II).

Sur les places de Paris et d’Hollywood, la plus réputée pour les rumeurs qui n’en sont pas, tout le monde en a les noms, mais personne n’osera le révéler à la face du monde.

Des maîtresses savamment surveillées de près, par une police politique super barbouzarde dont le sport préféré consiste à aller chercher, en passant sur les toits, les données inscrites dans un ordinateur portable – ceci quand la maîtresse s’avère être autre chose qu’une coiffeuse, ce qui arrive aussi parfois, le pire danger étant alors une maîtresse… journaliste ce qui est l’horreur totale car le plus grand risque…de fuite.

Pour ce qui est de l’entretien et la surveillance du cheptel de maîtresses, pas de problèmes. Tout bon dictateur a déjà trempé dans des affaires bien plus que louches avant d’arriver au pouvoir, et possède donc un carnet d’adresses ressemblant à l’appel du matin à la prison d’Alcatraz dans les années 30.

Banquier et politicien étranger véreux, hommes d’affaires douteux, vieux copains extradés dans des paradis fiscaux, trafiquants résidants en suisse ou tentés par les casinos, vendeurs de pianos, fils de Pasq.. (pardon ça m’a échappé), le dictateur est suffisamment entouré d’une masse d’argent par personnes interposées pour que le train de vie de ses conquêtes demeure élevé.

Ce n’est pas la simple réfection d’un escalier qui va le rebuter, ou l’achat complet d’une île, fusse-t-elle au milieu d’une capitale pour compliquer la chose : le dictateur se croit tout permis (de construire, n’importe quoi et n’importe où le plus souvent).

Juridiquement, ce n’est pas un problème non plus car il a une armada de juristes aussi tordus et véreux les uns que les autres ; ils entrent et sortent du palais courbés en deux et ont toujours une brosse en main…..

Un dictateur intelligent (il y en a eu qui avaient oublié de l’être et se sont faits rattraper après par la justice !) n’a pas mis simplement qu’une police en place. Mais aussi une parodie de justice, avec des tribunaux soit expéditifs, soit égarant les dossiers au fond des tiroirs et qui deviennent illisibles avec le temps ou décidant quand ça sent trop le soufre de se transformer en juridiction d’exception. Un truc pareil, ça peut même être marqué dans une Constitution, histoire de faire croire au peuple que ce n’est pas vraiment une dictature.

Et il y a même plus subtil encore. Le gars qui fait croire que, une fois élu, il deviendra une oie blanche, alors qu’il s’arrange pour évincer tous ses concurrents à l’élection suivante, quel que soit son bilan, en enfournant à la pelle des liasses de billets de votes dans les urnes, tout en faisant taire des journalistes ou des juges étrangers un peu trop fouineurs, ou encore en se trouvant un bon vieux ancien président Gouled voire des Français sur le dos desquels mettre toutes les tares et les erreurs de son propre régime.

La lâcheté d’IOG consiste à projeter sur les autres sa propre responsabilité qu’il refuse et fuit…….

Cette espèce-là est la plus dangereuse, car elle a avancé masquée durant bien des années pour atteindre son but.

Les quelques rares gens qui lisent la presse gouvernementale ne voient pas un dictateur, mais un héros national musclé – genre Ismaïl Bobard 3,5 – qui passe son temps parait-il à défendre la veuve, l’orphelin mais surtout son fric.

Mince, vous avez deviné lequel dont je voulais parler.

J’avais donné son nom ?

Bref, une dictature, ça n’apparaît pas comme ça dans un claquement de doigts. Ça se prépare, ça se cajole, ça se bonifie d’année en année jusqu’au jour où c’est prêt.

Et là, il n’y a même pas à réchauffer.

A part que c’est VOUS DJIBOUTIENS qui êtes sur le gril. Même pas le temps de vous retourner : vous êtes déjà cuit, recto, verso et même sur la tranche …

Mais ce qui est bon ailleurs pour l’Afrique… avec le renversement et la fuite de dictateurs doit peut-être bien aussi valable à Djibouti, qui sait…

Ce qui est quasiment certain c’est que « le temps béni des couillonneries » d’Ismaïl Bobard arrive à son terme ! Maladie ou Justice divine….