05/08/09 (B510)  FreeDjibouti -> Le système sanitaire djiboutien aux confins de l’absurdité : de l’idéal de santé publique à un système de « vampirisme » privé.

La corruption est un mal aussi bien du point de vue moral que de celui économique, mais elle est davantage nocive quand elle gangrène le secteur de la santé.

Or, au vu et au su de tout le monde, le système sanitaire djiboutien actuel est en train de se transformer en un véritable fertilisant du sol de la corruption en ceci qu’il est dangereusement hybride : le public y côtoie le privé ou pire, le privé se pratique dans le public. Ce qui se passe aujourd’hui dans les hôpitaux du pays est à la fois déontologiquement répugnant et médicalement catastrophique : des médecins officiant dans le public, rémunérés donc par l’État, s’arrogent le privilège d’officier en même temps dans le privé (dans l’enceinte même de leur lieu de travail : c’est-à-dire l’hôpital). avec des histoires de cliniques privées dont les contours sont totalement nébuleux.

Les principales victimes de cette absurdité sont les populations dont les lésions causées par le secteur de la santé sont les plus profondes et les plus graves que tous les autres dommages causés par les autres secteurs de la vie sociale et politique de notre pays.

L’État djiboutien se voit dépossédé (par la complicité du ministre de la santé) chaque jour davantage de son droit légitime de tirer profit de l’expertise des fils du pays dont la formation a pourtant beaucoup coûté aux contribuables djiboutiens.

Je ne suis pas d’accord avec l’argument selon lequel cette liberté accordée aux médecins d’avoir leur clinique propre est la seule façon de lutter contre le « drain drain » dans le secteur de la santé. Si quelques djiboutiens éduqués, instruits, formés et façonnés par les soins des maigres ressources de leur pays ne sont capables de faire preuve d’aucune résolution de patriotisme et décident souverainement de s’exiler pour aller troquer leur savoir faire ailleurs, je ne crois pas qu’il vaille la peine de chercher si laborieusement à les retenir par cette curieuse trouvaille qu’est l’autorisation des cabinets privés à des gens qui ont choisi d’officier dans le public.

Il faut dire que l’un des grands obstacles à l’essor économique et à l’unité politique de l’Afrique est que nous avons tendance à confondre libéralisme, égoïsme et anarchisme ; aussi, le sacrifice pour le bien public est-il considéré comme un symptôme de déraison.

Ainsi, l’égoïsme outrancier qui régit la conduite actuelle de beaucoup d’agent de santé publique met en marge plusieurs familles pauvres qui n’ont pas les moyens pour se soigner.

Il faudrait employer toutes les forces à d’abord légiférer de manière plus pointilleuse sur le statut des agents de la santé en vue de mieux assainir le secteur et ensuite, proposer l’érection d’une commission d’enquête sur non seulement la prolifération des cliniques privées tenues par des médecins officiant dans le public, mais aussi sur l’état de délabrement moral très avancé que connaît ce secteur.

Les populations sont déjà épuisées par la lutte qu’elles mènent quotidiennement pour assurer les différents repas ; aussi devons-nous nous atteler à les préserver d’un système sanitaire qui laisse la porte ouverte à des méthodes de concupiscence très néfastes pour la prise en charge sanitaire des citoyens.

Certaines lenteurs dans les consultations et dans la prise en charge des patients dans les hôpitaux du pays ne sont pas gratuites : tout ceci entre dans une stratégie de décourager les clients du secteur public pour les orienter indirectement vers le secteur privé (l’après-midi), principalement celui géré par les mêmes médecins et dans leurs lieux de travail du matin.

Les frais de consultation privés s’élèvent jusqu’à 5000 francs Djibouti qui seront partagé entres Les bénéficiaires, c’est-à-dire l’état (2000 pour la location des matériels et des locaux de l’hôpital public) et les médecins (3000).

L’appétit du gain est, sans nul doute, la plus grande source de malheur pour une société.

Le grand Sophocle faisait remarquer dans ce sens que : « jamais n’a grandi chez les hommes pire institution que l’argent. C’est l’argent, poursuit Sophocle, qui détruit les États ; c’est lui qui chasse les citoyens de leur maison ; c’est lui dont les leçons vont séduisant les cœurs honnêtes, leur font embrasser l’infamie. Il leur enseigne tous les crimes, il leur apprend l’impiété qui ose tout. »

Si les médias pouvaient aller dans les couloirs des hôpitaux et dans les cabinets de consultation pour voir et montrer ce qui s’y passe réellement, les Djiboutiens se rendraient compte que même s’il y a quelques individualités dévouées et honnêtes dans le secteur de la santé, il y en a une grande quantité d’agents de santé qui sont en réalité de vils « quarens quem devoret », c’est-à-dire des « cherche quoi dévorer ».

Mais lorsque dans une société humaine la vertu et la déontologie sont universellement bafouées et violées sans scrupule, personne ne doit s’étonner à ce qu’une telle société soit quotidiennement et perpétuellement rongée par la misère et le malaise généralisés.

Le manque de vertu est la racine du mal djiboutien, d’où l’impérieuse nécessité d’un retour à l’orthodoxie et ce, dans tous les domaines de la vie sociale si nous voulons quitter cet état de fausse germination économique dans lequel nous sommes plongés depuis belle lurette. Ce retour à l’orthodoxie dans le système sanitaire doit, à notre avis, consister en une dichotomie nette, sans ambiguïté, entre le public et le privé. Le statut hybride de l’hôpital Peltier est une absurdité, le laisser aller qui se constate dans les hôpitaux de la capitale ne peut plus perdurer :

– il faut plus de rigueur dans l’administration des hôpitaux ainsi que dans le contrôle de la prestation des agents de santé.

– Il faut, peut-être, instituer des primes exceptionnelles de rendement et de performance strictement allouées aux agents dont l’abnégation et la conscience professionnelle peuvent servir de référence.

– Enfin tout simplement la démission du corrompu ministre de la santé.

Cette stratégie d’émulation de la qualité nous semble moins périlleuse et, sans doute, plus efficiente que le fait de tolérer des cabinets privés dans les hôpitaux publics. On ne peut, en aucune façon, garantir une absence de dérives dans un tel système. Les risques sont donc importants au regard du caractère sacré de la vie humaine qui est ici en jeu.

Á ce titre il n’est pas insensé de penser à une unification des départements de la santé, de l’éducation et de la recherche scientifique en un seul grand ministère pour plus de rationalité budgétaire et davantage d’efficience dans la recherche des solutions aux problèmes de santé publique. La passerelle entre éducation, formation et marché de l’emploi n’a jamais été un problème incurable dans un pays qui sait faire dans la standardisation en matière d’option lucide de politique économique et de choix budgétaire.

Il nous faut donc davantage de clarté dans la vision politique et plus de courage pour l’établir : les secteurs de la santé et de l’éducation réunis dans un seul département ; cela fait l’essentiel du budget national et une unité d’action qui pourraient régler beaucoup de problèmes qui sont à cheval entre les deux actuels ministères.

C’est absurde qu’il y ait quelque part, à Djibouti, des médecins qui chôment (bras cassés comme on dit chez nous) ou même qu’il y ait des problèmes de « pratique » pour des étudiants suffisamment abreuvés aux sources de la théorie pure.

L’atomisation des départements ministériels n’est, à notre avis, gage d’aucune efficacité dans le travail gouvernemental. Dans tous les cas de figure il urge de faire quelque chose pour éviter que le service public dans le domaine de la santé se travestisse par des méthodes d’arnaque indignes d’un secteur aussi important dans la vie sociale.

Le contribuable djiboutien mérite plus que le service qui lui réservé actuellement dans les hôpitaux du pays : en plus de la cherté des médicaments, il est astreint à supporter les contrecoups des manœuvres ignominieuses du ministre de la santé surnommé maintenant l’hyène de la santé et de certains agents de la santé publique.

J’ose espérer qu’en dépit de la qualité probablement médiocre de cet article, mes remarques ne manqueront pas de soulever au moins un débat sur la qualité des prestations de service dans le domaine de la santé publique.

Il faut juste rappeler que la santé et l’éducation sont d’une importance telle, que leur libéralisation n’empêche pas qu’elles soient (ou voulu arbitrairement) des domaines où l’autorité de l’État doit toujours être effective et sans la moindre ambiguïté.

Enfin quelle politique du djiboutienne-ment de notre ministre de la maladie……pardon de la santé!

« Quand vous vous noyez et qu’on vous offre comme secours un couteau tranchant, vous vous trouvez dans l’obligation de le saisir » C’est le quotidien du peuple dans sa quête de sa santé.

    FreeDjibouti

freedjibouti@windowslive.com

http://afraissas.over-blog.com